
Biathlon: à Oslo, la dernière danse des frères Boe devant leur public

Des larmes, des rires et des drapeaux rouges à croix blanche et bleue: Johannes et Tarjei Boe, frères et héros du biathlon norvégien, ont fait un dernier tour de piste à Oslo, chez eux, avant de quitter le pas de tir pour toujours.
Durant ce week-end festif, des milliers de Norvégiens sont venus voir une dernière fois leurs idoles, cinq gros globes de cristal pour Johannes et un pour Tarjei.
Ils ne sont pas venus voir la plus belle course de Johannes Boe - il n'a fini que 7e de la dernière mass start de sa carrière avec 4 fautes au tir. Plutôt le jubilé des deux frères.
Une fois les courses terminées et les globes distribuées, Johannes, 31 ans, et Tarjei, 36 ans, se sont montrés vêtus d'une cape à fourrure aux couleurs du drapeau de la Norvège et d'une couronne.
"C'est la fin idéale. On savait depuis toujours qu'on voulait terminer notre carrière ici à Holmenkollen", jubile Johannes Boe, sans exultation, avec l'humilité qu'il a toujours montré au long de sa carrière.
Pour se consacrer à sa famille, notamment ses deux enfants, Johannes a annoncé mi-janvier en larmes qu'il prendrait sa retraite sportive à l'issue de la saison 2025, à domicile sur la colline du Holmenkollen, alors qu'il avait toujours fixé comme horizon les Jeux d'hiver de 2026 à Milan-Cortina.
Son frère a embrayé une semaine plus tard après avoir remporté le sprint d'Antholz (Italie), lui aussi donnant un ultime rendez-vous à ses supporters ce week-end à Oslo.
Au bord de la piste dimanche, les caméras de l'IBU se sont attardées sur les quelques spectateurs et spectatrices lâchant quelques larmes pendant la cérémonie de 45 minutes.
"Je n'oublierai jamais ce moment et la médaille d'or en relais à Oslo en 2016 (lors des Mondiaux, NDLR)", reprend Tarjei, sous les applaudissements de ceux qui s'en souviennent. "Maintenant on fait faire une très grosse fête ici."
- "BoeAthlon" -
Airs d'opéra puis tubes d'Abba, les deux frangins montent sur leurs skis une dernière fois pour une dernière danse et franchissent ensemble une dernière fois la ligne d'arrivée.
Aux abords de la piste, on peut lire "Merci à Johannes et Tarjei. Vous avez transformé le biathlon en +BoeAthlon+ et le podium en +boedium+", ou encore "Ich LieBoe Dich".
"Je suis assez émue. Ces deux frères sont des personnes incroyables, ils prennent soin de tout un sport et lui rendent tant", explique Claudia Thiele-Seldenrijk, une spectatrice sous une banderole "Takk (Merci) Johannes et Tarjei".
Certains sont venus de loin, comme un Américain qui écrit sur une pancarte qu'il a parcouru "5.345 miles depuis Los Angeles pour voir les frères Boe".
D'autres arborent fièrement des tee-shirt à l'effigie des deux frères, natifs de Stryn, sur la côte sud-ouest de la Norvège, et hurlent à chaque passage de Johannes ou de Tarjei.
C'est le cas de Leif Haltbakk, dit "Obélix" en raison de sa carrure imposante et de ses fausses couettes rousses sous son casque de viking, un mordu de biathlon qui n'aurait manqué les adieux des Boe pour rien au monde.
"Je suis triste, les frères Boe vont nous manquer mais je pense que l'équipe norvégienne est tellement dense. La nouvelle génération prendra le relais", espère-t-il.
C.Stevenson--TNT