Les défenseurs de l'aciérie d'Azovstal se rendent, le G7 au chevet de l'Ukraine
La Russie a annoncé jeudi la reddition de 1.730 militaires ukrainiens du site sidérurgique Azovstal à Marioupol, montrant des images d'hommes, certains aidés de béquilles, émergeant après une longue bataille devenue mondialement un symbole de la résistance à l'invasion russe.
Ces soldats, parmi lesquels 80 blessés, sont sortis depuis lundi et "se sont constitués prisonniers", a précisé le ministère russe de la Défense.
Ils étaient retranchés depuis plusieurs semaines dans le dédale de galeries souterraines creusées à l'époque soviétique sous la gigantesque aciérie.
Leur sort reste en suspens: l'Ukraine veut organiser un échange de prisonniers de guerre mais la Russie a indiqué à maintes reprises qu'elle considérait au moins une partie d'entre eux non pas comme des soldats, mais comme des combattants néonazis.
Tandis que cette reddition constitue une importante avancée pour la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, vêtu de la chemise traditionnelle brodée, a déclaré que son peuple demeurait "fort, indestructible, courageux et libre", dans une vidéo marquant le jour de Vychyvanka, fête des traditions folkloriques ukrainiennes.
Le premier procès pour crime de guerre sur le sol ukrainien, celui d'un soldat russe accusé d'avoir abattu un civil ukrainien, reprenait lui jeudi à Kiev après une première séance, la veille, au cours de laquelle Vadim Chichimarine, 21 ans, avait plaidé coupable.
Jeudi, il a demandé pardon à l'épouse de l'homme de 62 ans abattu dans le nord-est de l'Ukraine le 28 février, alors qu'il poussait son vélo tout en téléphonant. "Je sais que vous ne pourrez pas me pardonner, mais je vous demande pardon", a dit le sous-officier, lors d'un échange avec Katerina Shelipova.
Un autre procès pour crimes de guerre s'ouvrait jeudi dans le nord-est du pays: celui de deux militaires russes accusés d'avoir tiré des roquettes sur des infrastructures civiles dans la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays.
Le parquet général d'Ukraine, sur son site internet, a précisé avoir déjà ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre, tandis que les institutions internationales mènent leurs propres enquêtes sur les exactions commises depuis le début de l'invasion russe le 24 février.
- Pénuries alimentaires mondiales en vue -
Sur le front économique, les grands argentiers du G7 se réunissaient en Allemagne jeudi et vendredi, au chevet de l'économie ukrainienne et pour examiner les conséquences à travers le monde de la guerre lancée par Moscou il y a presque trois mois.
Inflation notamment liée à l'envolée des prix de l'énergie, menaces de crise alimentaire et spectre du surendettement dans de nombreux pays en développement, l'agenda des ministres des Finances des sept puissances industrielles (Etats-Unis, Japon, Canada, France, Italie, Royaume-Uni, Allemagne) est chargé.
Première urgence: couvrir le budget ukrainien du trimestre en cours pour maintenir l'effort de guerre.
"Je suis assez optimiste quant au fait que nous serons en mesure, avec le G7, de réunir les fonds qui permettront à l'Ukraine de se défendre au cours des mois prochains", a déclaré à l'ouverture des discussions Christian Lindner, le ministre allemand des Finances, dont le pays préside le Groupe des Sept cette année.
Sur le plus long terme, alors que la guerre continue de ravager une large partie du territoire ukrainien, des réflexions sont déjà en cours sur l'aide à la reconstruction du pays. Des pistes de financement sont évoquées comme celle d'utiliser des actifs russes gelés dans le cadre des sanctions occidentales.
La guerre lancée par la Russie devrait provoquer une contraction massive de l'économie ukrainienne, évaluée à 30% par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), et même 45% par la Banque mondiale.
A des degrés divers, c'est toute l'économie mondiale qui est affectée par cette offensive et les sanctions contre Moscou qui en ont découlé. "Nous assistons à de graves conséquences économiques, en particulier pour les pays à faible revenu, en raison de la hausse des taux d'intérêt et de la hausse des prix mondiaux des produits agricoles", a constaté jeudi le ministre allemand des Finances.
Mercredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres mettait en garde contre le "spectre de pénuries alimentaires mondiales dans les mois à venir", implorant la Russie de libérer les exportations de céréales ukrainiennes, et l'Occident d'ouvrir l'accès des engrais russes aux marchés mondiaux.
Il avait souligné que la guerre en Ukraine avait amplifié et accéléré les facteurs contribuant déjà à la crise alimentaire mondiale: changement climatique, pandémie de Covid-19 et inégalités croissantes entre pays riches et pauvres.
- "Traitement de seconde zone" -
La question d'une adhésion à l'Union européenne de l'Ukraine qui, inquiète pour sa sécurité, souhaite un processus rapide, a refait surface jeudi lorsque le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit opposé à l'octroi d'un "raccourci" à ce pays, suscitant l'ire de Kiev.
"Le fait qu'il n'y ait pas de raccourci sur la voie de l'adhésion à l'UE (de l'Ukraine) est un impératif d'équité envers les six pays des Balkans occidentaux" qui souhaitent de longue date rejoindre le bloc européen, a déclaré M. Scholz à Berlin, estimant que le président français "Emmanuel Macron a raison de souligner que le processus d'adhésion n'est pas une affaire de quelques mois ou de quelques années".
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a rapidement réagi, dénonçant un "traitement de seconde zone" de la part de "certaines capitales".
"L'ambiguïté stratégique sur la perspective européenne de l'Ukraine pratiquée par certaines capitales de l'UE au cours des dernières années a échoué et doit cesser", a-t-il affirmé sur Twitter.
burx-uh/tbm/sg
O.Nicholson--TNT