Le Kremlin sceptique sur la volonté de Zelensky de négocier avec Poutine
Le Kremlin a jugé mercredi "vides de sens" les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'était dit prêt la veille à des négociations directes avec son homologue russe Vladimir Poutine et d'autres dirigeants pour mettre fin au conflit.
Près de trois ans après le début de l'offensive russe en Ukraine, les appels à des pourparlers de paix se font plus pressants avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui affirme vouloir mettre fin rapidement au conflit sans avoir pour autant présenté de plan concret en ce sens.
Volodymyr Zelensky a longtemps été catégoriquement opposé à tout compromis avec la Russie, mais a revu certains points de sa position ces derniers mois, notamment face aux difficultés rencontrées par son armée sur le front, qui continue de reculer.
Interrogé sur la possibilité de négocier avec Vladimir Poutine dans un entretien diffusé mardi, M. Zelensky a assuré qu'il le ferait "si c'est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l'Ukraine et ne plus perdre de gens".
Il a évoqué un format avec "quatre participants", qui serait à priori l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'UE.
"Le fait d'être prêt doit reposer sur quelque chose (...) Jusqu'à présent, cela ne peut être perçu que comme des paroles vides de sens", a balayé mercredi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, devant la presse.
Il a une nouvelle fois souligné que M. Zelensky a interdit par décret en octobre 2022 toute négociation tant que M. Poutine sera au pouvoir en Russie, une réplique à la décision du Kremlin de revendiquer l'annexion de quatre régions ukrainiennes.
- "Compromis" -
"Malgré tout, nous restons ouverts aux négociations", a poursuivi M. Peskov, estimant que "la réalité sur le terrain" devrait convaincre Kiev de "faire preuve d'ouverture et d'intérêt pour de telles négociations".
Vladimir Poutine a dit à plusieurs reprises être prêt à négocier, à condition que l'Ukraine se plie à ses revendications: céder quatre régions du Sud et de l'Est du pays, en plus de la Crimée annexée en 2014 et renoncer à rejoindre l'Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev.
Précisant ses propos dans un message mercredi, Volodymyr Zelensky a assuré que le fait d'être prêt à discuter avec Vladimir Poutine était en soi "un compromis" de la part de l'Ukraine.
"Poutine est un assassin et un terroriste (...) Parler à un meurtrier est un compromis pour l'Ukraine et l'ensemble du monde civilisé", a-t-il indiqué, tout en admettant que les alliés de Kiev "pensent que la diplomatie est la voie à suivre".
Lors de cet entretien diffusé mardi, M. Zelensky a également une nouvelle fois évoqué la possibilité que l'Ukraine obtienne des armes nucléaires si elle échouait à intégrer rapidement l'Otan.
- Dépôt pétrolier en feu -
M. Peskov a estimé mercredi que ces déclarations étaient "à la limite de la folie", appelant les alliés de Kiev à prendre conscience des "dangers potentiels de la discussion d'un tel sujet en Europe".
Le porte-parole du Kremlin a aussi confirmé que "des contacts" ont lieu entre les Etats-Unis et la Russie sur des sujets précis, et que ces contacts "se sont intensifiés récemment", sans préciser davantage.
Sur le terrain, l'avancée russe se poursuit avec la revendication mercredi par Moscou de la capture de deux nouveaux villages dans l'est et le nord-est de l'Ukraine: Baranivka, dans la région de Donetsk, et Novomlynsk, dans celle de Kharkiv.
L'un de ces villages borde l'Oskil, rivière que les troupes russes sont parvenues ces dernières semaines à franchir, ayant établi une tête de pont sur sa rive occidentale. Ailleurs, les forces russes menacent ou sont en passe de prendre Tchassiv Iar, Toretsk et Pokrovsk, des positions d'importance.
L'Ukraine poursuit de son côté ses frappes nocturnes sur des installations énergétiques en territoire russe, devenues quasi quotidiennes, en réponse aux bombardements incessants des villes ukrainiennes par la Russie.
Mercredi, un dépôt pétrolier a pris feu dans la région de Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, après une attaque de drones, selon le gouverneur Véniamine Kondratiev.
La veille, un missile balistique russe a fait cinq morts et plus de 50 blessés à Izioum, ville du nord-est de l'Ukraine qui avait été libérée en septembre 2022 de l'occupation russe, selon les autorités ukrainiennes.
A.Davey--TNT