En France, Zelensky exhorte à "faire plus" pour sauver la paix en Europe après les 80 ans du D-Day
"L'Europe n'est plus un continent de paix", a déploré vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant les députés français en exhortant ses alliés à en "faire plus" pour aider Kiev face à l'agression russe, au lendemain de la commémoration des 80 ans du D-Day en Normandie (nord-ouest), où le président américain Joe Biden prononcera dans l'après-midi un discours sur la démocratie.
Face à une Assemblée nationale qui n'avait pas fait le plein, le président ukrainien a brossé un tableau noir de la situation sur le Vieux continent après avoir participé la veille aux commémorations du Débarquement aux côtés d'Emmanuel Macron, de Joe Biden, du Premier ministre canadien Justin Trudeau et du chancelier allemand Olaf Scholz.
"De nouveau en Europe, les villes sont entièrement détruites et des villages sont incendiés. De nouveau en Europe apparaissent des camps de filtration, des déportations et la haine", a-t-il énuméré, qualifiant le président russe Vladimir Poutine "d'ennemi commun" de son pays et de l'Europe.
Remerciant à plusieurs reprises la France pour son soutien militaire et diplomatique, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir la cession d'avions de chasse Mirage 2000-5 à Kiev, le chef de l'Etat ukrainien a affirmé que la victoire était possible, malgré les avancées russes sur le front. "Pouvons-nous gagner cette bataille ? Certainement, oui", a assuré le président ukrainien, qui s'exprimait pour la première fois devant la représentation française.
"Cette bataille est à la croisée des chemins", a-t-il estimé. "Pour la paix juste, il faut plus", a-t-il ajouté. "Et ce n'est pas un reproche, c'est juste comment vaincre le mal, faire plus aujourd'hui qu'hier".
- L'espoir d'une "fin juste" de la guerre -
Volodymyr Zelensky a par ailleurs jugé que le sommet international sur la paix prévu les 15 et 16 juin en Suisse pourrait rapprocher l'Ukraine "de la fin juste de cette guerre". Cette conférence internationale réunira plus d'une centaine de pays et d'organisations, mais pas la Russie.
M. Zelensky doit s'entretenir avec le ministre français des Armées avant une rencontre en fin d'après-midi avec Emmanuel Macron.
Lors d'une interview télévisée la veille, le président français a évoqué le possible envoi d'instructeurs européens sur le sol ukrainien, à la demande de Kiev, sans toutefois apporter de réponse ferme.
"Nous sommes en train de travailler avec l'ensemble de nos partenaires (…) Nous déciderons en coalition", a-t-il assuré. Berlin a déjà publiquement exclu cette possibilité.
A la question de savoir si l'envoi d'instructeurs occidentaux en Ukraine constituait une escalade face à Moscou, "la réponse est non", a tranché M. Macron. "Allez former quelqu'un dans la zone Ouest qui est une zone libre en Ukraine, ce n'est pas agressif", a-t-il insisté.
En parallèle de cette séquence ukrainienne, le président américain Joe Biden prononcera un discours sur le site de l'une des plus féroces batailles du Débarquement, la Pointe du Hoc en Normandie, dont les Rangers américains se sont emparés le 6 juin 1944, prenant sur les Allemands un ascendant décisif.
A cinq mois de l'élection américaine, c'est autant le président que le candidat démocrate que l'on entendra, à 16H00 locales (15H00 GMT), alors que les sondages peinent à départager Joe Biden et son rival républicain Donald Trump.
Jeudi, le locataire de la Maison Blanche a promis de ne jamais abandonner ses alliés occidentaux ni l'Ukraine dans sa bataille contre la Russie, alors que l'ex-président Trump a publiquement remis en question l'importance d'organisations comme l'Otan.
"Nous vivons à un moment où la démocratie n'a jamais été autant à risque dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", a-t-il déclaré. Sous son mandat, Washington ne cessera pas de soutenir Kiev "car si nous le faisons, l'Ukraine sera soumise et cela ne s'arrêtera pas là", a-t-il averti.
Vendredi à Bayeux (ouest), où les premiers soldats américains débarquèrent en France l'aube du 6 juin 1944, Emmanuel Macron a estimé, que le D-Day avait marqué la "renaissance" de la France "universelle et fière".
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S.Arnold--TNT