Les efforts de médiation redoublent au dixième mois de guerre dans la bande de Gaza bombardée
Frappes israéliennes meurtrières, combats entre soldats israéliens et le Hamas palestinien, désastre humanitaire: la guerre sans répit dans la bande de Gaza est entrée dimanche dans son dixième mois avec une relance des efforts de médiation en vue d'un cessez-le-feu.
Alors que le Hamas avait fait part mercredi de nouvelles "idées" pour mettre fin à la guerre, relançant le marathon diplomatique, des émissaires israéliens retourneront ces prochains jours à Doha pour des pourparlers avec les médiateurs qataris, a indiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en soulignant la persistance d'"écarts" avec le Hamas.
Des discussions avec des médiateurs américains se tiennent également en Egypte, selon le média égyptien Al-Qahera News.
Sur le terrain, les combats se poursuivent dans le petit territoire palestinien dévasté et assiégé, qui a été visé dimanche par de nouvelles frappes israéliennes meurtrières.
Déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, la guerre menace de prendre une dimension régionale avec des échanges de tirs quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah à la frontière nord d'Israël avec le Liban. Dimanche, la puissante formation libanaise, alliée du Hamas, a revendiqué des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël.
- "Réduits en morceaux" -
L'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il classe organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a alors lancé une offensive d'envergure qui a dévasté le territoire palestinien et fait 38.153 morts, en majorité des civils, selon le dernier bilan dimanche du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Dimanche, le Croissant-Rouge palestinien a fait état de six personnes, dont deux enfants de trois et quatre ans, tuées dans leur maison à Zawaida (centre).
Sami Mohammed a raconté à l'AFP avoir été été réveillé par l'effondrement de l'habitation. "J'ai couru et trouvé mes neveux (...) mon frère, ma belle-soeur et leurs jeunes enfants. Ils ont été réduits en morceaux et leur sang jonchait le sol."
Neuf autres Palestiniens ont été tués dans des frappes sur des bâtiments dans la ville de Gaza (nord), selon des secouristes et la défense civile de Gaza.
Les bombardements israéliens se sont poursuivis, à Khan Younès (sud), et sur le camp de Nousseirat (centre) où 16 personnes ont péri samedi dans un raid sur une école abritant des milliers de déplacés, gérée par l'ONU, selon le Hamas.
Israël a indiqué que son aviation avait visé "plusieurs terroristes" dans le secteur de cette école, d'où ses soldats avaient été attaqués.
Dans l'étroite bande de terre, où Israël assiège quelque 2,4 millions de personnes dans des conditions jugées "désastreuses" par l'ONU, l'eau et la nourriture manquent. Selon les Nations unies, 80% de la population est déplacée et plusieurs habitants, dont des enfants, sont morts de malnutrition.
Après neuf mois de guerre, les troupes israéliennes bataillent toujours dans plusieurs secteurs que l'armée avait dit précédemment contrôler, comme à Choujaïya, un quartier est de Gaza-ville où elle affirme avoir "éliminé plusieurs terroristes", et à Rafah (sud).
L'armée mène également des opérations dans le bâtiment de la municipalité de Khan Younès, que le "Hamas utilise", selon elle, et des avions de guerre israéliens ont également lancé un raid sur une zone du camp de réfugiés de Boureij (centre), d'après des témoins.
- "Journée de perturbation" en Israël -
Sur un autre front, le Hezbollah a dit avoir ciblé quatre sites militaires dans un barrage de tirs sur le nord d'Israël, au lendemain de la mort d'un de ses combattants dans une frappe de drone israélien près de Baalbek, dans l'est du Liban à quelque 100 kilomètres de la frontière.
Un homme a été blessé près de Tibériade, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Liban, selon l'armée israélienne. Des frappes israéliennes ont visé dimanche plusieurs secteurs du sud du Liban, selon l'agence de presse libanaise ANI.
Tandis que le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a appelé dimanche toutes les parties à la "prudence", la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, est arrivée en Israël pour prôner une désescalade.
Quant à Gaza, les médiateurs n'ont jusque-là réussi à arracher aux deux parties qu'une seule et unique trêve dans la guerre fin novembre, qui a permis la libération de 80 otages israéliens en échange de celle de 240 détenus palestiniens.
Benjamin Netanyahu a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas et la libération de tous les otages. Le Hamas exigeait lui un cessez-le-feu définitif et un retrait israélien de Gaza avant tout accord de règlement.
En Israël, des manifestants ont bloqué les routes de Tel-Aviv dans le cadre d'une "journée de perturbation", pour réclamer du gouvernement qu'il accepte un accord de cessez-le-feu afin de libérer les otages.
"La nation entière veut leur retour et une majorité absolue soutient un accord sur les otages. Le devoir de l'Etat est de les rendre et c'est au coeur du consensus", a déclaré sur X le président israélien Isaac Herzog.
Depuis des semaines, des milliers de personnes enchaînent les manifestations antigouvernementales, principalement dans la ville côtière.
A.Davey--TNT