A six jours des élections européennes, deux motions de censure à l'Assemblée nationale
LFI et le RN vont défendre lundi à l'Assemblée nationale deux motions de censure qui ont peu de chances de faire tomber le gouvernement mais servent surtout à marteler leur opposition radicale au président de la République Emmanuel Macron à six jours des élections européennes.
Examinées à partir de 13H30, ces deux motions lancent l'ultime semaine avant le scrutin du 9 juin, qui pourrait voir l'extrême droite s'offrir un score record.
Les sondages créditent la liste Rassemblement national de Jordan Bardella de 32 à 34% d'intentions de vote (32,5% dans un sondage Elabe paru samedi), loin devant la macroniste Valérie Hayer (16%) et la tête du liste du Parti socialiste/Place publique Raphaël Glucksmann (13%).
Ce weekend, l'heure était à la mobilisation générale dans tous les états-majors. "Ne soyez pas spectateur (du) déclin (de la France): devenez acteur de son redressement et venez à nos côtés", a lancé le candidat du RN en conclusion d'un discours prononcé devant plus de 5.000 sympathisants au Dôme de Paris.
Dans le camp présidentiel, l'enjeu était de convaincre que "rien n'est joué", slogan omniprésent d'un grand meeting samedi à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Evidemment", que la liste de Mme Hayer peut arriver en tête a soutenu le Premier ministre Gabriel Attal sur France 3. "On se bat pour ça", a-t-il souligné.
Manon Aubry (LFI) à Toulouse, Raphaël Glucksmann à Marseille, Marie Toussaint (Ecologistes) à Aubervilliers ont tous lancé des appels à la mobilisation, particulièrement en direction de la jeunesse, l'enjeu étant aussi à gauche de déterminer qui prendra l'ascendant en vue de 2027.
Emmanuel Macron, en première ligne pour les commémorations du Débarquement de Normandie auxquelles doit se joindre le président américain Joe Biden, entrera de plain-pied dans la campagne jeudi.
Il a prévu d'accorder une interview à France 2 et TF1 en direct depuis Caen dans le journal de 20H00, lors de laquelle il s'exprimera sur les élections européennes et la situation en Ukraine et à Gaza.
- "Austérité sans précédent" -
A l'Assemblée nationale, LFI et RN ont déposé des motions de censure pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement par décret au mois de février, sans soumettre un projet de loi de finances rectificative au Parlement.
Cosignée par les communistes et des écologistes, celle de La France Insoumise fustige "une austérité sans précédent", "insupportable sur le plan social et inefficace sur le plan budgétaire", après les dix milliards d'euros de crédits pour 2024 déjà gelés en raison du dérapage du déficit.
La gauche dénonce également le "surgel de dix milliards d'euros supplémentaires" que le gouvernement cherche à "annuler avant la fin de l'année".
Alors que la France vient de subir vendredi une dégradation de sa note souveraine par l'agence S&P, de "AA" à "AA-", le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répété sa ligne économique.
Il exclut toute "augmentation d'impôts" en 2025, au grand dam de la gauche, qui réclame de taxer les "ultrariches" et les "superprofits" des entreprises.
LFI a choisi son député Matthias Tavel pour défendre la motion à l'Assemblée. Egalement directeur de campagne de son parti pour les européennes, il ne devrait pas manquer de faire le lien avec l'élection du 9 juin, où les Insoumis sont crédités de 8,5% d'intentions de vote selon Elabe et semblent avoir du mal à mobiliser leur électorat.
Le Parti socialiste, qui n'a pas signé la motion LFI, la votera dans l'hémicycle, a indiqué son premier secrétaire Olivier Faure.
Et le RN, outre sa motion, soutiendra également celle des Insoumis pour tenter de renverser le gouvernement de Gabriel Attal. Il est toutefois très peu probable que la gauche parvienne à rassembler la majorité absolue de 289 voix nécessaire pour censurer l'exécutif, faute de soutien des députés LR.
Au sein des troupes de Marine Le Pen, Sébastien Chenu présentera la motion du Rassemblement national, qui accuse le gouvernement d'avoir "volontairement sous-évalué" le déficit.
L'exercice donnera aussi l'occasion à Gabriel Attal de défendre son bilan à l'Assemblée nationale juste avant les européennes.
Avec dans toutes les têtes, la perspective d'une future tentative de censure plus menaçante pour le Premier ministre, peut-être à l'automne pendant l'examen du budget, portée par les indépendants du groupe Liot ou par les députés LR, qui agitent régulièrement cette menace sans la mettre à exécution.
F.Lim--TNT