The National Times - Biathlon: l'hiver de la maturité pour Lou Jeanmonnot

Biathlon: l'hiver de la maturité pour Lou Jeanmonnot


Biathlon: l'hiver de la maturité pour Lou Jeanmonnot
Biathlon: l'hiver de la maturité pour Lou Jeanmonnot / Photo: © AFP

L'hiver est souvent long en biathlon et Lou Jeanmonnot le sait très bien. La Française de 26 ans espère en tirer profit afin que sa troisième saison complète dans la cour des grandes soit celle du sacre.

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La native de Pontarlier (Doubs) a débuté l'hiver comme favorite, un statut qu'elle n'avait jamais connu jusqu'ici. Une nouvelle envergure qu'elle considère parfois comme un poids.

"Je n'ai pas eu souvent un maillot de couleur, que ce soit jaune (leader du général) ou rouge (leader de la discipline). Mais les dernières fois où je l'ai eu, je n'ai pas fait de belles courses avec. Je ne suis pas super à l'aise avec l'impression d'être regardée. Je suis plus à l'aise fondue dans la masse", témoigne Jeanmonnot auprès de l'AFP.

Un déclic a eu lieu sur l'individuel à Ruhpolding, en Allemagne, où elle partait avec le dossard rouge.

"Juste avant la course, j'étais stressée. J'avais un tir debout chaotique. Tout mon stress partait dedans. J'en ai parlé à Cyril (Burdet, entraîneur des femmes, NDLR), qui m'a dit +oublie la gestion en début de course, évacue ton stress sur les skis+", confie la Doubiste.

Résultat ? Un 20/20 au tir, une bonne glisse au ski et une deuxième victoire de rang.

"Cette saison, j'ai l'impression que j'apprends mentalement à jouer", assure la jeune Française aux nombreux tatouages sur le bras gauche.

Depuis l'ouverture de la saison à Kontiolahti (Finlande), Jeanmonnot rend coup pour coup à l'Allemande Franziska Preuss, leader au général avec 142 points d'avance.

- "Toujours les mêmes erreurs" -

"Confiant ? Non, mais optimiste", prédit le directeur sportif du biathlon français Stéphane Bouthiaux. "On a vu que Lou avait la capacité de finir très bien les saisons. Ce n'est pas encore le cas de Franziska jusqu'ici", souligne-t-il.

En fin d'hiver dernier, Lou Jeanmonnot était montée sur le podium des six dernières courses individuelles et avait remporté l'ultime, la mass start de Canmore, au Canada, pour finir à 23 points seulement de la lauréate du gros globe de cristal, l'Italienne Lisa Vittozzi.

Avec une pointe de regret sans doute, quand on se souvient qu'une infection au Covid-19 en décembre l'a privée de deux courses et de précieux points.

"J'ai bien fini parce-que j'étais complètement libérée de l'enjeu. Là, c'est différent. Ca va être stressant. Presque angoissant. Il y a des choses qui vont pouvoir peut-être me tétaniser", affirme sans se cacher la jeune Française.

"Je pense que le fait de savoir que je peux jouer devant m'a fait déjà faire quelques contre-performances depuis le début de saison: le sprint à Hochfilzen (Autriche), le passage au Grand-Bornand (Haute-Savoie)", énumère-t-elle.

- "Appréhension" -

Dernier exemple en date: la mass start à Ruhpolding dimanche. Lou Jeanmonnot jouait la gagne avec un sans-faute jusqu'au dernier tir debout, au cours duquel elle a manqué deux cibles, laissant Preuss prendre le large au général.

"J'ai pensé au résultat, qu'il fallait absolument que je parte avec le plein alors qu'il fallait être dans le tir. C’est fatal à chaque fois, c'est toujours les mêmes erreurs. C'est rageant", a-t-elle reconnu a posteriori.

Pour verbaliser et évacuer ce stress, la biathlète travaille depuis trois saisons avec une psychologue du sport, avec qui elle évoque son "appréhension personnelle de la course, du public, des enjeux médiatiques".

Elle aura l'occasion de se rattraper dès jeudi à Antholz (Italie), où se dérouleront les Jeux olympiques d'hiver l'an prochain. Elle assure ne pas trop y penser, à peine à "5 ou 10%", restant plutôt concentrée sur sa fin de saison.

"En revanche, psychologiquement, j'ai l'impression que je dois me qualifier parce qu'on n'est que quatre à pouvoir y aller. Le niveau est tellement dense en équipe de France", analyse humblement Jeanmonnot.

L.A.Adams--TNT