Aux législatives, Le Pen entend conforter sa place de première opposante
Marine Le Pen lance mercredi son parti dans la bataille des élections législatives où la finaliste de la présidentielle entend conforter sa place de première opposante à Emmanuel Macron, revendiquée aussi par Jean-Luc Mélenchon et son union des gauches.
La candidate d'extrême droite était restée discrète depuis son échec à la présidentielle face au président sortant, où elle a réuni 41,5% des voix au second tour.
Elle a fait sa rentrée médiatique mardi soir, à la veille d'une conférence de presse du Rassemblement national où Jordan Bardella, qui la remplace à la tête du parti jusqu'en septembre, présente la stratégie du RN et les 577 candidats investis ou soutenus par le parti.
Mardi soir sur TF1, pour sa première interview depuis l'élection, Marine Le Pen a semblé considérer qu'Emmanuel Macron obtiendrait une majorité aux législatives des 12 et 19 juin. Et que "la vraie question", c'est "quelle opposition" le chef de l'Etat aura face à lui.
Les Français "ont déjà un peu choisi en me mettant au second tour", a-t-elle fait valoir, et ils "ne veulent pas de cette opposition" de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) conduite par M. Mélenchon, qui "va défendre le burkini à la piscine", "régulariser les clandestins", "augmenter les impôts" ou "désarmer la police".
Marine Le Pen et le chef de file des Insoumis, troisième de la présidentielle, se disputent désormais la place de premier opposant à Emmanuel Macron.
Une projection de l'institut Opinionway publiée accorde entre 135 et 165 sièges à la Nupes, et entre 20 et 40 au RN, la majorité présidentielle obtenant entre 310 et 350 sièges.
- Un groupe -
La députée du Pas-de-Calais se représente elle-même à Hénin-Beaumont, où elle a ciblé dimanche Jean-Luc Mélenchon, qualifié de "fou du roi", pour avoir, selon elle, favorisé la réélection du président sortant.
Il s'agit aussi pour Marine Le Pen, qui vient d'essuyer son troisième échec à la présidentielle, de remotiver ses troupes.
"On ne sent pas les gens très mobilisés et il va falloir créer les conditions de la remobilisation", admet Louis Aliot, vice-président du parti.
Mais "même si les gens sont déçus, ils en veulent plus au système qu'à Marine Le Pen", tempère l'ancien directeur de campagne adjoint, Jean-Philippe Tanguy.
Le RN entend faire, comme à la présidentielle, campagne sur le pouvoir d'achat. Une thématique qui avait permis à Marine Le Pen de reléguer au second plan ses propositions controversées sur l'immigration et l'islamisme.
Le RN espère former un groupe à l'Assemblée, ce qui est possible à partir de 15 députés, malgré un mode de scrutin - majoritaire - défavorable au parti d'extrême droite.
A la présidentielle de 2017, Marine Le Pen avait réuni 33,9% des voix mais n'avait obtenu que huit députés (sept aujourd'hui, dont une apparentée).
Le Front national (devenu RN) a obtenu une seule fois un groupe entre 1986 et 1988, avec 35 députés, grâce à la proportionnelle.
Le RN fait valoir cette fois que Marine Le Pen a dépassé les 40% dans 339 circonscriptions.
- Sans accord -
Pourtant la bataille se mènera sans accord avec le parti Reconquête! d'Eric Zemmour, qui a réuni 7,07% des voix à la présidentielle et va présenter 550 candidats.
Même Stanislas Rigault, chef de file du mouvement de jeunesse de Reconquête!, qui a été approché par Jordan Bardella, aura face à lui une candidate RN dans la 2e circonscription du Vaucluse.
Or "si vous avez 50% d'abstention, il faut obtenir 25% des exprimés (pour accéder au second tour, ndlr). Cela suppose donc des alliances partout pour pouvoir gagner", rappelle le directeur d'Ipsos Brice Teinturier.
L'ancien président du FN Jean-Marie Le Pen, qui avait hésité à soutenir Eric Zemmour avant de préférer sa fille, regrette cette absence "d'entente" et prévient Reconquête d'une possible "déroute".
Jordan Bardella avait fustigé l'"incohérence" d'Eric Zemmour à critiquer Marine Le Pen puis "solliciter son aide pour se faire élire".
"Ne croyez pas que j'ai vexé le RN. (...) Cette union, ils n'en voulaient pas. C'est ainsi", s'est défendu dimanche Eric Zemmour, qui hésite lui-même à se lancer.
W.Baxter--TNT