Borne poursuit les tractations, l'Histoire en marche à l'Assemblée
Elisabeth Borne poursuit mardi ses tractations pour éviter les blocages en l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale où, pour la première fois de l'histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, doit accéder à la présidence de la chambre basse.
Après ses premières consultations la veille avec les présidents de groupes de la majorité, Aurore Bergé (Renaissance), Jean-Paul Mattéi (Modem) et Laurent Marcangeli (Horizons), la Première ministre entre dans le dur en rencontrant à tour de rôle les chefs des groupes LR, socialiste, communiste et écologiste de l'Assemblée.
Dans une lettre qu'elle leur a adressée lundi, la Première ministre prend acte de leur refus "d'entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d'accord global avec le groupe majoritaire" mais ajoute qu'elle souhaiterait cependant "approfondir notre discussion pour mieux identifier les points essentiels de convergences et de désaccords".
Une idée balayée à nouveau par Olivier Marleix (LR), premier à être reçu à Matignon mardi matin.
"On lui a redit qu'il n'était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu'on était là pour essayer de trouver des solutions. On va avoir un certain nombre de textes sur lesquels je pense qu'on doit pouvoir travailler ensemble, comme la question du pouvoir d'achat", a-t-il insisté sur le perron.
Essayer de trouver des compromis au cas par cas donc ce qui, selon M. Marleix, "va être plus ou moins facile selon les sujets. Et ça dépendra à terme de la capacité d'écoute de l'exécutif. Là on est vraiment dans quelque chose à inventer parce que l'exécutif n'a pas beaucoup écouté le Parlement depuis cinq ans. Aujourd'hui la Première ministre a fait preuve d'une vraie volonté de nous écouter, c'est plutôt de bon augure".
- Darmanin tend la main -
Même message du président LR du Sénat Gérard Larcher qui a souligné de "vraies différences" avec LREM en réponse au ministre de l'Intérieur Gérarld Darmanin, ex-LR, qui fait du pied à la droite en estimant que la majorité était "d'accord sur l'essentiel avec les députés LR".
Les prochains chefs de groupe attendus à Matignon sont Boris Vallaud (PS) à 19H00 et Julien Bayou et Cyrielle Chatelain (EELV) à 20H00.
Mercredi, Mme Borne recevra successivement André Chassaigne (PCF) à 08h30, Mathilde Panot (LFI) à 16h00 puis dans la foulée la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen.
Un décret du chef de l'Etat convoquant le parlement en session extraordinaire et fixant les textes qui seront examinés est attendu "dans les prochaines heures", précise la lettre de Mme Borne, évoquant les mesures en faveur du pouvoir d'achat et le projet de loi de finance rectificative.
La Première ministre, qui dirige mardi une réunion sur le Covid-19 en visioconférence avec les préfets et les directeurs des agences régionales de santé, évoque aussi le projet de loi "maintenant provisoirement un dispositif de veille et de sécurité sanitaire" face au rebond des cas.
Emmanuel Macron, à Madrid mardi pour le sommet de l'Otan, a dit à l'AFP attendre à son retour jeudi soir des propositions "pour une feuille de route" et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet.
La question du maintien de Damien Abad dans ce gouvernement se pose, alors qu'une plainte pour tentative de viol a été déposée contre le ministre déjà visé par d'autres accusations d'agressions sexuelles. Il a annoncé en retour une plainte pour dénonciation calomnieuse.
- "Il était temps" -
Les députés lancent officiellement mardi la 16è législature mardi, avec l'élection à partir de 15H00 de la présidence de l'Assemblée nationale.
Les macronistes devraient, sauf surprise, faire élire au perchoir l'une des leurs, Yaël Braun-Pivet, qui serait la première femme à occuper ce poste, seule une majorité relative suffisant en cas de 3e tour.
Une femme au perchoir "il était temps", a estimé Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée entre 2002 et 2007, sur BFMTV.
L'éphémère ministre des Outre-Mer (un mois), qui a quitté le gouvernement ce week-end, devrait succéder à Richard Ferrand (LREM), battu au second tour des législatives.
Les différents groupes parlementaires, a priori 10 avec le nouveau groupe "Utiles", ont par ailleurs jusqu'à 18H00 pour se déclarer officiellement et remettre la liste de leurs membres, ce qui permettra enfin à la majorité et à l'opposition de se compter.
Dans les jours à venir, seront attribués les présidences des principales instances de l'institution, donc la commission clef des Finances jeudi, que se disputent la Nupes et le RN pour une bataille qui promet d'être acharnée.
Le président LR du Sénat Gérard Larcher a indiqué mardi dans le Parisien qu'il "ne souhaite pas que des députés LR soutiennent le RN. Au sein de la Nupes, le groupe LFI soutiendra la candidature de son député Éric Coquerel face notamment à la PS Valérie Rabault au profil plus consensuel.
F.Jackson--TNT