Jeux paralympiques: Arthur Bauchet, champion fait pour "skier plus que marcher"
Le skieur alpin Arthur Bauchet, double champion paralympique de descente et de super combiné à Pékin, s'inscrit à 21 ans comme l'une des vedettes de l'équipe de France aux Jeux, où il compte bien encore "tout donner".
Deux titres paralympiques, "c'est fou!". Avec un enthousiasme débordant et un sourire qui ne le quitte presque jamais, Arthur Bauchet savoure sa victoire lors du super combiné lundi, deux jours après celle en descente .
Il y a quelques semaines, il l'admettait à l'AFP, il "n'en pouvait plus" d'attendre Pékin, ses deuxièmes jeux à 21 ans.
Lui qui concourt en catégorie debout a déjà décroché voici quatre ans, à Pyeongchang, quatre médailles d'argent en cinq courses (descente, super combiné, Super-G, slalom) à 17 ans.
"J'ai l'impression que c'était hier. Je m'en rappelle plus que ce que j'ai fait il y a trois semaines", se souvient le natif de Grimaud, dans le Golfe de Saint-Tropez, tombé dans le ski petit.
"J'ai la chance d'avoir de super parents qui nous ont emmenés, mon frère et moi, tous les week-ends à Serre Chevalier (Hautes-Alpes). Pour dire à quel point ils sont fous, je crois qu'on a manqué deux week-ends pendant presque 10 ans."
- Handicap invisible -
Enfant, Arthur Bauchet doit aussi découvrir et composer avec sa maladie, appelée paraparésie spastique. "Un nom un peu barbare pour une maladie un peu barbare", neurologique et qui touche la moelle épinière et le dessous de ses genoux.
Après des années d'inconnue, durant lesquelles les douleurs s'intensifient au point de ne presque plus pouvoir marcher pendant un an car "mes jambes tiraient tellement que ça me bloquait tout le dos", le diagnostic tombe en 2014.
"Certaines personnes disaient que c'était dans ma tête et quand tu as 14 ans, tu te dis non, ce n'est pas moi qui m’inflige ça."
Si le handicap est "invisible", il implique "des mouvements incontrôlés (spasticité) dans les jambes, les mollets, les quadriceps", allant jusqu'à donner de vives douleurs, notamment en fin de courses.
"Plusieurs fois durant les mondiaux (à Lillehammer en janvier, NDLR), je suis tombé après la ligne d'arrivée. Mon mental arrive à compléter en fin de manche. Puis après je ressens juste mes jambes qui me portent moyennement." Ce qui ne l'avait pas empêché de ramener deux titres de champion du monde.
- Début de carrière rêvé -
Mais le ski est aussi un moyen de le soulager. La chaussure lui permet de garder son pied en position d’étirement, ce qui "aide mes muscles à ne pas trop se raidir".
"Un médecin m’a sorti que j’étais presque fait pour skier et non marcher", plaisante l'étudiant en physique-chimie, qui ajoute: "C'était le meilleur sport que je pouvais faire."
Ce n'est pas son palmarès qui le contredira. Un an après avoir recommencé à marcher, il dispute ses premières courses internationales en 2016.
S’ensuivent sept titres de champion du monde, quatre gros globes de classement général de Coupe du monde (2019, 2020, 2021, 2022) et entre temps les Jeux de Pyeongchang.
"Chaque année il y a un peu plus de victoires que l'année précédente, c'est un début de carrière rêvé jusqu'ici."
Le rêve se poursuit à Pékin avec ses deux premiers titres olympiques.
"Entendre la Marseillaise, tout le monde vient pour ça", clamait-il samedi après la descente.
Et il reste encore deux courses au programme: le géant jeudi et le slalom samedi.
"Je suis venu là pour donner tout ce que j’ai à chaque course. Sur les dernières, je ferai avec ce qui me reste. Je finirai sur les rotules ces Jeux, mais au moins, j’aurais tout donné !"
Après tout, pas besoin de jambes pour se porter quand on est sur un petit nuage.
R.Evans--TNT