Course vers Downing Street : la préférée des sondages attaquée par ses rivaux
Les attaques se sont multipliées jeudi contre Penny Mordaunt, secrétaire d'Etat quasi inconnue mais en pleine ascension dans la course pour remplacer le Premier ministre britannique Boris Johnson, alors qu'un deuxième vote dans la journée doit éliminer au moins un des six candidats encore en lice.
Une semaine après l'annonce de la démission de Boris Johnson, emporté par des départs en cascade au sein d'un gouvernement lassé par les scandales, Mme Mordaunt, ancienne ministre de la Défense de 49 ans, battrait tous ses rivaux dans un duel final, selon un sondage YouGov.
Les candidats encore en lice pour succéder au Premier ministre en septembre devaient être auditionnés à huit clos jeudi par les députés conservateurs, qui votent en fin de journée pour continuer l'écrémage des prétendants.
A l'issue d'un premier tour mercredi, l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak -dont la démission le 4 juillet avait contribué à déclencher l'hémorragie au sein de l'exécutif- est arrivé en tête, suivi par Penny Mordaunt devant la ministre des Affaires étrangères Liz Truss.
- Anti-woke -
Si à la droite du parti, on s'était jusque-là contentés d'attaquer Rishi Sunak, certains dénonçant un "socialiste" responsable de la chute de Boris Johnson, c'est vers Penny Mordaunt que les coups partent désormais.
Dans une campagne au vitriol, certains Tories l'accusent d'avoir des positions trop "woke" en ayant déclaré que "les femmes trans sont des femmes" quand elle était secrétaire d'Etat à l'Egalité.
Une position qui passe mal chez les conservateurs même si Penny Mordaunt a complètement changé son discours depuis qu'elle est candidate, tentant même une blague transphobe lors de son meeting de lancement mercredi.
"Je crois que c'est Margaret Thatcher qui avait dit que tout le monde avait besoin d'un Willie (Whitelaw, le numéro 2 de l'ancienne Première ministre). Une femme comme moi n'en a pas", a-t-elle affirmé sous les éclats de rire. En anglais, "willy" signifie aussi pénis.
David Frost, l'ancien négociateur du Brexit, en a rajouté une couche en remettant en question ses qualités professionnelles quand elle travaillait pour lui.
"On ne pouvait pas toujours compter sur elle, elle n'était pas visible, parfois elle n'était même pas là", a-t-il lancé sur la chaîne Talk TV, émettant de "sérieuses réserves" sur sa capacité à diriger le pays.
Certains conservateurs la voit malgré tout comme la meilleure option pour tourner la page des scandales, contrairement à Rishi Sunak et Liz Truss, vus comme deux poids lourds de l'ère Johnson.
Les autres candidats encore dans la course sont le député Tom Tugendhat, la conseillère juridique du gouvernement (Attorney General) Suella Braverman et l'ex-secrétaire d'Etat à l'Egalité Kemi Badenoch.
D'autres scrutins sont prévus la semaine prochaine pour arriver à deux finalistes avant les vacances parlementaires le 22 juillet. Ils devront ensuite être départagés par les adhérents du parti -160.000 votants lors de la dernière élection interne de 2019. Le résultat est attendu le 5 septembre.
- Truss se lance -
Autre candidate sérieuse, la cheffe de la diplomatie Liz Truss a lancé jeudi formellement sa campagne. Elle qui n'a pas quitté le gouvernement malgré les démissions en cascade la semaine dernière a rallié à sa cause les fidèles du Premier ministre déchu.
"Je vais faire campagne telle une conservatrice et je gouvernerai telle une conservatrice", a scandé la candidate de 46 ans, affirmant être "prête à être Première ministre".
Ses soutiens espèrent qu'elle va bénéficier du report de voix de deux candidates marquées elles aussi à droite et toujours en lice: Kemi Badenoch et Suella Braverman.
De son côté, l'ancien ministre de la Santé Jeremy Hunt, éliminé mercredi à l'issue du premier scrutin, a lui décidé de soutenir Rishi Sunak, expliquant que l'ancien ministre des Finances était "l'une des personnes les plus correctes, droites et intègres" qu'il connaisse en politique.
Rishi Sunak, 42 ans, cultive une image lisse mais a été critiqué en raison de sa fortune et du statut fiscal de sa richissime épouse. Ses détracteurs l'accusent aussi de ne pas en avoir fait assez pour soulager les ménages étranglés par la crise du coût de la vie alors que l'inflation bat des records, à 9,1% en mai.
Trois débats télévisés sont prévus dans les prochains jours.
T.Ward--TNT