Un Français détenu en Iran de retour en France, trois autres toujours emprisonnés
Fatigué, mais souriant: le Français Louis Arnaud, détenu en Iran depuis septembre 2022, est arrivé jeudi matin à l'aéroport du Bourget, près de Paris, un épilogue heureux pour ce voyageur de 36 ans alors que trois de ses compatriotes sont encore emprisonnés par la République islamique.
Après avoir salué le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, au pied de la passerelle de l'avion qui l'a ramené chez lui, il a longuement serré dans ses bras son père, puis sa mère, venus l'y attendre, selon des images de la chaîne de télévision LCI.
Bras dessus, bras dessous avec ses parents, il s'est ensuite dirigé vers un salon loin des caméras, tandis que le ministre saluait une "belle victoire diplomatique de la France".
L'Iran détient une dizaine de ressortissants occidentaux et est accusée par leurs soutiens et des ONG de s'en servir comme monnaie d'échange dans des négociations d'Etat à Etat.
"Le lever de soleil ce matin est plus lumineux que jamais", a écrit à des journalistes sa mère, Sylvie Arnaud. "Voilà presque 21 mois que nous attendions le retour de notre fils", a-t-elle ajouté, soulignant "un moment merveilleux" et remerciant les autorités françaises et les soutiens qui ont contribué à la libération.
Louis Arnaud, un consultant, avait entamé un tour du monde en juillet 2022 qui l'avait mené jusqu'en Iran. Il avait été arrêté en septembre 2022 avec d'autres Européens accusés d'avoir participé aux manifestations après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne décédée après son arrestation par la police des moeurs.
- "Stratégie d'escalade" -
Ses compagnons de voyage avaient été rapidement libérés mais Louis Arnaud était resté en prison avant d'être condamné, en novembre dernier, à cinq ans de prison pour propagande et atteinte à la sécurité de l'Etat.
Sa condamnation avait été jugée "inacceptable" par Paris.
Trois autres Français sont toujours détenus dans les geôles iraniennes: le couple formé par Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 et accusés par Téhéran d'être des espions, ainsi qu'un homme prénommé Olivier, dont le nom de famille n'a pas été rendu public.
Sylvie Arnaud a apporté jeudi son soutien à leurs proches. "Nos pensées sont auprès d'eux, qui attendent encore le retour de leur proche et nous resterons à leurs côtés jusqu'à ce qu'ils puissent connaître ce même bonheur", a-t-elle écrit.
Noémie Kohler, soeur de Cécile, a de son côté expliqué à l'AFP ne pas avoir "de signe de vie ni de Cécile ni de Jacques depuis le 13 avril".
"On est très heureux pour Louis et ses proches. Et en même temps, pour nous, la situation reste bloquée et on est très, très inquiets", a-t-elle déclaré, dénonçant des conditions de détention "absolument effroyables".
Louis Arnaud a quitté la prison d'Evin mercredi à l'aube et a pris un avion pour le sultanat d'Oman après avoir vu un médecin, avait indiqué mercredi une source diplomatique à l'AFP.
Sa libération est "le résultat du travail qu'ont mené les autorités françaises depuis plusieurs mois avec les autorités iraniennes, y compris les contacts du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avec son homologue avant son décès".
Le président iranien Ebrahim Raïssi et son ministre des Affaires étrangères sont morts le 19 mai dans un crash d'hélicoptère.
En mai dernier, Paris avait dénoncé "la pratique odieuse de la République islamique des aveux forcés et publics, ainsi que les conditions de détention inhumaines et indignes infligées à nos compatriotes".
Le Quai d'Orsay, qui qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat", demande leur libération immédiate. Officiellement, ces libérations ne donnent lieu à aucune contrepartie.
Deux autres Français, Benjamin Brière et Bernard Phelan, également de nationalité irlandaise, avaient été libérés en mai 2023 pour "raisons humanitaires".
Mais les dossiers des autres étrangers encore détenus en Iran sont en suspens. Paris et Washington "sont déterminés à exercer les pressions nécessaires" sur Téhéran qui mène "une stratégie d'escalade tous azimuts", a déclaré samedi le président français Emmanuel Macron aux côtés de son homologue américain Joe Biden.
A.Wood--TNT