Agent du fisc tué: le procureur évoque la piste d'un acte prémédité
Le brocanteur qui a tué lundi un agent du fisc venu pour un contrôle à son domicile du Pas-de-Calais pourrait avoir prémédité son acte, a indiqué mardi le procureur de la République d'Arras, après un hommage à la victime rendu à l'Assemblée par députés et ministres.
"Nous avons retrouvé sur place des colliers de serrage" avec lesquels l'inspecteur principal tué et une collègue ont été attachés, a expliqué le procureur, Sylvain Barbier Sainte Marie.
"Ces liens avaient été probablement achetés avant les faits", sachant qu'un rendez-vous avait été fixé pour le contrôle, a-t-il mis en avant lors d'une conférence de presse.
L'enquête, menée par la section de recherche de la gendarmerie des Hauts-de-France, est ouverte des chefs d'assassinat et de séquestration.
L'agent du fisc, 43 ans, est décédé "de plusieurs coups de couteau portés dans le dos et au thorax", a souligné M. Barbier Sainte Marie. "Il présentait également une trace d'auto-défense."
Sa collègue, 39 ans, est fortement choquée psychologiquement. "Elle est actuellement en cours d'audition", a précisé le procureur.
Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait précisé à la mi-journée qu'elle avait "assisté au meurtre de son collègue".
- "Ça a dégénéré" -
Le mis en cause, retrouvé mort dans une dépendance de sa propriété, n'a pas laissé de message pour expliquer ses actes, selon le procureur.
Les deux agents s'étaient rendus chez lui à Bullecourt vers 14H00 dans le cadre d'un "examen de la situation fiscale de son entreprise" débuté en mai 2022, a expliqué M. Barbier Sainte Marie.
La première partie s'est plutôt bien passée "et ensuite ça a dégénéré", a-t-il développé.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le brocanteur a appelé son ex-épouse aux alentours de 16H00, lui demandant de venir. Arrivée vers 18H00, cette dernière a aperçu l'inspectrice "ligotée sur une chaise" et a "immédiatement" prévenu les gendarmes. Les deux hommes étaient déjà morts à leur arrivée.
L'Assemblée nationale a observé mardi une minute de silence en mémoire de la victime.
Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait auparavant annoncé un hommage mercredi à midi dans les Directions départementales des finances publiques (DDFiP) de France.
"La République pleure l'un des siens", a-t-il déclaré après s'être entretenu plus d'une heure avec les collègues de la victime aux services fiscaux d'Arras.
- "Tirer les leçons" -
L'accès au domicile de l'entrepreneur, dans un corps de ferme décati en briques rouges du village de Bullecourt, a été bloqué mardi par les gendarmes, qui y menaient des investigations.
La victime est décrite par ses collègues comme une "figure rassurante, solidaire, un vrai chef d'équipe", a rapporté le ministre.
Selon Bercy, il accompagnait sa collègue pour des raisons de sécurité. M. Attal a évoqué "des contrôles précédents" de ce brocanteur, au cours desquels "des situations de tension avaient pu exister".
Cet homme, divorcé et père de deux enfants, un garçon d'environ 13 ans et une fille "plus jeune", était "arrivé il y a à peu près sept ans dans la commune", selon Éric Bianchin, maire de cette bourgade de 250 habitants située au sud d'Arras.
Il "débarrassait les maisons" et organisait des ventes à son domicile via son entreprise, Speed Débarras. "On n'avait pas de souci avec cette personne", a-t-il ajouté, évoquant "un coup de folie".
Selon le procureur, l'entrepreneur avait suivi un stage sur la prévention des violences en 2019 après des violences sur mineurs.
S'il est confirmé par l'enquête qu'il est "bien l'auteur des faits", "nous allons nous diriger vers une extinction de l'action publique", a précisé le procureur.
Dans un communiqué, le syndicat FO-DGFiP a appelé à "tirer les leçons de cette tragédie pour renforcer concrètement la protection des personnels".
T.Bennett--TNT