
Netanyahu appelle le Hamas à déposer les armes, propose l'exil à ses chefs

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé dimanche le Hamas à déposer les armes, assurant que ses dirigeants pourraient alors quitter la bande de Gaza, à l'heure où son armée bombarde sans cesse le territoire palestinien.
L'une des frappes israéliennes a visé une maison et une tente abritant des déplacés à Khan Younès (sud), faisant huit morts dont cinq enfants, au premier jour de l'Aïd al-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, selon Mahmoud Bassal, porte-parole des secours.
"Le monde fête l'Aïd pendant que nous envoyons nos fils et nos enfants à la morgue. Combien de temps cette situation va-t-elle durer?", s'écrie à la morgue de l'hôpital Nasser, Mohamed al-Qadi, qui a perdu sa sœur et son neveu dans le bombardement de Khan Younès.
Une trêve fragile, entrée en vigueur le 19 janvier, s'est effondrée le 18 mars lorsque Israël a repris ses raids aériens et son offensive terrestre à Gaza pour pousser selon M. Netanyahu, le Hamas à libérer les derniers otages israéliens.
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 contre Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a pris le pouvoir dans le territoire palestinien en 2007.
Le Hamas et Israël ont indiqué samedi avoir reçu une nouvelle proposition de trêve des médiateurs -Egypte, Qatar et Etats-Unis- visant à rétablir le cessez-le-feu et obtenir la libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre et toujours retenus à Gaza.
"En ce qui concerne le Hamas à Gaza, la pression militaire fonctionne (...) Nous pouvons voir des brèches commencer à apparaître" dans le cadre des négociations indirectes, a dit M. Netanyahu au début d'une réunion de son cabinet.
"Le Hamas doit déposer les armes. Ses dirigeants seront (alors) autorisés à partir", a-t-il souligné.
- Secouristes tués -
Samedi, un haut responsable du Hamas, Khalil al-Hayya, a indiqué que son mouvement avait approuvé une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs et exhorté Israël à la soutenir.
Il a affirmé toutefois que "les armes de résistance" étaient "une ligne rouge".
Israël a confirmé avoir reçu la proposition et souligné qu'il avait soumis une contre-proposition en réponse, sans autre précision.
L'accord de cessez-le-feu a été arraché par les médiateurs après des mois de difficiles négociations. Des tractations sur les modalités de la poursuite de cet accord n'avaient pas permis de combler le fossé entre les belligérants.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours retenues à Gaza dont 34 sont décédées selon l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive militaire d'envergure qui a fait au moins 50.277 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l'ONU.
Dimanche, le Croissant-Rouge palestinien a dit avoir retrouvé les corps de 15 secouristes tués par des tirs de l'armée israélienne le 23 mars sur des ambulances à Rafah (sud). L'armée israélienne a reconnu avoir tiré sur des ambulances après avoir jugé ces véhicules "suspects".
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est "outrée" par ces morts, selon un communiqué.
La guerre a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien pauvre, où vivent dans des conditions très dures les quelque 2,4 millions d'habitants, plusieurs fois déplacés. En pleine trêve, Israël a interdit à partir du 2 mars l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.
- "Mettre fin aux frappes" -
Lors d'un entretien téléphonique, le président français Emmanuel Macron a appelé M. Netanyahu à "mettre fin aux frappes sur Gaza et à revenir au cessez-le-feu".
En Israël, l'armée a indiqué avoir activé les sirènes d'alerte antiaériennes dans plusieurs régions avant qu'elle n'annonce l'interception d'un missile tiré depuis le Yémen, "avant qu'il ne pénètre en territoire israélien".
Les rebelles houthis au Yémen, qui affirment agir en solidarité avec les Palestiniens à Gaza, ont revendiqué le tir d'un missile en direction de l'aéroport de Tel-Aviv.
Visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des soupçons de crimes de guerre et contre l'humanité à Gaza, émis l'année dernière, M. Netanyahu doit se rendre en Hongrie du 2 au 6 avril.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a fermement dénoncé comme "honteuse" la décision de la CPI.
T.Bailey--TNT