Retour à l'école pour 12 millions d'élèves, sans masque mais sur fond de pénurie d'enseignants
Pas de masques mais une crise du recrutement d'enseignants: quelque 12 millions d'élèves français ont repris jeudi le chemin de l'école dans un climat d'inquiétude face au manque de professeurs, même si le gouvernement a promis que la rentrée allait "bien se passer".
Après deux mois de vacances, écoliers (6,5 millions), collégiens (3,4 millions) et lycéens (2,2 millions) ont commencé jeudi matin à retrouver leurs copains, faire connaissance avec leurs professeurs et découvrir leur emploi du temps.
"T'es en quelle classe toi?", demande une enfant en sweat blanc et cartable rose dans la grande cour intérieure du collège Nina-Simone à Lille. Regroupés dans la cour, les enfants échangent quelques mots ou restent près de leurs parents, écoutant le discours de la proviseure dans ce collège d’environ 500 élèves où seuls les sixièmes effectuent leur rentrée jeudi matin.
Contrairement aux deux rentrées précédentes, enseignants et élèves ne portent pas le masque pour cette rentrée, en raison de l'accalmie sur le front du Covid-19. Il y a deux ans, collégiens et lycéens avaient dû le mettre. L'an dernier, c'était le cas de tous les élèves à partir du CP.
- "On croise les doigts" -
A Lyon, devant l'école élémentaire Aristide-Briand, Guillermo Feo, 38 ans, père d’un élève de CP, se réjouit: "Pour les enfants c’est un soulagement de ne pas porter de masque. Les enseignants n’en portent pas non plus et ça va bien faciliter la communication".
La rentrée a lieu cette année sous le sceau de la crise du recrutement des enseignants. Un phénomène qui n'est pas nouveau mais qui s'est encore aggravé cette année, avec plus de 4.000 postes non pourvus aux concours dans le pays, sur 27.300 postes ouverts dans le public et le privé (et 850.000 enseignants au total).
"On a évidemment voulu qu’il puisse y avoir un enseignant devant chaque élève pour cette rentrée. Et c'est forcément une angoisse pour les parents de se poser la question de savoir si ce sera le cas", a déclaré jeudi la Première ministre Elisabeth Borne sur France Inter.
"Je ne vais pas vous dire qu’il ne peut pas y avoir un cas", avec "des ajustements dans les jours qui viennent", a-t-elle reconnu. "Mais en tout cas, je pense que cette rentrée, elle va bien se passer".
"On ne veut pas revivre les non-remplacements d'absence de l'an dernier, ça a trop porté préjudice aux élèves. Pour l'instant, ça va dans notre école, tous les enseignants sont là. On croise les doigts", confie une enseignante de CP en Seine-Saint-Denis.
- "Une rentrée explosive" -
Le ministre de l'Education Pap Ndiaye a promis, ces derniers jours, que même si les conditions "ne sont pas optimales", la rentrée serait "comparable à celle de l'année dernière", "avec un professeur devant chaque classe".
Pour pallier la pénurie d'enseignants, l'Education nationale a recruté des enseignants contractuels - 3.000 selon Pap Ndiaye - formés en quelques jours avant de se retrouver face à une classe.
Mais les inquiétudes sont vives du côté des parents d'élèves comme des syndicats.
Les parents redoutent "une rentrée explosive", indique à l'AFP Nageate Belahcen, co-présidente de la FCPE, première fédération de parents d'élèves. "Les enseignants absents non remplacés, les contractuels pas assez formés ou les maths au lycée... Les familles sont angoissées", dit-elle.
Les syndicats eux dénoncent "un bricolage" face aux recrutements des contractuels durant l'été.
"La promesse d'un professeur devant chaque élève semble plus ressembler à un slogan politique qu'à la réalité", a déclaré cette semaine Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. Ce syndicat a lancé le mot-clé #NotreVraieRentrée pour recueillir des témoignages au sein des établissements.
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F.Adams--TNT