Guerre à Gaza: l'ONU alarmée par la situation des enfants et le niveau de faim
Des agences de l'ONU ont tiré la sonnette d'alarme mardi sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, affirmant que dix enfants y perdent une jambe ou deux quotidiennement et qu'un demi-million de Palestiniens souffrent de faim à un niveau "catastrophique".
Au 9e mois de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, l'armée israélienne continue de bombarder par air et terre Gaza et d'y affronter les combattants palestiniens, en maintenant le siège de quelque 2,4 millions d'habitants dans le petit territoire.
Mardi, la Défense civile locale a annoncé que dix membres de la famille du chef politique du Hamas qui vit en exil au Qatar, Ismaïl Haniyeh -sa soeur et neuf personnes- avaient été tués dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Chati à Gaza-Ville (nord). L'armée n'a pas confirmé.
Israël a juré de détruire le Hamas après une attaque sans précédent le 7 octobre du mouvement islamiste contre le territoire israélien, et a lancé en riposte une offensive de grande envergure à Gaza, y provoquant un désastre humanitaire et des destructions colossales outre un lourd bilan humain.
"En gros, nous avons tous les jours 10 enfants qui perdent une ou deux jambes en moyenne. Dix par jour, ça veut dire environ 2.000 enfants après plus de 260 jours de cette guerre brutale", a affirmé à Genève le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Philippe Lazzarini.
Il a évoqué un rapport de l'ONG Save the Children selon lequel depuis le début de la guerre "jusqu'à 21.000 enfants sont portés disparus" à Gaza, soit parce qu'ils sont ensevelis sous les décombres, prisonniers, enterrés dans des tombes anonymes ou qu'ils ont perdu le contact avec leurs proches.
- "Survie" -
Un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se base les agences de l'ONU, a souligné de son côté que l'ensemble de la bande de Gaza reste menacée par un "risque élevé et soutenu" de famine.
Il a précisé que 495.000 personnes souffraient toujours de la faim à un niveau "catastrophique" à Gaza, mais fait état d'une légère amélioration de la situation humanitaire dans le nord du territoire.
Pour Yasmina Guerda, coordinatrice humanitaire pour l'ONU à Gaza, les conditions de vie à Gaza "tiennent de la survie, et encore". "Il n'y a plus un centimètre carré où l'on se sente en sécurité."
Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que la phase "intense" des combats touchait à sa fin, notamment à Rafah où l'armée a lancé le 7 mai une offensive terrestre, mais que la guerre contre le Hamas se poursuivrait.
Il a répété que "l'objectif" était "de récupérer les otages" retenus à Gaza et de "déraciner le régime du Hamas", en place depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
- "Conséquences désastreuses" -
Mardi, l'armée a annoncé avoir frappé à Gaza deux sites utilisés par le Hamas dont un à Chati, visant des combattants qui selon elle agissaient "dans des écoles" et étaient "impliqués dans la détention d'otages".
Selon un correspondant de l'AFP, une frappe a fait cinq morts, dont deux enfants, près de l'hôpital al-Chifa à Gaza-Ville.
Dans le sud, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé des secteurs de Rafah, selon des témoins.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait jusqu'à présent 37.658 morts, en majorité des civils, dont 32 ces dernières 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
En annonçant que la phase "intense" de l'offensive était proche à Gaza, M. Netanyahu a affirmé qu'après la fin de cette phase, Israël pourrait "redéployer certaines forces vers le nord", à la frontière avec le Liban, "à des fins défensives".
Cette déclaration a ajouté aux craintes d'une guerre à grande échelle entre Israël et le mouvement libanais Hezbollah, un allié du Hamas, qui échangent des tirs transfrontaliers depuis octobre.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, qui a reçu mardi à Washington son homologue israélien Yoav Gallant, a mis en garde contre une "guerre entre Israël et le Hezbollah" qui pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient".
R.Evans--TNT