Israël cible le centre de Gaza, nouveaux efforts internationaux pour une trêve
Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie israéliens ont ciblé mercredi le centre de la bande de Gaza, où la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien va entrer dans son neuvième mois, les médiateurs redoublant d'efforts pour arracher un cessez-le-feu.
Près d'un mois après le début d'une offensive terrestre sur Rafah (sud), présentée par Israël comme l'étape finale de sa guerre contre le Hamas, déclenchée après une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, les combats se concentrent ces derniers jours dans le centre de la bande de Gaza.
Au cours de la nuit, huit personnes ont été tuées dans une frappe aérienne israélienne qui a touché une maison dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi, ont rapporté des sources hospitalières. D'après la Défense civile, trois autres personnes ont perdu la vie à l'est de ce camp dans les mêmes circonstances.
Toujours dans le centre, une frappe près de l'entrée du camp d'al-Boureij et des tirs d'artillerie au sud-est de Deir el-Balah ont fait plusieurs victimes, selon des témoins.
Après bientôt huit mois de guerre, l'Egypte, les Etats-Unis et le Qatar, pays médiateurs, poursuivent leurs efforts pour tenter de convaincre les belligérants de conclure un cessez-le-feu, quelques jours après l'annonce du président américain Joe Biden d'une nouvelle proposition d'accord proposé selon lui par Israël.
Celle-ci prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages emmenés lors de l'attaque du Hamas dans le territoire palestinien, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Elle vise à établir un cessez-le-feu "permanent" dans une phase ultérieure, à condition que le Hamas "respecte ses engagements", avait déclaré M. Biden.
Le patron de la CIA, William Burns, est attendu mercredi à Doha, pour "continuer à oeuvrer avec les médiateurs à conclure un accord" de cessez-le-feu, d'après une source au fait des négociations.
Al-Qahera News, média proche du renseignement égyptien, a rapporté qu'une délégation égyptienne rencontrerait mercredi ses homologues qatari et américain à Doha, citant une source haut placée.
Selon le site américain Axios, le conseiller spécial du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, est, lui, attendu mercredi au Caire.
- Attente d'une "position claire" -
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sur le sud d'Israël de commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 251 personnes ont été emmenées comme otages lors de cette attaque. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d'une centaine d'entre eux, 120 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l'armée israélienne.
En réponse à l'attaque du 7 octobre, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36.550 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Les exigences contradictoires des deux camps laissent peu d'espoir de voir le plan annoncé par M. Biden se concrétiser, le Hamas insistant pour un "cessez-le-feu permanent", tandis qu'Israël assure vouloir "détruire" le mouvement palestinien, considéré comme "terroriste" par Israël, Washington ou encore l'Union européenne.
Le Qatar a dit attendre "une position claire" d'Israël, qui a semblé prendre ses distances avec ce plan.
Dans la nuit de mardi à mercredi, le cabinet de guerre israélien a décidé de demander aux Etats-Unis des garanties pour poursuivre la guerre si le Hamas violait l'accord, selon la télévision publique israélienne Kan.
- "Affamés" -
Sur le plan humanitaire, l'ONG Oxfam a dénoncé mardi les conditions sanitaires "épouvantables" dans la zone d'Al-Mawassi, près de Khan Younès, dans le sud.
Alors que "1,7 million d'habitants sont désormais concentrés sur moins d'un cinquième de la bande de Gaza", qui comptait au début de la guerre 2,4 millions de Palestiniens, les bombardements israéliens et les blocages "délibérés" rendent "pratiquement impossible" l'accès aux civils "pris au piège et affamés", a déploré Oxfam.
Des habitants de Gaza en sont réduits à "boire des eaux usées" et manger de la nourriture pour animaux, a dénoncé pour sa part la responsable régionale de l'Organisation mondiale de la santé, plaidant pour une augmentation immédiate de l'aide humanitaire.
Celle-ci arrive au compte-gouttes dans le territoire assiégé, l'offensive sur Rafah ayant entraîné la fermeture du point de passage avec l'Egypte, crucial pour l'acheminement de l'aide internationale.
Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargée de gérer les affaires civiles dans les territoires palestiniens, a indiqué mardi que le terminal israélien de Kerem Shalom, autre passage vers la bande de Gaza, était à "pleine capacité".
"Nous ne sommes même pas près du niveau où nous devons être. Nous avons besoin que tous les points d'entrée soient ouverts. Nous avons besoin d'un accès sûr et sans entrave", a appelé sur X le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.
A.Davey--TNT