Européennes: les Slovaques aux urnes, Meloni en première ligne en Italie
La Slovaquie a commencé à voter samedi aux élections européennes, après une tentative d'assassinat du Premier ministre Robert Fico qui a renforcé le soutien à son camp aux penchants pro-Poutine, et l'Italie où la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni fait figure de favorite, lui emboîtera le pas dans l'après-midi.
Après les Néerlandais jeudi, qui ont confirmé une poussée de l'extrême droite - toutefois devancée par la coalition sociale-démocrate et écologiste, selon les estimations, puis les Irlandais et les Tchèques vendredi, les Lettons et les Maltais entrent aussi en piste samedi pour ce marathon électoral s'échelonnant sur quatre jours dans les 27 pays de l'UE.
Robert Fico, 59 ans, a été blessé par balles le 15 mai. Amaigri après deux interventions chirurgicales, il a annoncé mercredi être prêt à reprendre le travail ce mois-ci et décrit son assaillant comme un "messager" de "la haine politique" entretenue selon lui par l'opposition.
Dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Otan et de l'UE depuis 2004, l'attentat a alimenté la campagne de son parti, le Smer-SD, qui se décrit comme un "parti de paix", s'oppose aux livraisons d'armes à l'Ukraine et fustige "les attaques croissantes des bellicistes de Bruxelles".
- "Nos intérêts, pas ceux de Bruxelles" -
"J'ai voté pour Smer, ils ont toujours défendu nos intérêts, ceux de la Slovaquie, plutôt que ceux de Bruxelles", a déclaré à l'AFP Jozef Zahorsky, un enseignant de 44 ans de Modra, ville proche de la capitale Bratislava.
A l'inverse, une étudiante de 20 ans, Kristina Morhacova, confie avoir choisi le parti libéral PS pour ses "principes progressistes" et pour "éviter que Smer et compagnie ne cumulent tous les pouvoirs".
"Seule une UE plus forte peut transformer les défis en opportunités", a réagi de son côté le commissaire européen slovaque Maros Sefcovic sur X.
La présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola, a également indiqué sur X, photo à l'appui, avoir accompli son devoir d'électrice dans son pays.
Reste à voir quel sera le taux de participation pour élire les eurodéputés slovaques: il n'était que de 22,7% lors des européennes en 2019, l'un des plus faibles dans l'UE.
Dans la plupart des Etats membres, dont la France et l'Allemagne, le vote aura lieu dimanche. Au total, 720 membres du Parlement européen doivent être élus, dans un climat tendu par la guerre en Ukraine et des soupçons de désinformation russe.
Au Danemark, à deux jours du scrutin dans ce pays, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a été "frappée" selon ses services vendredi par un homme sur une place de Copenhague, assombrissant encore davantage l'atmosphère.
- "Les souverainistes à l’assaut de l'UE" -
Dans l'après-midi, les projecteurs se déplaceront vers l'Italie, troisième pays de l'UE, où plus de 47 millions de citoyens sont appelés aux urnes pour élire 76 eurodéputés. L'ouverture des bureaux de vote, prévue à 15H00 (13H00 GMT) jusqu’à 23H00 (21H00 GMT), se poursuivra dimanche.
Arrivée au pouvoir fin 2022, la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni a pris la tête de liste de son parti post-fasciste Fratelli d'Italia (FDI): celui-ci engrange 27% des intentions de vote selon les derniers sondages, suivi du Parti démocrate (gauche) avec 21% et du Mouvement Cinq Etoiles (populiste) avec 15,5%.
"Les souverainistes à l'assaut de l'UE", titrait le quotidien La Repubblica (centre-gauche).
Mme Meloni votera dès l'ouverture des bureaux dans sa circonscription à Rome, où la température avoisinera 35°C. Dans un message vidéo vendredi, elle a rappelé ses priorités: "Défendre les frontières contre l'immigration illégale, protéger l'économie réelle et les emplois, lutter contre la concurrence déloyale qui nuit à nos entreprises (…) soutenir la famille et la natalité".
Fratelli d'Italia pourrait envoyer 22 députés au Parlement européen, contre six actuellement: de quoi contribuer à la poussée attendue de l'extrême-droite et confirmer le rôle central de Giorgia Meloni, dont le soutien sera crucial pour la candidature d'Ursula von der Leyen, issue du PPE (droite), à un second mandat à la présidence de la Commission européenne.
La dirigeante italienne est courtisée par Mme von der Leyen qui voit en elle une partenaire fréquentable, pro-européenne et pro-Ukraine. Mais aussi par la figure de proue du RN français Marine Le Pen, dont le parti est donné largement en tête en France et qui rêve de constituer un grand groupe nationaliste au Parlement.
Les forces eurosceptiques, radicales et d'extrême-droite sont actuellement divisées en deux groupes dans l'hémicycle et Giorgia Meloni s'est jusqu'à présent montrée prudente sur une possibilité d'union.
N.Roberts--TNT