Législatives: au grand oral devant les patrons, Edouard Philippe s'affiche "pro-business"
Courtiser et rassurer: les représentants des principaux partis dans la course aux législatives présentent jeudi leur programme devant les organisations patronales, à l'heure où la gauche et l'extrême droite sont accusées de faire des promesses trop dispendieuses.
C'est l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, pour Horizons, qui a ouvert la série d'auditions, en redisant son attachement, sur le plan économique, à la politique en faveur des entreprises déployée par l'actuelle majorité présidentielle.
Il sera suivi, sur la scène de la salle Gaveau, à Paris, par Eric Coquerel et Boris Vallaud pour le Nouveau Front populaire, Jordan Bardella et Eric Ciotti - pour la première fois côte à côte depuis l'annonce de leur alliance - pour le Rassemblement national et ses partenaires, Bruno Le Maire pour Ensemble pour la République, et Bruno Retailleau pour Les Républicains.
Pendant 15 minutes, Edouard Philippe a détaillé son programme, avant de répondre une demi-heure durant aux questions des chefs d'entreprise dans la salle.
"Il ne faut absolument pas changer la logique" de la politique "pro-business" mise en oeuvre depuis 2017, a-t-il déclaré devant un large auditoire. Il faut "même aller plus loin", selon lui.
Mais en contrepartie d'une fiscalité favorable aux entreprises, il s'est dit partisan d'une "règle d'or": "Créer une règle juridique qui contraint notamment l'Etat et l'ensemble de ses partenaires à ne pas laisser dériver la dépense publique au-delà du nécessaire", a-t-il dit, alors que la France est confrontée à de lourds endettement et déficit publics.
"On ne pourra pas être compétitif avec ce niveau d'endettement et avec cette addiction à la dépense publique", a-t-il ajouté, plaidant de lutter contre le déclassement des classes moyennes inférieures par la prospérité économique.
Avant même cet oral, le Medef, la première organisation patronale française, a qualifié mercredi de "dangereuses" pour l'économie française des mesures proposées par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet.
"Si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après", ils provoqueraient "des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives d'entreprises, donc des destructions d'emplois", a prévenu l'organisation patronale qui compte 200.000 entreprises adhérentes employant 10 millions de personnes.
Autour du Medef, plusieurs organisations d'entreprises sont aussi présentes à l'instar de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), de l'Union des entreprises de proximité (U2P), et du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti).
- Promesses électorales -
Ces auditions ont lieu dans un contexte où les finances publiques françaises sont dans le rouge et ont été épinglées mercredi par la Commission européenne qui a ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs.
Malgré cela, les promesses électorales se sont multipliées depuis la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin, au sein de la coalition de gauche, au RN et même dans l'exécutif après de récentes promesses du Premier ministre, Gabriel Attal, en faveur du pouvoir d'achat.
Interrogé ces derniers jours sur son programme économique, le Rassemblement national a, par ailleurs, paru hésiter sur certains de ses engagements récents concernant l'abrogation de la réforme des retraites et la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
La suppression de la TVA sur les "produits de première nécessité" attendra "la rentrée", a finalement affirmé le président du parti, Jordan Bardella, en début de semaine, et la réforme des retraites sera abrogée en donnant la priorité "aux carrières longues", "à partir de l'automne", a-t-il dit, s'il l'emportait.
Le programme du Nouveau Front populaire a été chiffré mardi par la socialiste Valérie Rabault à 106 milliards d'euros de dépenses nouvelles sur trois ans mais son évaluation est contestée par La France insoumise, et accusé par l'exécutif de représenter une fuite en avant budgétaire de 287 milliards d'euros de dépenses par an.
Le gouvernement devrait lui aussi être mis face à son bilan économique et à sa tenue des finances publiques. Concomitamment aux auditions salle Gaveau, Gabriel Attal doit tenir à 9H00 une conférence de presse pour défendre le programme du parti présidentiel et les "conséquences concrètes" des projets menés par ses adversaires aux élections.
F.Lim--TNT