"Enfin": le mariage gay en passe d'être adopté en Thaïlande, une première en Asie du Sud-Est
La loi autorisant le mariage pour tous en Thaïlande doit franchir mardi une dernière étape parlementaire, devant le Sénat, qui devrait adopter sans surprise cette législation pionnière en Asie du Sud-Est.
"Aujourd'hui (mardi), les Thaïlandais pourront sourire. Tout le monde en parle en ce moment. Aujourd'hui, ça va enfin arriver", a déclaré Tunyawaj Kamolwongwat, député du parti pro-démocratie Move Forward.
"C'est une victoire pour le peuple", a souligné le parlementaire, avant de poser aux côtés d'autres élus et de collaborateurs avec deux drapeaux LGBT+, dans une salle du Parlement.
Les sénateurs, nommés par l'armée, examineront dans la matinée la législatition autorisant l'union entre personnes de même sexe, réclamée depuis de longues années par la communauté LGBT+.
Militants et observateurs s'attendent à un vote positif -- qui devrait avoir lieu dans l'après-midi --, tant le consensus est large autour de ce texte, en dépit des divisions profondes entre le camp pro-démocratie et l'establishment militaro-royaliste.
"J'ai confiance. Le sujet est trop important pour échouer", a assuré à l'AFP l'activiste LGBT+ Siritata Ninlapruek.
- Mois des fiertés -
Des festivités sont prévues plus tard dans la journée, au palais du gouvernement et dans le centre de Bangkok, avec un drag show au programme.
Dans la capitale, les centres commerciaux géants, prisés des touristes, se sont mis aux couleurs du drapeau arc-en-ciel depuis le début du mois des fiertés (juin), en signe de soutien.
La communauté LGBT+ bénéficie d'une large visibilité au royaume bouddhique, réputé pour sa tolérance qui attire des touristes gay de pays voisins conservateurs.
Les députés ont donné leur feu vert au mariage pour tous en mars dernier, à une large majorité.
En cas d'accord du Sénat, le texte sera présenté au roi Maha Vajiralongkorn pour parution dans la gazette royale, synonyme de promulgation.
La Thaïlande deviendrait ainsi le premier pays d'Asie du Sud-Est à légaliser le mariage pour tous, et le troisième du continent asiatique, après Taïwan et le Népal.
Les premières unions homosexuelles pourront être célébrées 120 jours après la promulgation de la loi, soit à l'automne.
"Je suis si heureuse de voir tout le chemin parcouru", a confié Chotika Hlengpeng, une participante de la marche des fiertés qui a rassemblé des milliers d'enthousiastes début juin à Bangkok.
- Consensus -
La nouvelle législation vise à modifier les références aux "hommes", "femmes", "maris" et "épouses" pour les remplacer par des termes non genrés, en l'occurrence "individus" et "partenaires de mariage".
Elle doit aussi conférer aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels en matière d'adoption ou d'héritage.
Mais les activistes déplorent l'absence de reconnaissance des personnes transgenres ou non-binaires, qui n'auront toujours pas le droit de faire modifier leur genre sur leurs documents d'identité.
L'arrivée au pouvoir, l'été dernier, de Srettha Thavisin, premier civil à occuper le poste de Premier ministre depuis le coup d'Etat de 2014, a contribué à accélérer le processus législatif, habituellement tortueux en Thaïlande.
L'instabilité chronique de la vie politique thaïlandaise, entre coups d'Etat et grandes contestations populaires, a eu raison de précédentes tentatives de légalisation ces dernières années.
Aujourd'hui, le texte suscite l'adhésion de la coalition au pouvoir, jugée favorable aux intérêts de l'armée, et de l'opposition progressiste incarnée par le parti Move Forward, dans un rare moment d'union à une période de tensions.
Srettha Thavisin et Move Forward font l'objet de procédures devant la Cour constitutionnelle, qui ont plongé le pays dans l'incertitude.
Depuis les Pays-Bas, premiers à célébrer des unions homosexuelles en 2001, plus d'une trentaine de pays ont légalisé le mariage pour tous dans le monde.
R.Hawkins--TNT