The National Times - En Serbie, six mois après des fraudes les Belgradois boudent les urnes

En Serbie, six mois après des fraudes les Belgradois boudent les urnes


En Serbie, six mois après des fraudes les Belgradois boudent les urnes

Les habitants de Belgrade ont voté dimanche, appelés à choisir entre une opposition divisée et le candidat du parti au pouvoir, six mois après un scrutin municipal entaché de fraudes et suivi de manifestations massives. Mais à peine la moitié se sont rendus aux urnes.

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Les bureaux de vote ont fermé à 20H (18h00 GMT). Deux heures avant, seuls 37% des électeurs de la capitale avaient voté, contre plus de 45% en décembre selon les seuls chiffres officiels de participation publiés dans la journée.

"Je vote parce que je veux que ça change, et que je ne suis pas satisfait de la situation", expliquait dans la journée Vanja Malesevic, un étudiant de 22 ans de Belgrade. "Je veux donner à quelqu'un d'autre, qui n'est pas encore au pouvoir, la chance de faire quelque chose pour nous, les citoyens de Belgrade".

 

Mais "irrégularités", "achat de voix" et "bourrages d'urnes" avaient pesé sur le scrutin, selon les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), déclenchant deux semaines de manifestations et des protestations internationales. Des fraudes que le SNS a toujours niées.

Incapable de trouver une majorité, le SNS a finalement dû se résoudre à un nouveau scrutin.

"Ce qui s'est passé en décembre s'est passé en décembre", a dit Lamberto Zannier, à la tête de la mission d'observation de l'OSCE invitée à surveiller le scrutin. "Aujourd'hui, nous avons 120 observateurs déployés à travers le pays, et nous observerons les scrutins toute la journée".

Selon le Centre pour des élections libres et la démocratie (CeSID), une ONG locale, il y aurait eu dans la journée plusieurs irrégularités à Belgrade, ainsi que dans d'autres villes du pays où se tenaient aussi des élections locales.

Ainsi à Novi Sad, deuxième ville de Serbie, des militants de l'opposition ont accusé le SNS d'avoir organisé un centre d'appel pour acheter des voix - quand ils ont voulu entrer dans le bâtiment, des heurts ont éclaté et des gaz lacrymogènes ont été utilisés.

En amont des élections, le Centre de recherche, de transparence et de responsabilité (CRTA), une autre ONG, avait fustigé une campagne "dominée en termes d'activités par la liste du parti au pouvoir et soutenue par les hauts responsables de l'État et de la ville" qui a ressemblé "à une élection nationale, voire présidentielle".

Croisé dans un bureau de vote de la capitale, Goran Mitrovic, un pharmacien de 61 ans, dit ne pas "attendre grand-chose". "Compte tenu des circonstances de ces élections et de la manière dont elles sont organisées : changer les règles électorales pendant la campagne et, d’une manière générale, certaines choses qui ne se produisent pas dans les systèmes démocratiques normaux..."

- "Je choisis de me battre!" -

Bien qu'il ne soit pas candidat, le président serbe fut le principal visage de la campagne pour la coalition réunie autour de la liste "Aleksandar Vučić - Belgrade Demain".

En face, l'opposition qui espérait faire tomber le maire sortant --l'ancien champion de waterpolo Aleksandar Šapić-- n'a cessé de se diviser. En jeu: la nouvelle loi électorale.

Adoptée sur demande de l'opposition, elle interdit à toute personne ayant déménagé au cours des 11 derniers mois de voter dans sa nouvelle circonscription.

Une réponse aux soupçons nourris contre le parti au pouvoir, accusé de déplacer des électeurs acquis à sa cause dans certains quartiers où ils viennent tout juste d'être enregistrés afin de faire pencher la balance en sa faveur.

Mais la réforme a été jugée insuffisante par certains partis d'opposition, qui ont décidé de boycotter le vote dans la capitale. Les autres participeront sous la bannière "Je choisis de me battre!".

Le résultat des listes de la formation Go Change, emmenée par une figure du combat contre l'exploitation du lithium en Serbie, sera particulièrement regardé. Tout comme le score du parti d'Aleksandar Vucic.

Avec 1,7 milliard d'euros de budget annuel et une exposition universelle en 2027, garder Belgrade serait essentiel pour le président serbe, que personne n'a battu lors d'une élection importante depuis 2012.

P.Jones--TNT