The National Times - Depuis une mégaprison au Salvador, une responsable de l'administration Trump avertit les migrants: "ne venez pas"

Depuis une mégaprison au Salvador, une responsable de l'administration Trump avertit les migrants: "ne venez pas"


Depuis une mégaprison au Salvador, une responsable de l'administration Trump avertit les migrants: "ne venez pas"
Depuis une mégaprison au Salvador, une responsable de l'administration Trump avertit les migrants: "ne venez pas" / Photo: © POOL/AFP

La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure Kristi Noem s'est affichée mercredi devant des détenus dans une mégaprison du Salvador vers laquelle l'administration Trump a récemment expulsé plus de 200 Vénézuéliens, avertissant les migrants auteurs de crimes qu'ils pourraient subir le même sort.

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Posant devant des détenus alignés derrière les barreaux, dont les torses découverts laissent apparaître leurs tatouages, la responsable américaine enregistre depuis cette prison de haute sécurité une vidéo adressée aux migrants illégaux: "Si vous commettez un crime, voici l'une des conséquences auxquelles vous pourriez faire face".

"Tout d'abord, ne venez pas dans notre pays illégalement. Vous serez expulsé et vous serez poursuivi. Mais sachez que cette installation est l'un des outils de notre arsenal, que nous utiliserons si vous commettez des crimes contre le peuple américain", poursuit Mme Noem.

Le président américain Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité, ne manquant pas d'évoquer une "invasion" des Etats-Unis par des criminels venus de l'étranger et de communiquer abondamment sur les expulsions de migrants.

Son administration a invoqué une loi d'exception utilisée jusqu'alors uniquement en temps de guerre pour expulser mi-mars 238 Vénézuéliens, depuis incarcérés dans le Centre de confinement du terrorisme (Cecot) au Salvador, considéré comme la plus grande prison d'Amérique latine.

Washington les accuse d'appartenir au gang criminel vénézuélien Tren de Aragua, qu'il qualifie d'"organisation terroriste".

Caracas et les proches de ces migrants affirment au contraire qu'il s'agit simplement de personnes qui vivaient sans papiers aux Etats-Unis. Un cabinet d'avocats engagé par le gouvernement vénézuélien a déposé lundi un recours auprès de la Cour suprême du Salvador pour obtenir la libération de plusieurs de ces détenus.

Dans le cadre d'une tournée régionale qui doit aussi l'emmener en Colombie et au Mexique, Kristi Noem prévoit de rencontrer mercredi le président salvadorien Nayib Bukele.

Amnesty International a dénoncé mardi dans un communiqué les expulsions vers le Salvador, qui "représentent non seulement un mépris flagrant des obligations des États-Unis en matière de droits de l'homme, mais également une étape dangereuse vers des pratiques autoritaires".

M. Bukele est salué dans son pays pour sa lutte contre le crime, avec des dizaines de milliers de suspects envoyés au Cecot.

Gardé par des agents pénitentiaires, des militaires et des policiers, l'établissement inauguré en janvier 2023 dispose d'une capacité de 40.000 détenus qui sont privés de visites familiales.

-Coopération à risque-

Les organismes de défense des droits humains dénoncent régulièrement les méthodes du président Bukele.

Il "existe des preuves croissantes que de nombreuses personnes envoyées au Salvador ne sont pas membres du Tren de Aragua et qu'elles sont exposées à de graves violations des droits humains", estime ainsi Juan Pappier, directeur adjoint pour les Amériques de Human Rights Watch, interrogé par l'AFP.

"Le principal danger est que (les États-Unis) continuent d'envoyer des innocents" dans des prisons salvadoriennes, s'alarme-t-il.

Environ 86.000 présumés membres de gangs ont été arrêtés dans le cadre de la lutte anti-gang entamée au Salvador il y a trois ans. Plusieurs milliers d'entre eux ont été libérés après avoir été déclarés innocents.

Selon la Maison Blanche, Washington a versé "environ six millions de dollars" au gouvernement Bukele pour incarcérer ces expulsés vénézuéliens.

M. Bukele "cherche à apparaître comme un allié utile" et "ne veut pas que les États-Unis renvoient des ressortissants (salvadoriens, ndlr) expulsés et c'est pourquoi il décide de se montrer accommodant", analyse le politologue Napoleon Campos.

Pour Carlos Carcach, un universitaire salvadorien, la coopération avec l'administration Trump renforce toutefois "l'image négative déjà associée au pays" en raison des méthodes de Nayib Bukele pour combattre les gangs.

"Ce que nous voyons, c'est la consolidation d'un régime autoritaire au Salvador avec le soutien de la plus grande puissance mondiale", souligne M. Carcach auprès de l'AFP.

A.M.James--TNT

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