Olympisme: les sept candidats à la présidence du CIO à l'heure du grand oral
Un grand oral pour marquer sa différence et convaincre: les sept candidats à la présidence du CIO passent jeudi un test crucial face à la centaine de membres de l'instance suprême du sport mondial, pour succéder en mars à Thomas Bach.
"L'exercice est si contraint qu'il ne va pas faire gagner, mais il peut faire perdre", estime auprès de l'AFP Jean-Christophe Rolland, élu au Comité international olympique (CIO) en 2017 et patron de la fédération internationale d'aviron.
Traité partout comme un chef d'Etat, le patron de l'olympisme ne supervise pas seulement l'organisation des JO mais représente "le sport dans son ensemble, donc la façon dont il s'exprime est assez essentielle", explique l'ex-rameur titré aux Jeux de Sydney.
Or, les sept prétendants à la succession de l'Allemand Thomas Bach, 71 ans et qui dirige le CIO depuis 2013, se présenteront jeudi matin face à une assemblée si hétéroclite -mêlant anciens champions, têtes couronnées et personnalités de l'industrie et l'administration sportive-, qu'il leur faudra doser assurance, humilité et sens du consensus.
Les présentations du Français David Lappartient et de ses rivaux se dérouleront en visioconférence et à huis clos, à l'image des règles drastiques de confidentialité imposées au scrutin programmé le 20 mars en Grèce.
- Flou délibéré ou radicalité? -
Mais ils disposeront, à partir de 11H30 (GMT+1), de dix minutes chacun devant la presse, l'occasion d'apprécier l'éventail de leurs stratégies dans une élection "plus ouverte que jamais", selon Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne.
L'ex-nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry, septuple médaillée olympique, s'est délibérément gardée de toute proposition concrète et expliquait lundi lors d'une table-ronde vouloir "marquer une pause" et convier les membres "à une sorte de retraite" pour élaborer une feuille de route collective.
A l'inverse, le Japonais Morinari Watanabe pousse crânement l'idée la plus radicale, celle d'éclater les Jeux d'été dans cinq villes situées sur chaque continent, avec une diffusion continue en streaming, pour multiplier les retombées locales.
Les cinq autres candidats naviguent tous entre constats communs sur les enjeux -sécuriser les revenus olympiques face à l'offre foisonnante de divertissements, intégrer l'impact du réchauffement climatique et de l'intelligence artificielle...-, et priorités distinctes.
L'Espagnol Juan Antonio Samaranch Jr, fils de l'emblématique président du CIO de 1980 à 2001, suggère un remodelage de sa gouvernance et de son modèle économique, alors que le Prince Feisal Al-Hussein, frère du roi de Jordanie, insiste sur "le pouvoir unificateur du sport au service de la paix".
- Les JO-2036 à l'horizon -
David Lappartient, qui dirige à la fois l'Union cycliste internationale (UCI) et le Comité olympique français, se montre d'une prudence digne de Thomas Bach en embrassant tous les sujets tout en esquivant les positions tranchées.
Le dirigeant de 51 ans estime ainsi que les Russes, dont l'hymne et les couleurs sont bannis des compétitions internationales depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, ont "vocation à reprendre une place dans le monde du sport", mais sans préciser dans quelles conditions.
Respectivement patrons de "World Athletics" et de la Fédération internationale de ski, le Britannique Sebastian Coe et le Suédo-Britannique Johan Eliasch ont eux maintenu une exclusion pure et simple des athlètes russes par leurs instances, même sous bannière neutre.
Avec son aura de double champion olympique du 1.500 m mais un âge (68 ans) qui ne lui permettrait pas a priori d'aller au bout d'un mandat, Coe se fixe plutôt comme objectif géopolitique "d'atteindre des marchés inexploités à fort potentiel, en particulier en Afrique et en Asie".
Un signal important alors que la prochaine grande décision de l'instance sera d'attribuer les JO d'été de 2036, pour lesquels l'Inde, l'Afrique du Sud et l'Indonésie sont candidates, avec le Qatar et l'Arabie Saoudite en embuscade.
R.Campbell--TNT