The National Times - Dans Marioupol, la vie en ruine des rescapés

Dans Marioupol, la vie en ruine des rescapés


Dans Marioupol, la vie en ruine des rescapés
Dans Marioupol, la vie en ruine des rescapés / Photo: © AFP

Les carcasses d'immeubles calcinés se dressent dans le ciel bas et pluvieux de la ville martyre de Marioupol. Alors que les derniers défenseurs ukrainiens se rendent aux Russes, de rares passants pleurent leur avenir perdu.

Taille du texte:

Trois mois de combats ont laissé un paysage apocalyptique dans de nombreux quartiers, mis en fuite des centaines de milliers d'habitants et fait un nombre inconnu, mais sans doute énorme, de morts.

Ici, les avenues appartiennent aux militaires russes et leurs alliés séparatistes, qui les ont conquises au prix de la destruction d'une cité portuaire qui comptait plus d'un demi-million d'habitants avant la bataille.

Des journalistes de l'AFP ont constaté l'ampleur des dégâts lors d'un voyage de presse organisé par le ministère russe de la Défense.

En ce 18 mai, on n'entend plus les incessantes canonnades des semaines précédentes, car sur le site sidérurgique d'Azovstal, les derniers soldats ukrainiens se rendent.

L'armée russe n'a cependant pas permis aux médias d'approcher l'immense aciérie, devenue le symbole de la farouche résistance ukrainienne.

Les autorités pro-russes ont promis de faire de Marioupol une station balnéaire.

Un projet difficile à imaginer dans cet enchevêtrement de tôles et de débris, de barres d'immeubles éventrées par les missiles et les obus.

Avec la fin des combats, des habitants osent sortir en quête de victuailles.

Ceux qui parlent affichent leur désespoir pour cette cité que Moscou dit avoir "libérée" d'un joug néonazi.

- "Je n'espère plus rien" -

Angela Kopytsa, cheveux décolorés, presse le pas devant une patrouille militaire.

Puis, elle répond à l'AFP dans un russe teinté de l'accent caractéristique de la région ukrainienne de Donetsk, que la Russie considère comme une république indépendante.

"Que puis-je encore espérer? Que dire quand la maison est détruite, quand la vie est détruite?", dit l'ancienne puéricultrice de 52 ans.

"Il n'y a ni travail, ni nourriture, ni eau. Avec les enfants, le petit-fils, on se partageait une cuillère" de nourriture, poursuit-elle, pleurant les nouveau-nés "qui mourraient de faim dans les maternités".

"Quel avenir? Je n'espère plus rien", conclut-elle, avant de verser des larmes et de repartir au pas de course.

Elena Ilina, 55 ans, travaillait elle comme professeure à l'université technique de Marioupol, dans le département informatique. Son appartement a brûlé, "rien n'y reste".

Elle vit désormais chez sa fille et son gendre.

Son seul souhait: retrouver sa vie d'avant.

"J'aimerais pouvoir vivre dans mon appartement, en temps de paix, bavarder avec mes enfants", dit-elle. Sa voix se brise dans un sanglot.

- "Le peuple ukrainien" -

L'armée russe emmène ensuite les journalistes au zoo de la ville. Des lions, des ours et d'autres bêtes s'y dressent dans des cages sinistres, mais semblent en bonne santé.

Oksana Krichtafovitch, qui fut cuisinière dans un hôtel de Marioupol, explique avoir été recrutée pour s'occuper des animaux. A 41 ans, une nouvelle vie.

Elle donne à manger aux bestiaux, trait des vaches et se sait mieux lotie que d'autres, car elle est nourrie en échange de ce travail.

"Le restaurant dans lequel je travaillais sur la rive gauche est détruit. J'y étais cuisinière, maintenant, mes clients, c'est eux", dit-elle en portant une gamelle dans la cage des ratons laveurs.

Affichant un tout petit peu d'optimisme, elle relève que si Marioupol "manque de tout, on s'habitue, on s'adapte, on survit".

Sergueï Pougatch, 60 ans, travaille au zoo comme gardien.

Avant les combats, il travaillait sur les voies ferrées du complexe industriel d'Azovstal, à l'époque principal employeur de la ville, aujourd'hui largement détruit.

Fin février, lorsque la Russie a lancé son offensive, il ne lui restait que deux mois avant sa retraite après 30 ans de service. Maintenant, il ne sait pas s'il touchera un jour sa pension.

Mais pas question de se lamenter.

"Le peuple ukrainien, c'est pas des flemmards. Dès que ça a arrêté de tirer, les gens sont sortis des caves et ont cherché du travail. Certains travaillent déjà", proclame fièrement Sergueï.

M.Davis--TNT

En vedette

Gabon: ouverture du vote sur la nouvelle Constitution, "tournant majeur" après le putsch

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes samedi au Gabon pour permettre aux électeurs de se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution, présentée par le régime du général Brice Oligui Nguema comme "un tournant majeur" après le putsch d'août 2023.

Dernier tête-à-tête Biden-Xi avant l'ère Trump

Les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se rencontrent samedi à Lima pour un ultime tête-à-tête officiel après avoir mis en garde contre une ère de "turbulences" et de "changement" à venir, dans le contexte de la réélection de Donald Trump.

Le Gabon vote pour ou contre une nouvelle Constitution, "tournant majeur" après le putsch

Bulletin vert pour le "oui" ou bulletin rouge pour le "non"? Les Gabonais doivent se prononcer samedi sur le projet de nouvelle Constitution présentée par le régime du général Brice Oligui Nguema comme "un tournant majeur" après le putsch d'août 2023.

Pays-Bas: la coalition au pouvoir survit à une démission après des accusations de racisme

Une secrétaire d'Etat aux Pays-Bas a démissionné vendredi pour protester contre des propos racistes tenus selon elle par un de ses collègues en conseil des ministres après les violences contre des Israéliens à Amsterdam, mais ce départ n'a pas fait éclater la coalition de droite au pouvoir comme certains le craignaient.

Taille du texte: