The National Times - Harris et Trump débattent âprement, l'avenir de l'Amérique en jeu

Harris et Trump débattent âprement, l'avenir de l'Amérique en jeu


Harris et Trump débattent âprement, l'avenir de l'Amérique en jeu
Harris et Trump débattent âprement, l'avenir de l'Amérique en jeu / Photo: © AFP

Kamala Harris et Donald Trump ferraillent mardi soir lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique à moins de deux mois d'une élection présidentielle historique.

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La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais rencontrés, ont pris place chacun devant un pupitre, pour s'affronter 90 minutes durant dans un musée d'histoire de Philadelphie.

Assurant avoir "remis en ordre le bazar" laissé par Donald Trump, Kamala Harris a par exemple reproché à son adversaire de propager un "tissu de mensonges" sur l'avortement.

Taxant sa rivale de "marxiste", celui-ci a au contraire accusé la vice-présidente d'avoir "copié" le programme de Joe Biden.

Les premières minutes ont montré deux postures sur scène très différentes: M. Trump, l'air grave, le visage fermé, le regard braqué vers la caméra. En contraste, Mme Harris, tourne fréquemment la tête vers son adversaire, avec une mine dubitative voire parfois moqueuse face à ses affirmations et le pousse dans ses retranchements.

La tension s'est installée dès le début de ce moment historique, même si Mme Harris, vêtue d'un tailleur-pantalon sombre et M. Trump, arborant sa traditionnelle cravate rouge vif, ont échangé une poignée de main.

Des millions de téléspectateurs suivent ce débat, sachant déjà dans leur vaste majorité pour qui ils voteront le 5 novembre. Mais le scrutin s'annonçant très serré, la part d'indécis parmi eux revêt un enjeu crucial.

- Antisèches bannies -

Kamala Harris, 59 ans, et Donald Trump, 78 ans, parlent sans public ni notes, avec leur micro coupé quand ce n'est pas leur tour de s'exprimer, selon des règles strictes destinées à empêcher les interruptions intempestives. Deux journalistes de la chaîne ABC animent la soirée.

Chacun des débatteurs doit relever des défis difficiles, alors qu'ils sont au coude-à-coude dans les sondages.

Kamala Harris doit présenter des mesures nouvelles, tout en expliquant pourquoi elle ne les a pas mises en oeuvre en près de quatre ans au pouvoir.

Elle doit aussi justifier quelques récentes volte-face, sur l'immigration ou la fracturation hydraulique.

Enfin et surtout, pour la démocrate, ce duel est une occasion unique de combler en partie son déficit de notoriété face à son tonitruant rival, elle dont la cote de popularité s'est stabilisée en septembre après une hausse remarquable en juillet/août.

Rompu aux joutes télévisées, Donald Trump doit lui montrer qu'il conserve toutes ses facultés mentales, alors que le retrait de Joe Biden l'a automatiquement fait passer en position de candidat âgé face à une démocrate plus jeune de deux décennies.

L'ancien président républicain doit aussi se méfier de sa propension naturelle à faire des remarques outrancières ou sexistes, qui pourraient lui aliéner une partie de l'électorat modéré ou féminin.

Dans une interview à NBC mardi, le septuagénaire a affirmé que sa rivale n'était plus "crédible" en raison de ses opinions fluctuantes. Le vie-présidente a elle averti que son adversaire n'avait "aucune limite dans la bassesse", disant s'attendre à "de nombreux mensonges" de sa part.

Ce débat en évoque forcément un autre, remontant seulement au 27 juin dernier. Ce soir-là sur CNN, le président Joe Biden, déjà fragilisé par les questionnements incessants sur son âge de 81 ans, avait sombré en direct dans ses confusions face à Donald Trump.

Cela avait précipité le retrait spectaculaire de sa candidature, le 21 juillet. Depuis, Kamala Harris a relancé les espoirs démocrates.

Là où M. Biden était distancé, elle fait jeu égal avec Donald Trump dans les "swing states", ces six ou sept Etats pivot qui pèsent si lourd dans le système américain d'élection au suffrage indirect.

- Marquer les esprits -

Si les électeurs américains attendent des propositions contenues dans un programme sur des questions jugées importantes --coût de la vie, immigration, éducation, criminalité, etc--, ils se prononceront d'abord sur une personnalité. Or 28% des électeurs qui comptent se rendre aux urnes, selon un sondage New York Times/Siena College, disent avoir du mal à cerner la vice-présidente.

Le premier objectif de la démocrate mardi soir sera donc de faire bonne impression et de marquer les esprits.

Donald Trump, qui a échappé à une tentative d'assassinat le 13 juillet lors d'un meeting en Pennsylvanie, n'a nul besoin de publicité et semble résister à l'avanie des procédures pénales à son encontre.

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S.Cooper--TNT