Combats et bombardements dans le sud de Gaza, tensions à la frontière Israël-Liban
Les combats de rue et les bombardements israéliens ont repris mercredi dans le sud de la bande de Gaza, après trois jours de relative accalmie, pendant que l'armée affirme se préparer à une possible offensive au Liban contre le mouvement islamiste Hezbollah.
La guerre qui a éclaté le 7 octobre dans le territoire palestinien après une attaque menée par le Hamas, allié du Hezbollah libanais, contre Israël, a envenimé les tensions à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs se sont intensifiés récemment.
Cette accalmie, qui coïncidait avec la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, était censée permettre l'entrée de l'aide humanitaire depuis le point de passage israélien de Kerem Shalom. L'ONU a cependant déclaré mardi que cette pause devait "encore se traduire par davantage d'aide arrivant jusqu'aux populations".
L'armée avait assuré maintenir sa stratégie, qui vise à détruire le Hamas, et poursuivre ses opérations terrestres lancées le 7 mai dans la ville de Rafah, frontalière avec l'Egypte.
Des bombardements israéliens ont visé mercredi Rafah et plusieurs secteurs du centre du territoire, selon des témoins et la Défense civile.
Sept personnes ont été tuées pendant la nuit, selon les secouristes, par des frappes menées avec des drones sur des tentes dans la zone d'Al-Mawasi, aux portes de Rafah, où sont réfugiés des centaines de milliers de Palestiniens.
- "Guerre totale" -
Des combats opposaient soldats israéliens et combattants palestiniens dans le quartier Saoudien, dans l'ouest de Rafah, sous les bombardements et les tirs d'artillerie, selon la branche armée du Jihad islamique, un groupe armé palestinien allié du Hamas.
Des témoins ont aussi raconté que plusieurs véhicules militaires étaient entrés dans le quartier Saoudien, appuyés par des tirs de drones et de chars.
Dans le nord, des témoins ont signalé des tirs d'artillerie à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza, tandis qu'un bombardement près du camp de Nousseirat, dans le centre, a fait trois morts.
Sur le front nord, l'armée israélienne a annoncé mardi que "des plans opérationnels pour une offensive au Liban" avaient été "approuvés et validés".
Le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, avait menacé peu avant le Hezbollah, très implanté dans le sud du Liban, de destruction à l'issue d'une "guerre totale". "Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le Liban", avait-il averti.
Un émissaire du président américain Joe Biden, Amos Hochstein, se trouvait au même moment à Beyrouth où il a jugé "urgente" une désescalade entre Israël et le Hezbollah, afin d'éviter "une guerre à grande échelle".
Plus tôt, le Hezbollah avait diffusé des images présentées comme prises par un de ses drones au-dessus de Haïfa, le grand port du nord Israël, dont l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier l'authenticité.
- Six bombardements "emblématiques" -
La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait jusqu'à présent 37.372 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
L'ONU s'est inquiétée mercredi du respect du droit de la guerre par l'armée israélienne, en publiant une enquête sur six bombardements "emblématiques" dans la bande de Gaza, qui ont fait au moins 218 morts pendant les deux premiers mois de la guerre.
"L'obligation de choisir des moyens et des méthodes de guerre qui évitent ou, à tout le moins, minimisent dans toute la mesure du possible les dommages causés aux civils semble avoir été systématiquement violée", a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk.
Pour ces attaques, Israël a eu recours à "l'utilisation présumée" de bombes dont la charge explosive atteignait une tonne, selon ce rapport, "sur des immeubles habités, une école, des camps de réfugiés et un marché".
- La nourriture "inabordable" -
La guerre a aussi provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire assiégé, où l'aide internationale ne parvient qu'en quantité insuffisante.
Selon un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, le passage de Kerem Shalom "fonctionnait avec une capacité limitée" mardi, "notamment à cause des combats", tandis que celui de Rafah reste fermé depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle, côté palestinien, début mai.
"Ces dernières semaines, la situation s'est améliorée dans le nord, mais s'est considérablement détériorée dans le sud", a-t-il assuré, soulignant que des produits de base "étaient disponibles sur des marchés du sud et du centre de Gaza, mais à des prix inabordables pour beaucoup de gens", faute de quantités suffisantes.
Après plus de huit mois de guerre, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, fait face dans son pays à des critiques grandissantes.
Mardi soir, comme la veille, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Jérusalem pour réclamer des élections anticipées et un accord qui permettrait la libération des otages.
Mais Benjamin Netanyahu assure qu'il poursuivra la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. Le mouvement islamiste exige de son côté un cessez-le-feu définitif et un retrait israélien total de Gaza.
F.Harris--TNT