Premier voyage dans l'UE du chef de la diplomatie russe depuis l'invasion de l'Ukraine
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov effectuera jeudi à Malte, où se trouvera également son homologue ukrainien, sa première visite dans un pays de l'Union européenne depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken assistera aussi à la réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Ta'Qali, à Malte, mais il n'a pas prévu de rencontrer M. Lavrov.
Le diplomate russe, sanctionné par l'UE, ne s'est pas rendu dans l'Union depuis un voyage à Stockholm en décembre 2021, toujours pour une réunion de l'OSCE, selon les médias russes.
L'OSCE a été fondée en 1975 pour apaiser les tensions entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide. Elle compte 57 membres, de la Turquie à la Mongolie, en passant par le Royaume-Uni et le Canada, ainsi que les Etats-Unis, l'Ukraine et la Russie.
Elle aide ses membres à coordonner des questions telles que les droits humains et le contrôle des armements, mais Moscou accuse de plus en plus le groupe de s'éloigner de ses principes fondateurs.
Lors du dernier sommet ministériel il y a un an en Macédoine du Nord, M. Lavrov avait accusé l'OSCE de devenir un "appendice" de l'Otan et de l'UE.
L'Ukraine avait demandé que la Russie soit exclue de l'organisation et avait boycotté le sommet de Skopje en raison de la présence de M. Lavrov.
Mercredi, Kiev a toutefois déclaré que son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, participerait aux discussions à Malte, qui interviennent à un moment délicat pour le pays.
Le président américain récemment élu, Donald Trump, a promis de faire pression pour un accord rapide afin de mettre fin à la guerre, laissant Kiev se démener pour se positionner avant son investiture en janvier.
M. Blinken, qui se trouve à Malte après avoir effectué sa dernière visite au siège de l'Otan à Bruxelles mardi, a eu sa dernière rencontre importante avec M. Lavrov en mars 2023, lors du G20 à New Delhi.
- Crise institutionnelle -
En 2022, la Pologne, hôte de l'OSCE, avait refusé d'autoriser M. Lavrov à participer au sommet, ce qui avait provoqué la colère de la Russie.
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, allié de l'Ukraine, a déclaré mercredi qu'il n'y aurait "aucune discussion" avec M. Lavrov à Malte et s'est demandé pourquoi Moscou était toujours autorisé à faire partie de l'OSCE.
Un porte-parole de Malte, pays hôte du sommet, a déclaré que M. Lavrov faisait l'objet d'un gel des avoirs de la part de l'UE, mais qu'il n'était pas interdit de voyager et que le ministre russe des Affaires étrangères avait été invité afin de "maintenir certains canaux de communication ouverts".
M. Lavrov devrait profiter de l'événement pour dénoncer la "crise institutionnelle" de l'organisation, a déclaré mercredi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Elle a déclaré qu'un certain nombre de pays occidentaux "utilisaient cette plateforme pour leurs propres intérêts" et que l'organisation avait été "ukrainisée".
L'OSCE est paralysée depuis l'invasion de l'Ukraine début 2022, la Russie ayant opposé son veto à plusieurs décisions majeures, qui nécessitent un consensus.
Les postes de secrétaire général et de trois autres hauts fonctionnaires sont vacants depuis septembre, faute d'accord sur leurs successeurs.
La secrétaire générale sortante, l'Allemande Helga Maria Schmid, avait été nommée en décembre 2020 pour un mandat de trois ans, mais son mandat avait été prolongé jusqu'en septembre.
Les ambassadeurs se sont mis d'accord sur le diplomate turc Feridun Sinirlioglu pour lui succéder, a indiqué une source diplomatique à l'AFP, mais la décision doit être approuvée par les ministres réunis à Malte.
Ces derniers devront également se mettre d'accord sur le pays qui présidera l'OSCE en 2026 et 2027.
La Russie a empêché l'Estonie, membre de l'Otan, d'assurer la présidence cette année, alors qu'en 2025, c'est la Finlande, qui a rejoint l'Otan l'année dernière, qui en assurera la présidence.
L'OSCE envoie des observateurs lors de conflits et d'élections dans le monde entier. Elle gère également des programmes visant à lutter contre la traite des êtres humains et à garantir la liberté des médias.
Mais ses efforts ont été entravés par l'impossibilité de se mettre d'accord sur un budget depuis 2021.
A.Wood--TNT