Argent, voyages, tech: ce que l'Europe a changé pour les consommateurs
Quel impact a l'UE dans la vie des consommateurs européens? A l'approche des élections européennes, tour d'horizon de quelques mesures phares pour les paiements, les voyages ou internet.
L'euro a fini par s'installer
C'est la matérialisation la plus concrète de la coopération européenne dans la vie quotidienne des 350 millions d'habitants des 20 pays de la zone euro: l'euro a remplacé il y a deux décennies le deutsche mark, le franc, la peseta ou la lire dans les portefeuilles des Européens, qui l'ont peu à peu adopté.
"La monnaie commune, c'est simple et plus agréable qu'avant", juge aujourd'hui Karin, une retraitée allemande de 72 ans.
L'Allemagne était pourtant l'un des pays où l'euro avait eu du mal à se faire accepter, à cause notamment du sentiment que son arrivée s'était accompagnée d'une hausse des prix: les Allemands l'avaient surnommé le "teuro", un jeu de mots associant euro et "teuer", "cher" en allemand.
Au début des années 2010, les problèmes de la dette dans plusieurs pays de la zone euro (Grèce, Italie, Irlande, Portugal) ont aussi mis à rude épreuve la solidarité entre les Etats, avec le risque d'implosion de la monnaie.
Mais depuis, les critiques sont moindres. A l'automne 2023, 79% des utilisateurs de l'euro s'y disaient favorables, selon l'Eurobaromètre Standard mené par la Commission européenne.
L'UE, cela veut aussi dire aujourd'hui des virements sans frais entre pays de la zone euro, ou l'absence de surcoût quand on utilise sa carte bancaire lors d'un voyage dans un autre pays utilisant la monnaie unique.
En voyage: fin du roaming et indemnisation des retards aériens
Il y a quelques années, cela pouvait coûter très cher d'utiliser son téléphone portable dans un autre pays européen, à cause de ce qu'on appelle les frais de "roaming" ou d'itinérance à l'étranger. Depuis juin 2017, ils sont supprimés dans l'UE.
Outre des factures allégées pour les personnes qui voyagent, cela permet une "charge mentale en moins", fait valoir auprès de l'AFP Kevin Eon, cadre français dans une start-up dont le siège est aux Pays-Bas. "Quand tu déménages en dehors de la France, ça te facilite la vie. Pour les démarches administratives, j'ai pu donner mon numéro de téléphone mobile français, sans avoir besoin d'acheter une carte SIM néerlandaise. C'est un gain de temps énorme", raconte-t-il.
Clémentine Kratz, Française qui étudie à Paris, mais fait de nombreux allers-retours au Luxembourg où elle réside, a pu abandonner son numéro luxembourgeois, qui lui coûtait "trop cher", pour ne conserver que le français.
Autre disposition importante pour les consommateurs: l'UE oblige les compagnies aériennes à indemniser les passagers (entre 250 et 600 euros) en cas de retard ou d'annulation d'un vol au départ ou à destination de l'UE, et à leur porter assistance avec des rafraîchissements, une restauration, un hébergement...
La compagnie peut toutefois s'en exempter en faisant valoir des "circonstances extraordinaires". Les recours judiciaires sont fréquents. En France notamment, les tribunaux de proximité situés près des aéroports sont inondés par le contentieux aérien: pour celui d'Ivry, près de l'aéroport d'Orly en région parisienne, cela a représenté près des deux tiers des affaires nouvelles l'an dernier.
Un seul chargeur mais beaucoup de cases à cocher pour les "cookies"
Finis les tiroirs bourrés de câbles et de chargeurs en tous genres. D'ici à l'automne, le port de type USB-C deviendra l'unique chargeur pour les appareils électroniques portables vendus dans l'UE, au grand dam du géant américain Apple, qui possédait jusqu'à maintenant son propre standard.
Cette législation pionnière dans le monde va s'imposer notamment pour les téléphones mobiles, les tablettes, les enceintes portatives ou les consoles de jeux vidéo portables et ce, quel que soit le fabricant.
Moins simple, l'obligation faite depuis 2018 aux sites internet, sous peine d'amende, de recueillir le consentement des internautes avant de déposer les traceurs numériques, les fameux "cookies" permettant de proposer des publicités ciblées.
Samuel Baer, étudiant français de 19 ans, avoue cliquer "accepter" sur les fenêtres pop-up demandant son consentement, en lisant rarement ce qui est écrit.
"Parfois, c'est agaçant, parfois, je m'en fiche, ça dépend de combien de temps je dispose", explique Marta Riboni, Italienne de 27 ans, quand pour la Française Victoire Philippe, il s'agit "d'une vraie nuisance".
"Je clique +refuser+ systématiquement", détaille cette dernière. "Personne n'a envie que des sites nous suivent sur internet", ajoute la jeune femme, qui reconnaît toutefois que devoir cocher chaque case sur ces formulaires est pénible.
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F.Harris--TNT