The National Times - Turquie: le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix

Turquie: le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix


Turquie: le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix
Turquie: le fondateur emprisonné du PKK "déterminé" à participer au processus de paix / Photo: © AFP/Archives

Le fondateur emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, a affirmé que le rapprochement entre Turques et Kurdes était une "responsabilité historique", se disant "déterminé" à participer au processus de paix lancé en Turquie, a indiqué dimanche le parti turc pro-kurde DEM après lui avoir rendu visite la veille en prison.

Taille du texte:

Deux députés du DEM (Parti de l'égalité des peuples et de la démocratie) se sont entretenus samedi avec le chef du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) emprisonné à vie sur une île au large d'Istanbul, au cours d'une première visite depuis dix ans.

Le prédécesseur du DEM, le parti HDP (Parti démocratique des peuples), l'avait vu pour la dernière fois en avril 2015. Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan avait approuvé vendredi la demande du DEM de rendre visite au dirigeant kurde, âgé de 75 ans. Ce dernier est détenu depuis 25 ans dans l'île-prison turque d'Imrali.

Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme une organisation "terroriste" par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni.

La visite de samedi est devenue possible après que l'allié nationaliste du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti ultranationaliste MHP (Parti d'action nationaliste), Devlet Bahceli, a invité Abdullah Öcalan à venir devant le Parlement pour renoncer au "terrorisme" et dissoudre le groupe militant.

"J'ai la compétence et la détermination nécessaires pour apporter une contribution positive au nouveau paradigme lancé par M. Bahceli et M. Erdogan", a déclaré Abdullah Öcalan selon le communiqué du DEM.

Il a également dit, selon la même source, que la délégation qui lui a rendu visite allait partager son approche avec l'Etat et les cercles politiques. "À la lumière de cela, je suis prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel."

- "responsabilité politique" -

L'idée lancée par M. Bahceli, farouchement hostile au PKK, a suscité un débat public depuis octobre, Erdogan la saluant comme une "fenêtre d'opportunité historique".

Mais un attentat terroriste perpétré en octobre contre une entreprise de défense turque à Ankara qui a fait 5 morts et revendiqué par des militants du PKK a douché les espoirs.

La Turquie a ensuite lancé des frappes contre des militants kurdes en Irak et en Syrie.

Le PKK mène une insurrection contre l’Etat turc depuis 1984, faisant des dizaines de milliers de morts.

En 2015, le processus de paix entre le PKK et l’Etat turc s’est effondré, déclenchant des violences notamment dans le sud-est du pays à majorité kurde.

"Renforcer la fraternité turco-kurde est non seulement une responsabilité historique mais aussi une urgence pour tous les peuples", a affirmé le dirigeant kurde, selon la déclaration diffusée par le DEM.

Abdullah Öcalan a déclaré que tous ces efforts "amèneraient le pays au niveau qu'il mérite" et vont constituer un "guide très précieux pour une transformation démocratique", selon le même communiqué.

- "L'heure est à la paix" -

"L'heure est à la paix, à la démocratie et à la fraternité pour la Turquie et la région", a encore déclaré le fondateur du PKK.

Alors que la classe politique turque entamait un processus vers une solution politique négociée au conflit sanglant avec le PKK, les rebelles islamistes ont renversé l'homme fort Bachar al-Assad en Syrie.

La Turquie espère désormais que les nouveaux dirigeants syriens aborderont la question des forces kurdes dans le pays, qu'Ankara considère comme un groupe terroriste affilié au PKK.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré samedi lors d'un appel téléphonique à son homologue américain Antony Blinken que les combattants kurdes "ne peuvent pas être autorisés à se réfugier en Syrie", selon le porte-parole du ministère.

Abdullah Öcalan a estimé, selon le communiqué du DEM, que les développements en Syrie ont montré qu'une ingérence extérieure ne ferait que compliquer les problèmes et qu'une solution ne peut plus être reportée.

A.M.Murray--TNT