The National Times - En Chine, l'aide à la conduite relance la guerre entre constructeurs

En Chine, l'aide à la conduite relance la guerre entre constructeurs


En Chine, l'aide à la conduite relance la guerre entre constructeurs
En Chine, l'aide à la conduite relance la guerre entre constructeurs / Photo: © AFP

Après les prix, l'aide à la conduite est le nouveau champ de bataille de l'impitoyable marché automobile chinois. Mais un récent accident mortel a freiné l'euphorie autour de ces technologies, dont la Chine est un leader mondial.

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Ces systèmes peuvent assister le conducteur pour diverses tâches: évitement des obstacles, régulation de la vitesse ou encore stationnement, avec pour objectif ultime d'aboutir, d'ici quelques années peut-être, à un véhicule entièrement autonome.

"Il y a dix ans, seulement 15% des clients déclaraient vouloir changer de voiture pour un véhicule plus intelligent. Aujourd'hui, c'est 54%", a déclaré la semaine dernière Giovanni Lanfranchi, vice-président du groupe Zeekr, constructeur chinois de véhicules électriques.

Selon un récent rapport d'AlixPartners, près de 60% des véhicules vendus en Chine l'an passé étaient équipés de systèmes d'aide à la conduite de niveau 2 (où le conducteur garde le contrôle mais bénéficie d'une assistance) ou plus.

"Ces fonctionnalités deviennent un outil clé pour gagner en compétitivité", souligne Yvette Zhang, analyste de ce cabinet de conseil.

Certaines de ces entreprises chinoises utilisent leur propre technologie, comme le constructeur Xpeng ou encore Xiaomi (un spécialiste de l'électronique grand public qui s'est lancé dans l'automobile), tandis que d'autres collaborent avec des géants technologiques comme Huawei.

Ces systèmes se développent également en Europe et en Amérique du Nord, où c'est l'un des grands arguments de vente de Tesla.

Selon une étude d'AlixPartners auprès de centaines de dirigeants automobiles mondiaux, deux tiers des personnes interrogées ont estimé que la Chine est le leader du secteur.

Le géant asiatique a un avantage en matière de "collecte et de traitement des données, ainsi que d'abondance d'ingénieurs spécialisés dans les logiciels et en apprentissage automatique", indique le rapport.

- "Publicité mensongère" -

L'aide à la conduite alimente en outre la guerre des prix, qui fait rage en Chine dans le secteur automobile.

En février, le mastodonte chinois des véhicules électriques BYD a ainsi annoncé qu'il déploierait son système de conduite "God's Eye" sur la quasi-totalité de ses modèles, y compris d'entrée de gamme.

Mais un accident mortel survenu en mars et impliquant une Xiaomi SU7, qui circulait en mode conduite assistée avant l'impact, a bouleversé le secteur.

Le drame, qui a coûté la vie à trois étudiantes, a relancé les interrogations sur la sécurité et sur les affirmations des marques présentant leurs véhicules comme capables de "conduite autonome".

"La guerre des prix est si intense que les entreprises cherchent désespérément des moyens de se différencier", déclare Tom Nunlist, analyste du cabinet Trivium China.

"La question, c'est de savoir si les constructeurs ont fait des promesses excessives sur les fonctionnalités et ont commercialisé des produits trop rapidement, dans le seul but de remporter cette bataille commerciale."

Le ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'Information semble partager ces préoccupations.

Après l'accident, il a convoqué une réunion, notamment avec les principaux constructeurs, pour indiquer que les règles de sécurité seraient désormais appliquées plus strictement.

Le ministère les a notamment enjoint de tester avec minutie leurs systèmes et de "s'abstenir de toute publicité exagérée ou mensongère".

- Profil bas -

"C'est un virage à 180 degrés par rapport à il y a encore deux mois. Les constructeurs automobiles mettent désormais moins l'accent sur la conduite autonome et privilégient la sécurité", affirme dans une note Paul Gong, de UBS.

Un changement de cap manifeste la semaine dernière au salon automobile de Shanghai.

"La sécurité est la valeur suprême", affirmait BYD sur son stand.

Sur celui de Xiaomi, les panneaux d'information présentaient les choix de couleurs et les caractéristiques techniques du SU7 - le modèle impliqué dans l'accident mortel. Mais l'AFP n'y a trouvé aucune mention de l'aide à la conduite.

"La course marketing autour des fonctions de conduite autonome semble marquer une pause", souligne Paul Gong.

Pour Zhang Yu, directeur général du cabinet shanghaïen Automotive Foresight, l'accident est un "revers" de "marketing", mais le drame peut générer une prise de conscience et favoriser "un développement plus sain" du secteur, déclare-t-il à l'AFP.

La technologie continue de progresser.

Cependant, une voiture véritablement autonome n'est "certainement pas pour tout de suite", affirme Tom Nunlist.

Il prédit "des problèmes encore extrêmement complexes lors des dernières étapes".

S.Ross--TNT