Législatives: dernier jour de campagne, les consignes de votes déjà au coeur du débat
La campagne s'achève vendredi à minuit pour le premier tour des législatives où l'extrême droite est donnée grande favorite mais tout dépendra des reports de voix de l'entre-deux-tours, alors que les sondages continuent de prédire une avance confortable au Rassemblement national, voire une majorité absolue.
Dans son étude quotidienne pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, l'institut Ifop estime vendredi que le Rassemblement national, renforcé par la frange des Républicains alliés à Eric Ciotti, empocherait 36,5% des voix (+0,5 point). La gauche serait reléguée à 29% des suffrages (stable) quand le camp macroniste n'obtiendrait que 20,5% des voix.
A deux jours du premier tour, Odoxa crédite le Rassemblement national de 35% des voix, contre 27,5% pour l'alliance de gauche et 21% pour les macronistes.
Des chiffres très élevés pour le parti d'extrême droite, même s'ils ne lui assurent pas mathématiquement de disposer des 289 députés nécessaires à la majorité absolue à l'issue du second tour, le 7 juillet. Tout dépendra du résultat dimanche soir et des reports de vote.
Jeudi soir, en marge d'un sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a promis "une grande clarté" dans les consignes de vote pour le second tour. Et, alors que l'exécutif avait donné l'impression ces derniers temps de mettre sur un pied d'égalité le RN et La France insoumise "et ceux qui les suivent", le chef de l'Etat a semblé nuancer cette position.
"J'ai eu l'occasion de dire qu'à l'extrême gauche des gens avaient tenu des propos sur l'antisémitisme ou la violence, sur l'antiparlementarisme que je désapprouvais, qui sortaient de l'arc républicain, mais je ne fais pas une confusion générale", a relevé le chef de l'Etat, dont la popularité est au plus bas (-6 points en juin selon le baromètre Toluna Harris Interactive).
"Je veux évidemment éviter que les extrêmes, et notamment l'extrême droite, puissent gagner ces élections", a affirmé de son côté vendredi Gabriel Attal.
- "Enormément de triangulaires" -
M. Macron a aussi dénoncé l'"arrogance" du RN qui entend lui imposer une cohabitation dure en cas de victoire et s'est "déjà réparti" tous les postes du gouvernement
Après avoir qualifié la fonction de chef des armées du président de la République de simple "titre honorifique", Marine Le Pen a réaffirmé vendredi sur Europe1/CNews qu'elle considérait l'envoi de troupes à l'étranger, et donc notamment en Ukraine, comme "une prérogative du Premier ministre".
Pour le même motif, elle a aussi indiqué que Jordan Bardella à Matignon s'opposerait à la reconduction de Thierry Breton comme commissaire européen, annoncée jeudi par Emmanuel Macron à ses partenaires.
Dimanche, une forte participation, qui pourrait être au plus haut depuis 25 ans, est attendue: près de deux électeurs sur trois prévoient d'aller voter, contre moins d'un sur deux en 2022.
Avec une conséquence prévisible: "Il y aura certainement des élus dès le premier tour", à un niveau "qu'on n'avait pas connu depuis longtemps", prédit à l'AFP le directeur général délégué d'Ipsos Brice Teinturier.
La question du "désistement républicain" face à l'extrême droite est donc au coeur des enjeux. Une option déjà défendue au sein du Nouveau Front populaire, où écologistes, socialistes et communistes ont fait savoir que leurs candidats arrivés en troisième position se retireraient.
- "Racisme décomplexé" -
Du côté de la majorité sortante, Gabriel Attal a continué de distribuer les coups jeudi lors d'un ultime débat tendu avec Jordan Bardella et Olivier Faure.
Le chef du gouvernement a particulièrement attaqué le président du RN, accusé de soutenir "une centaine de candidats" ayant tenu des propos "racistes, antisémites et homophobes". Son entourage a diffusé "une carte de la honte" où l'on retrouve les propos controversés de 112 candidats RN.
Parmi eux, le député sortant Roger Chudeau. L'élu du Loir-et-Cher a estimé qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car cela posait un "problème de double loyauté". Il a pris l'exemple de l'ancienne ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem en soutenant que sa nomination avait été "une erreur". Des propos qui ont suscité une vive polémique.
L'"avis personnel" de Roger Chudeau est "totalement contraire au projet du Rassemblement national", a rétorqué vendredi Marine Le Pen.
V.Allen--TNT