Revirement de la poste américaine sur les colis venant de Chine
Les services postaux américains ont annoncé mercredi qu'ils continueraient à accepter des colis venant de Chine et de Hong Kong quelques heures après avoir dit le contraire en pleine guerre des droits de douane entre Washington et Pékin.
Les services postaux américains (USPS) ont déclaré "continuer à accepter" les colis en provenance de Chine continentale et de Hong Kong.
La veille, l'USPS avait affirmé ne plus les accepter "temporairement" et "jusqu'à nouvel ordre", sans donner de raisons, déclenchant l'ire de Pékin.
"Nous demandons instamment aux Etats-Unis de cesser de politiser et d'instrumentaliser les questions commerciales et économiques" et de "réprimer de façon déraisonnable les entreprises chinoises", a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise Lin Jian.
Exprimant le "profond mécontentement" de Pékin à l'égard des mesures américaines, il a toutefois appelé au "dialogue" pour tenter de mettre fin à la crise.
Cette passe d'armes autour des colis survient après l'imposition par Washington de 10% de droits de douane additionnels sur toutes les exportations chinoises vers les Etats-Unis, qui a lancé une nouvelle guerre commerciale entre les deux poids lourds de l'économie mondiale.
Pékin a immédiatement répliqué en annonçant des taxes sur une série de produits américains, allant du pétrole brut aux machines agricoles.
La Chine a également annoncé de nouvelles restrictions à l'exportation des métaux et métalloïdes critiques, utilisés dans des secteurs allant de l'exploitation minière à l'aérospatial.
"Les mesures prises par la Chine sont une action nécessaire pour défendre ses droits et intérêts légitimes", a affirmé mercredi le porte-parole de la diplomatie chinoise.
- Shein et Temu -
Dans le cadre de ses mesures commerciales, qu'il a motivées par la nécessité de juguler le trafic de drogue à destination des Etats-Unis, Donald Trump a aussi annoncé la fin de l'exemption de droits de douane pour les colis d'une valeur inférieure à 800 dollars en vigueur jusqu'ici. Celle-ci a largement bénéficié aux plateformes en ligne fondées en Chine, comme les géants Shein et Temu.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'agence des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a précisé que la valeur des colis bénéficiant de cette exemption s'est élevée à plus de 1,36 milliard de dollars en 2024.
Or, Washington juge que cette exemption complique l'application aux Etats-Unis d'exigences en matière de santé, de sécurité ou de propriété intellectuelle.
L'annulation de cette exemption pourrait porter un coup dur aux plateformes ultra populaires comme Shein ou Temu, qui vendent des produits à prix cassé.
D'autres groupes non chinois comme le géant américain Amazon pourraient également être impactés.
Shein et Temu n'ont pour l'heure pas réagi aux sollicitations de l'AFP.
La Commission européenne a également annoncé qu'elle souhaitait taxer les milliards de colis vendus par les plateformes en ligne et entrant dans l'UE, en provenance essentiellement de Chine.
Bruxelles a toutefois souligné qu'il n'y avait eu aucune coordination avec Washington.
- "Pas pressé" -
Les mesures de rétorsion chinoises annoncées mardi pour une entrée en vigueur le 10 février ciblent environ 20 milliards de dollars de biens américains, soit autour de 12% du total des importations en provenance des Etats-Unis, selon des calculs de Capital Economics.
Leur impact reste cependant bien inférieur aux droits de douane additionnels américains entrés en vigueur, qui concernent environ 450 milliards de dollars de biens.
Le président américain a affirmé mardi ne "pas être pressé" de s'entretenir avec son homologue chinois Xi Jinping.
Le Mexique et le Canada, ont eux réussi à obtenir un sursis de 30 jours sur l'imposition de droits de douane de 25% grâce à des accords de dernière minute conclus avec Donald Trump.
A.Robinson--TNT