Londres ne s'opposera pas à un retour en Grèce des frises du Parthénon, selon Athènes
Londres ne s'opposera pas à un retour des frises du Parthénon en Grèce si un accord est trouvé avec le British Museum pour régler cette querelle historique, a assuré une source gouvernementale grecque mardi à l'issue d'une rencontre entre les Premiers ministres des deux pays à la capitale britannique.
Le gouvernement britannique "ne fera pas obstacle" au retour des vestiges antiques exposés depuis plus de deux siècles dans la capitale britannique "s'il y a un accord entre Athènes et le British Museum", a affirmé cette source quelques heures après la fin de la première entrevue depuis son arrivée au pouvoir du Britannique Keir Starmer et du Grec Kyriakos Mitsotakis.
Avant sa visite au Royaume-Uni, ce dernier, ardent partisan d'un retour de ces trésors archéologiques vieux de quelque 2.500 ans, s'était dit "fermement convaincu" que les marbres du Parthénon reviendraient à Athènes.
Selon lui, la question n'est pas de savoir "si" elles retrouveront leur ville d'origine mais "quand".
Toutefois, a-t-il répété ces derniers jours, le règlement éventuel de cette épineuse question qui empoisonne les relations bilatérales de longue date concerne le gouvernement grec et le musée britannique.
Officiellement, les deux Premiers ministres n'ont pas indiqué après leur rencontre s'ils avaient abordé ce long contentieux.
Downing Street avait affirmé en amont de l'entretien que les frises du Parthénon ne figuraient "pas à l'agenda" de Keir Starmer.
Et les services du Premier ministre britannique ont indiqué que les discussions avaient été consacrées à l'immigration, au soutien à l'Ukraine et à un cessez-le-feu à Gaza.
Downing Street a déclaré que la position du gouvernement britannique n'avait pas changé: "Nous ne prévoyons pas de modifier la loi pour permettre" un retour des frises à Athènes, a dit un porte-parole.
Interrogé sur un éventuel prêt des marbres du Parthénon, il a indiqué que "ces décisions reviennent entièrement au British Museum".
Samedi, le chef du gouvernement grec avait dit que les discussions avec le British Museum se poursuivaient.
- Trésor antique -
La Grèce est déterminée à retrouver son patrimoine. Un retour à Athènes de ce trésor antique exposé dans l'un des plus grands musées du monde depuis 1816 constituerait pour le dirigeant conservateur une victoire politique incontestable.
Pour lui, conserver une partie des frises du Parthénon hors de Grèce revient à "couper Mona Lisa (la Joconde) en deux", avait-il assuré l'an dernier.
Dans cette optique, Kyriakos Mitsotakis a mené avec son chef de la diplomatie, George Gerapetritis, des "rencontres privées" avec des responsables du British Museum, dont son dirigeant George Osborne, à "deux ou trois reprises" cette année, selon la télévision britannique Sky News.
Les discussions sont "bien avancées", selon le Guardian, qui cite mardi des sources proches des négociations. L'accord consisterait en un partenariat culturel qui verrait les frises retourner à Athènes, en échange d'œuvres de premier plan envoyées à Londres.
Athènes a démenti toute tractation secrète mais le gouvernement Starmer semble plus enclin à écouter la demande grecque que son prédécesseur, Rishi Sunak.
Ce dernier avait infligé un camouflet diplomatique à M. Mitsotakis un an plus tôt en annulant à la dernière minute leur rencontre prévue, durant laquelle le dirigeant grec comptait aborder la question.
- "Pillage" ou "acquises légalement"
Athènes réclame depuis des décennies le retour de ces précieuses frises détachées du Parthénon.
Les autorités grecques soutiennent qu'elles ont été l'objet d'un "pillage" orchestré en 1802 par Lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman.
Mais Londres affirme que les sculptures ont été "acquises légalement" par Lord Elgin, qui les a revendues au British Museum.
Une loi britannique de 1963 empêche le musée d'effectuer des restitutions.
Au Royaume-Uni, où selon un sondage YouGov de 2023, une majorité de Britanniques se montrent favorables à une restitution, les opposants craignent un effet domino qui verrait les revendications de plusieurs pays s'accumuler.
Au sommet de l'Acropole, le Parthénon est un temple construit au Ve siècle avant JC en hommage à la déesse Athéna.
Le nouveau musée de l'Acropole, inauguré en 2009, a réservé un espace pour accueillir les frises du Parthénon à l'étage où sont reconstitués les quatre côtés du temple. Les frises exposées à Londres ont été remplacées par des moulages.
G.Morris--TNT