
Gaza au coeur de la visite d'Emmanuel Macron au Caire

Emmanuel Macron a entamé lundi une série d'entretiens au Caire pour soutenir le plan arabe pour Gaza face aux ambitions contestées de Donald Trump, avant un volet plus humanitaire pour appeler à la levée du blocus de l'aide destinée au territoire palestinien.
Le président français, qui prône une reprise du cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a été reçu lundi matin par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. La veille, les deux dirigeants avaient déambulé et dîné dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ce que l'Elysée a salué comme une marque "d'amitié" exceptionnelle de la part du raïs.
Ils doivent être rejoints à la mi-journée par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.
Pour la diplomatie française, c'est une manière d'afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain, et de montrer que Paris et ses partenaires arabes "travaillent sur des solutions concrètes". D'autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan encore dans les limbes, sera reçu le même jour à la Maison Blanche.
Début février, juste après son retour au pouvoir, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient".
Pour cela, ses 2,4 millions d'habitants pourraient être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, à partir de la bande de Gaza voisine. Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé en représailles une offensive destructrice. Après une trêve de deux mois, les opérations militaires israéliennes ont repris le 18 mars, constituant selon Emmanuel Macron un "retour en arrière dramatique".
"L'Egypte est au cœur de tous les efforts visant essentiellement à atteindre la désescalade ou un cessez-le-feu ou un arrêt complet des tirs entre Israël et le Hamas", relève Mohamed Marei, directeur de l'Observatoire égyptien, affilié au Centre égyptien de réflexion et d'études stratégiques.
- Etape symbolique -
La France va réaffirmer son "opposition aux déplacements forcés de populations" et exprimer son soutien au plan arabe conçu comme une réponse au plan Trump, a dit la présidence française.
Cette initiative, préparée par l'Egypte, prévoit de reconstruire la bande de Gaza sans déplacer les Gazaouis.
Paris estime toutefois qu'il faut "encore renforcer" ce plan, notamment sur "la sécurité" et la "gouvernance" du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l'Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige le territoire depuis 2007.
Emmanuel Macron veut aussi évoquer avec ses homologues "la nécessaire définition d'une sortie de crise politique fondée sur la solution à deux Etats", israélien et palestinien, estimant que les pourparlers pour un cessez-le-feu et une reprise de l'aide sont aujourd'hui bloqués par l'absence de perspective pour l'avenir de la région, selon l'Elysée.
Il coprésidera en juin à l'ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur ce sujet. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le "moment opportun" que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.
Mardi, le président français se rendra dans la ville égyptienne d'al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de Rafah par lequel est censée passer l'aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis mars.
Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à "la réouverture des points de passage pour l'acheminement de fret humanitaire à Gaza", a fait savoir la présidence française.
Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l'aide, il va rencontrer des personnels d'ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des "bénéficiaires" palestiniens de l'action humanitaire, selon la même source.
La quasi-totalité des Gazaouis ont été déplacés au moins une fois par les combats et vivent dans un territoire dévasté et assiégé.
Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.
P.Sinclair--TNT