
Au Groenland, des élections municipales à l'ombre des menaces de Trump

Les Groenlandais votent mardi pour élire leurs conseils municipaux, un scrutin parasité par le souhait de Donald Trump d'annexer leur île, un territoire autonome danois.
Trois semaines après des élections législatives marquées par une victoire du centre-droit et une poussée des indépendantistes, les électeurs de ce territoire de 57.000 habitants sont à nouveau appelés aux urnes au terme d'une campagne essentiellement en ligne.
Ces élections, dont la date a été fixée au début de l'année, "ne concernent pas l'avenir du Groenland, le sujet c'est l'école et des questions locales", rappelle la chercheuse Signe Ravn-Højgaard auprès de l'AFP.
Mais elles "restent dans l'ombre des législatives" du 11 mars et au menu de la campagne "ont également figuré les thèmes de la santé, du logement, du développement du tourisme ou des activités minières", note-t-elle.
Avec en toile de fond les appétits américains pour le territoire.
"Soyons clairs : les Etats-Unis n'obtiendront pas le Groenland. Nous n'appartenons à personne d'autre. Nous décidons de notre propre avenir", a réagi sur Facebook le nouveau Premier ministre groenlandais Jens-Frederik Nielsen.
A Copenhague, le chef de la diplomatie danoise Lars Løkke Rasmussen a quant à lui critiqué le "ton employé" par les Américains après une virulente attaque du vice-président JD Vance sur la supposée inaction du Danemark dans cette île arctique.
- Municipalités géantes -
Les observateurs seront attentifs aux scores des deux partis arrivés en tête des législatives.
Le premier, les Démocrates, que préside M. Nielsen, est à la tête d'une municipalité, celle d'Avannaata, dont le chef-lieu est Ilulissat, la capitale du tourisme groenlandais.
Plus largement, "il va être intéressant de voir si les Démocrates profiteront de la vague de surprise et de succès qu'ils ont connue aux élections nationales", juge Carina Ren, directrice du programme Arctique à l'Université d'Aalborg au Danemark.
A suivre également, les résultats du parti indépendantiste Naleraq, arrivé deuxième aux législatives et désormais unique parti d'opposition à l'Inatsisartut, le Parlement groenlandais.
"Nous verrons (quel sera) le rôle de Naleraq, par exemple comment sa position nationale se traduira dans le système municipal", dit Mme Ren.
Ce vaste territoire compte cinq municipalités. La plus grande, Sermersooq, 27.000 habitants, avec Nuuk la capitale comme chef-lieu, est avec ses quelque 532.000 km2 plus grande que l'Espagne et est "la plus grande du monde", relève Mme Ravn-Højgaard, qui dirige le centre de réflexion Digital Infrastruktur à Nuuk.
A l'extrême sud, la plus petite municipalité fait à peu près la même superficie que la Catalogne mais ne compte que 6.600 habitants.
Avec les défis en matière de gestion municipale que cela implique. "Toutes les municipalités couvrent une vaste zone avec des populations dispersées", souligne Mme Ravn-Højgaard.
Dans ce contexte, la campagne s'est essentiellement faite sur les réseaux sociaux, où les services de renseignement danois (PET) avait noté avant les législatives une flambée d'"informations erronées ou décontextualisées".
"Dans les petites sociétés interconnectées, il suffit de peu de partages pour que presque tout le monde ait vu un message", relève Mme Ravn-Højgaard.
Mais le fait que "tout le monde est étroitement lié, en ligne et hors ligne", permet aussi de limiter l'impact des fausses nouvelles, estime-t-elle.
En 2021, près de 64% des électeurs s'étaient déplacés pour voter. Les bureaux de vote sont ouverts entre 09H00 et 20H00 locales (10H00 et 21H00 GMT).
C.Blake--TNT