
Gaza: nouvelles frappes d'Israël, qui menace d'annexer des pans du territoire

Le ministre israélien de la Défense a menacé vendredi d'annexer des parties de Gaza si le Hamas ne libère pas la soixantaine d'otages israéliens retenus dans le territoire palestinien où Israël poursuit son offensive pour le quatrième jour consécutif après avoir rompu la trêve.
Alors que la violence s'abat de nouveau sur Gaza, le mouvement islamiste palestinien a reçu de l'Egypte et du Qatar, deux pays médiateurs, une proposition visant à rétablir un cessez-le-feu et à échanger des otages contre des prisonniers palestiniens "suivant un calendrier restant à convenir", a indiqué à l'AFP une source palestinienne proche des négociations.
"La proposition prévoit l'entrée d'aide humanitaire à Gaza", bloquée par Israël depuis le 2 mars, a-t-elle ajouté.
Les opérations aériennes et terrestres menées dans la bande de Gaza ont brisé le calme relatif qui régnait depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 19 janvier dans ce territoire dévasté par la guerre déclenchée il y a plus de 17 mois par le Hamas.
La Défense civile de Gaza a annoncé que les frappes israéliennes sur le territoire avaient fait 11 nouveaux morts vendredi. Après minuit dans la nuit de vendredi à samedi, elle a fait état de cinq mineurs tués par une nouvelle frappe à Gaza-ville.
Cela porte à 520 le bilan des morts annoncés par la Défense civile depuis la reprise des bombardements israéliens mardi.
Ankara a condamné une "attaque israélienne" contre un hôpital de Gaza construit par la Turquie, déplorant un "ciblage délibéré". L'armée israélienne a reconnu avoir frappé le bâtiment mais indiqué avoir visé des combattants palestiniens, assurant que cet hôpital, désaffecté depuis plus d'un an, était utilisé comme base par le Hamas.
- Fuite en charrette -
"J'ai donné l'ordre à (l'armée) de saisir davantage de territoire à Gaza, tout en évacuant la population, et d'étendre les zones de sécurité (le long de la frontière à l'intérieur de la bande) de Gaza pour protéger les localités israéliennes", a déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz.
"Plus le Hamas continuera à refuser de libérer les otages, plus il perdra de territoire, qui sera annexé à Israël", a-t-il ajouté.
Les "zones de sécurité" sont une allusion à l'établissement d'une zone tampon entre la bande de Gaza et les localités israéliennes limitrophes.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a rappelé vendredi que la France était "opposée à toute forme d'annexion, qu'elle concerne la Cisjordanie ou qu'elle concerne Gaza".
Plus tard vendredi, M. Barrot et ses homologues Annalena Baerbock (Allemagne) et David Lammy (Royaume-Uni) ont dit être "révoltés par le nombre de victimes civiles" et ont appelé "de toute urgence à un retour immédiat au cessez-le-feu", selon un communiqué commun diffusé en anglais.
A Deir el-Balah, dans le nord de la bande de Gaza, des images tournées par l'AFPTV témoignent de l'exode des habitants fuyant une nouvelle fois avec des charrettes tirées par des ânes et remplies d'objets de première nécessité le long de routes bordées de ruines.
Dans l'après-midi, l'armée israélienne a appelé les habitants de plusieurs zones du sud de la bande de Gaza à évacuer avant une frappe.
Elle a aussi annoncé avoir tué le chef des renseignements militaires du Hamas dans le sud de Gaza lors d'une frappe la veille.
- Critique présidentielle -
Israël a repris ses bombardements intensifs sur Gaza mardi, invoquant l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations indirectes avec le Hamas sur les prochaines étapes de la trêve, dont la première phase a expiré le 1er mars.
Vendredi, au lendemain d'un premiers tirs de trois roquettes sur Israël, "en riposte aux massacres de civils" commis selon elle par Israël à Gaza, la branche armée du Hamas a revendiqué le tir de deux nouvelles roquettes.
L'armée israélienne a dit les avoir interceptées, tout comme un missile tiré du Yémen, où les rebelles Houthis, ont promis d'intensifier leurs attaques sur Israël tant que l'Etat hébreu continue ses bombardements sur Gaza.
Le président israélien, Isaac Herzog, au rôle surtout protocolaire, avait dit jeudi être dit "troublé" par la reprise de l'offensive militaire à Gaza, dans une rare critique visant l'action du gouvernement.
Ces derniers jours, des milliers de personnes ont manifesté à Jérusalem contre le gouvernement, scandant des slogans accusant le Premier ministre Benjamin Netanyahu d'avoir ordonné la reprise des bombardements sur Gaza sans se soucier des otages, et par pur calcul politique.
Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 58 sont toujours retenus dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts, selon l'armée israélienne.
Vendredi, M. Katz a menacé le Hamas d'accroître la pression.
"Si le groupe terroriste Hamas continue de refuser de libérer les otages, j'ai donné l'ordre à Tsahal de prendre davantage de territoires (...) en assurant une occupation permanente du territoire par Israël", a-t-il déclaré.
P.Barry--TNT