Succession de Boris Johnson: l'un des favoris renonce
L'un des favoris dans la course pour succéder au Premier ministre britannique Boris Johnson, son ministre de la Défense Ben Wallace, a décidé de ne pas se présenter, laissant pour l'heure Rishi Sunak seul poids lourd déjà dans l'arène.
Deux jours après l'annonce de la démission de Boris Johnson, 58 ans, terrassé par un trop-plein de scandales, ses potentiels successeurs font peu à peu part de leurs intentions dans la compétition qui va s'ouvrir pour le remplacer à la tête du parti conservateur et donc à Downing Street, les Tories étant majoritaires à la Chambre des Communes.
Malgré de nombreux soutiens, "j'ai pris la décision de ne pas entrer dans la course", a écrit Ben Wallace sur Twitter, expliquant qu'il voulait se concentrer sur sa tâche actuelle et "assurer la sécurité du pays".
Vendredi, l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak, 42 ans, a été le premier prétendant d'envergure à lancer sa candidature, dans une vidéo particulièrement léchée, au point d'alimenter suspicions de candidature préparée de longue date et de trahison.
Dans ce clip qui a fait sept millions de vues samedi, Rishi Sunak promet de "restaurer la confiance", "reconstruire l'économie et réunifier le pays".
Faisant longtemps figure de favori pour entrer à Downing Street si Boris Johnson chutait, Rishi Sunak s'était trouvé nettement affaibli il y a quelques mois après la révélation de l'avantageux statut fiscal dont bénéficiait sa richissime épouse, qui lui permettait d'éviter de payer au fisc britannique des impôts sur ses revenus à l'étranger.
Il avait aussi pâti d'une réponse jugée insuffisante dans l'opinion face à la crise du coût de la vie, dans un Royaume-Uni en proie à une inflation au plus haut depuis 40 ans (plus de 9%).
L'annonce de sa candidature, à laquelle plusieurs députés se sont immédiatement ralliés, a semble-t-il créé un rebond: un sondage vendredi pour Channel 4 auprès de 493 membres du parti le donne candidat préféré des conservateurs (25%), devant la ministre des Affaires étrangères Liz Truss (21%).
- "Platitudes et rhétorique vide" -
L'état du parti laisse augurer une compétition très ouverte, dans laquelle la secrétaire d'Etat au commerce extérieur Penny Mordaunt et l'ancien ministre de la Santé Sajid Javid font figure de sérieux concurrents. Mais aucun d'entre eux ne s'est encore déclaré.
Rishi Sunak avait été l'un des premiers quitter le gouvernement mardi soir, apparemment sans même en prévenir Boris Johnson, avec Sajid Javid. Ces deux démissions quasi-simultanées avaient déclenché une hémorragie politiquement fatale au héros du Brexit.
Plusieurs autres candidats aux chances de succès bien moindres se sont jetés dans la course à la succession.
L'ancienne secrétaire d'Etat à l'Egalité Kemi Badenoch a appelé au changement et souligné que l'opinion était "épuisée par les platitudes et la rhétorique vide".
Elle rejoint ainsi Suella Braverman - attorney general, chargée de conseiller juridiquement le gouvernement - et Tom Tugendhat - président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères.
- Relèvement des seuils -
Jusqu'à une quinzaine de candidatures sont anticipées au total.
Face à la perspective d'un tel afflux, un relèvement du nombre de parrainages et de votes requis dans la première partie du processus de désignation est envisagé, a expliqué sur Times radio Geoffrey Clifton-Brown, trésorier du Comité 1922, chargé de l'organisation interne du parti. Et ce afin que les deux finalistes puissent être connus d'ici deux semaines, avant la trêve parlementaire estivale qui commence le 22.
Le vote des adhérents du parti conservateur - 160.000 votants lors de la dernière élection interne de 2019 - pour les départager interviendrait d'ici à la rentrée, selon le scénario qui semble se détacher dans la presse britannique.
Le bureau exécutif du Comité 1922 doit être renouvelé lundi. C'est lui qui fixera les règles et le calendrier.
En annonçant sa démission jeudi, Boris Johnson a indiqué qu'il comptait rester à Downing Street jusqu'à ce qu'un nouveau chef du parti soit élu, de nombreuses voix s'élevant pour exiger son départ immédiat et la mise en place d'un intérim.
Quel qu'il soit, le prochain locataire de Downing Street devra affronter une foule de sujets difficiles, entre crise du pouvoir d'achat, Ukraine ou encore l'épineux dossier de l'Irlande du Nord dans l'après Brexit.
W.Baxter--TNT