Carnet de bord du Vendée Globe: "Tout s'arrange" pour Samantha Davies
Après des premiers jours de navigation difficiles dans l'Atlantique Nord, la Britannique Samantha Davies (Initiatives Coeur) a refait une bonne partie de son retard sur l'avant de la flotte du 10e Vendée Globe.
A l'approche de l'imprévisible Pot-au-Noir, elle évoque mardi, dans le deuxième épisode de son carnet de bord pour l'AFP, la "petite pause bienvenue" du week-end, liée aux faibles conditions de vent, qui lui a permis de repasser à l'attaque.
"Aujourd'hui, je suis bien moins épuisée qu'au départ. Après quelques jours de vent très faible, cela revient doucement et je suis contente de retrouver de la brise. J'ai échappé aux gros grains qui ont secoué pas mal de concurrents... bon j'en ai traversé quelques-un, mais ce n'était pas l'enfer non plus.
"Cette période de temps calme m'a donné une petite pause bienvenue. J'en ai profité pour bricoler, faire un peu d'entretien et franchement me reposer. Le départ a été plus intense que d'habitude, entre l'émotion et le stress accumulé sur trois semaines de village.
"Il m'a fallu un peu de temps pour m'amariner et rentrer dans le rythme. Maintenant, je dors mieux, je mange bien et mon pilote automatique fait vraiment bien le job. Je peux le laisser barrer le bateau en toute confiance, ce qui est un gros soulagement.
"Le début de la course n'a pas été simple pour moi. Ce n’était pas vraiment un problème de vitesse, mais plutôt de positionnement. J'ai pas mal navigué +à l’envers+ par rapport aux forces de mon bateau. C'était frustrant, mais je m’en sors plutôt bien au final.
"J’ai opté pour une route moins extrême, ni à fond à l'ouest, ni à fond à l'est, peut-être un peu moins rapide. Mais au bout du compte, je n’ai pas fait tant de milles que ça et je crois que c'est la bonne stratégie pour ne pas me cramer et usé le bateau. Tout s'arrange.
"Ces derniers jours, j'ai beaucoup navigué à côté de Clarisse (Crémer). J'étais contente d'être juste à côté d'elle. C'est mieux que de se retrouver dans un groupe de cinq bateaux qui se tirent la bourre, c'est plus usant. Un seul, c'est parfait pour ne pas se sentir trop isolée. On a croisé deux fois. Une fois je passe derrière, une fois je passe devant. Ce n’est pas toujours facile de communiquer, mais on se donne des nouvelles par WhatsApp de temps en temps.
"On a un groupe de discussions avec les filles engagées sur le Vendée Globe, on se partage des blagues, on parle de tout sauf de la course, et on rigole bien.
- Le Pot-au-Noir ? "Je n'ai pas vraiment d'appréhension" -
"J'arrive à dormir plutôt facilement en ce moment. Je dors par petites périodes de 40 à 60 minutes, selon les moments. La nuit, le corps récupère mieux, donc c’est là où j'essaye de maximiser mon temps de sommeil, même si c'est plus ou moins facile selon les conditions.
"Je n’ai pas vraiment d'appréhension par rapport au Pot-au-Noir, c’est un passage obligé, que je connais bien maintenant (elle en est à son 4e tour du monde, NDLR), donc je reste zen. Comme disait Jean-Yves Bernot (météorologue français spécialisé dans la course au large, NDLR), il ne faut pas essayer de gagner sur tes concurrents dans cette zone, il faut surtout tout faire pour ne pas perdre de terrain.
"Depuis plusieurs jours, je travaille mes trajectoires pour optimiser ce passage. Même ma trajectoire choisie depuis Madère a été influencée par le Pot-au-Noir. C’est une zone de prévisions assez incertaines, donc il faut faire attention aux orages qui se développent très rapidement. En fin de compte, on subit un peu. L'essentiel est d'avoir bien récupéré avant d’y entrer, et de ce côté-là c'est fait."
Témoignage recueilli par François d'Astier
A.M.James--TNT