Reçu par Trump, le roi de Jordanie réitère sa "ferme opposition" à son plan pour Gaza
Le roi Abdallah II de Jordanie a réitéré sa "ferme opposition" au déplacement de la population de Gaza après sa rencontre avec Donald Trump, qui a encore défendu son plan largement décrié de développement immobilier du territoire, une fois vidé de ses habitants palestiniens.
Le président américain voudrait que le royaume hachémite, avec l'Egypte, accueille l'essentiel des habitants de la bande de Gaza dévastée par l'offensive israélienne lancée après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.
"L'une des choses que nous pouvons faire immédiatement, c'est de prendre 2.000 enfants, des enfants atteints de cancer ou très malades", a dit le roi de Jordanie.
"C'est vraiment un beau geste", s'est félicité Donald Trump, assis aux côtés de son invité et du prince héritier Hussein dans le Bureau ovale.
Mais sur X, il a ensuite assuré avoir exprimé au président américain sa "ferme opposition au déplacement de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie" occupée, soulignant qu'il s'agissait d'une "position arabe commune".
"J'ai insisté sur le fait que mon engagement suprême est la Jordanie, sa stabilité et le bien-être des Jordaniens", a ajouté le monarque, allusion aux années de tensions voire d'affrontements armés qui, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, ont marqué l'histoire du royaume.
Près de la moitié des 11 millions d'habitants y sont d'origine palestinienne.
- "Posséder Gaza" -
Le président américain a prédit de "grands progrès" dans les discussions tant avec la Jordanie qu'avec l'Egypte, et s'est dit persuadé "peut-être pas à 100%, mais à 99%" d'arriver à un compromis avec Le Caire.
Il a a une nouvelle fois défendu son projet pour Gaza, qui a soulevé l'indignation internationale: "Nous allons posséder Gaza. Nous n'avons pas besoin de l'acheter. Il n'y a rien à acheter", a déclaré Donald Trump, assurant que le territoire serait placé "sous contrôle américain", sans expliquer de quelle manière.
Abdallah II a lui fait savoir que l'Egypte élaborait un plan de coopération avec Donald Trump, et que ce projet ferait l'objet de discussions en Arabie saoudite.
"Attendons que les Egyptiens puissent présenter" ce plan, a-t-il plaidé.
Donald Trump avait évoqué lundi un arrêt des aides américaines à la Jordanie si elle n'accueillait pas des Palestiniens: 750 millions de dollars d'aide économique et environ 350 millions de dollars supplémentaires en aide militaire par an.
Mais il a adopté un ton plus conciliant mardi, affirmant ainsi qu'il n'aurait pas besoin de "menacer" le pays.
Le milliardaire républicain, ancien promoteur immobilier, a par ailleurs répondu "non" à un journaliste qui lui demandait s'il comptait participer à titre privé au projet qu'il envisage pour Gaza.
- Trêve fragilisée -
La rencontre se tient au moment où la trêve dans le territoire palestinien est fragilisée. Accusant Israël de plusieurs violations de l'accord de trêve, le Hamas avait menacé lundi de reporter la prochaine libération d'otages.
"Je ne crois pas qu'ils respecteront la date limite", a dit Donald Trump, qui avait exigé lundi que le mouvement palestinien libère les otages israéliens au plus tard samedi, sans quoi un "véritable enfer" se déchaînerait à Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé mardi de reprendre les combats si les otages n'étaient pas libérés dans ce délai.
Après 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, un accord de trêve conclu par l'intermédiaire des médiateurs internationaux - Qatar, Etats-Unis, Egypte - est entré en vigueur le 19 janvier. Il prévoit l'arrêt des hostilités, la libération des otages contre celle de prisonniers palestiniens et une aide humanitaire accrue à Gaza.
Les pays arabes ont fermement rejeté la proposition, insistant sur l'objectif d'une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien indépendant au côté d'Israël.
Plus tard cette semaine, ce devrait être au tour du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de se rendre à la Maison Blanche, après avoir exhorté mardi à la reconstruction de Gaza "sans déplacer les Palestiniens".
G.Waters--TNT