En Suisse, deux jours de sommet pour la paix en Ukraine avec des ambitions mesurées
Le Sommet pour la paix en Ukraine qui démarre samedi autour du président ukrainien Volodymyr Zelensky et des représentants de quelque 90 pays affiche des ambitions mesurées en l'absence de la Russie et de la Chine et se veut un premier pas sur le chemin de la paix.
"Ensemble, nous faisons le premier pas vers une paix juste fondée sur la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux du droit international", a déclaré le président ukrainien sur X.
Les invités au sommet, qui se tient en Suisse, "viennent de tous les continents et de toutes les régions du monde, représentant des perspectives différentes mais unis par le respect du droit international et des autres", a-t-il souligné.
La réunion, qui se tient dans la station ultra-chic de Bürgenstock, débutera par une séance plénière samedi après-midi, suivie d'un dîner.
Vendredi, le président russe Vladimir Poutine s'est invité avec fracas dans la conversation en exigeant de facto la reddition de l'Ukraine avant tous pourparlers.
"Ce dont nous avons besoin, ce n'est pas d'une paix dictée, mais d'une paix juste et équitable qui tienne compte de l'intégrité et de la souveraineté de l'Ukraine", a rétorqué le chancelier allemand Olaf Scholz, samedi sur la chaîne ARD, dans le sillage de la condamnation par les Etats-Unis et l'Otan des conditions du maître du Kremlin, qui a lancé l'invasion à grande échelle du voisin ukrainien en février 2022.
M. Zelensky avait alors dénoncé l'"ultimatum" à la "Hitler" du président russe.
- Ebauche d'une voie vers la paix -
La vice-présidente américaine Kamala Harris vient, elle, avec une nouvelle aide de plus de 1,5 milliard de dollars, principalement pour le secteur énergétique et pour l'aide humanitaire. Le président Joe Biden a préféré rentrer aux Etats-Unis après le G7 en Italie.
"Je pense que l'histoire est en cours à ce sommet", a écrit Mme Harris sur Telegram.
Le président français Emmanuel Macron participera au sommet samedi aux côtés notamment des autres chefs d'Etat et de gouvernement du G7 (Allemagne, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni).
Les hôtes suisses ont voulu rassembler le plus de pays possible, en particulier ceux du Sud global. Mais parmi les pays émergents des Brics, seule l'Arabie saoudite envoie son chef de la diplomatie.
Quant à la Chine, elle avait prévenu qu'elle ne participerait pas tant que la Russie ne serait pas du tour de table.
Les dirigeants de l'UE ainsi que les présidents d'Argentine, de Colombie, du Chili, de Finlande et de Pologne seront présents.
- Dubitatifs -
En Ukraine sur le front oriental de Donetsk, où se déroulent de violents combats, Maxime et son unité de tankistes sont dubitatifs par rapport à ce grand raout diplomatique. Ce trentenaire "aimerait espérer" que le sommet aboutira à quelque chose "mais l'expérience montre que rien n'en sortira", dit à l'AFP le militaire.
A Kiev, Victoria, qui travaille dans le secteur de l'énergie, "n'a pas de grands espoirs" non plus. "J'aimerais que l'on trouve un chemin vers la paix, parce que je suis épuisée par cette guerre (...) mais je ne suis pas très optimiste", explique cette trentenaire.
Les experts sont tout aussi prudents.
"Des négociations significatives qui pourraient véritablement mettre fin à la guerre dévastatrice en Ukraine restent hors de portée", estime le groupe de réflexion International Crisis Group.
- Des milliards et des alliances -
Volodymyr Zelensky, arrivé dès vendredi soir, vient de passer les dernières semaines à plaider sa cause à travers le monde entier non et arrive du sommet du G7 en Italie avec un prêt de 50 milliards de dollars en poche.
Les fonds seront garantis par les intérêts que rapporteront les actifs russes gelés depuis le début de l'invasion. Pour Vladimir Poutine, c'est "un vol qui ne restera pas impuni".
Le président ukrainien a aussi signé des accords de sécurité avec les Etats-Unis et le Japon en marge G7 après en avoir fait de même avec plusieurs autres alliés ces derniers mois.
Il reçoit de nouveau des armes des Etats-Unis après de longs mois d'attente qui ont mis l'armée ukrainienne en grande difficulté et Washington, ainsi que d'autres pays alliés, l'ont autorisé - sous conditions - à utiliser leurs armes pour frapper directement en territoire russe.
Enfin vendredi soir, les 27 ont donné leur "accord de principe" à l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE.
Dimanche, trois sujets seront abordés en détail: sûreté nucléaire, liberté de navigation et sécurité alimentaire, et aspects humanitaires, notamment le sort des enfants ukrainiens déportés en Russie.
Un deuxième sommet est envisagé, auquel Kiev espère qu'une délégation russe participera.
La Russie a beau dénigrer la réunion en Suisse, elle "fait tout son possible pour montrer son mécontentement" et prouve ainsi qu'elle est "inquiète", a déclaré à l'AFP Samuel Charap, du groupe de réflexion américain RAND.
N.Johns--TNT