Le FMI appelle la France à resserrer sa politique budgétaire dès l'an prochain
Après avoir déboursé des milliards pour soulager les entreprises et les ménages de la crise énergétique, la France doit commencer dès l'an prochain à assainir ses finances, recommande le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié lundi.
A travers le gel des prix de l'électricité et du gaz, des chèques énergétiques, remises sur les prix du carburants, soutien aux entreprises... la France a multiplié les dépenses depuis un an, évaluées par le FMI à plus de 2% de son PIB.
Celles-ci ont pesé sur des finances publiques déjà très dégradées par la pandémie de Covid-19 durant lesquelles le gouvernement a notamment financé le chômage partiel et les fermetures de commerces au titre du "quoi qu'il en coûte".
Après ces deux crises et au moment où les aides liées à la pandémie se sont estompées, "il est justifié de commencer la consolidation budgétaire en 2023", écrit le FMI dans les conclusions d'une mission d'évaluation économique de la France, connue sous le nom d'"article IV".
Or ce n'est pas le chemin que prend Paris, relève l'institution de Washington, notant que "la loi de finances 2023 ne cible pas une réduction du déficit, reportant l'ajustement budgétaire à 2024".
Le gouvernement table sur un déficit public de 5% l'an prochain après 4,9% cette année, et prévoit de revenir sous la barre des 3% en 2027, là où ses grands voisins misent sur un retour plus rapide à ce niveau.
Dans son document publié lundi, le FMI, qui table toujours sur une croissance de 0,7% l'an prochain en France, craint "un léger creusement du déficit" en 2023, citant la prolongation des mesures énergétiques et la poursuite de la suppression d'impôts de production pour les entreprises.
Pourtant, un ciblage des aides en matière énergétique pourrait "en grande partie" permettre un resserrement budgétaire d'un quart de point de PIB, calcule le FMI, citant aussi un éventuel report des réductions d'impôts de production.
A plus long terme, le déficit français devrait rester au-dessus du niveau auquel il stabilise la dette, anticipe aussi le FMI qui craint un creusement de l'écart "déjà important" avec les pays européens comparables.
Il appelle à "un ajustement soutenu" pour ramener le déficit à 0,4% du PIB d'ici à 2030 en s'appuyant sur la réduction de la croissance des dépenses courantes, notamment celles liées à la pandémie et la crise énergétique.
Le FMI met aussi l'accent sur les réformes structurelles, à travers le recul de l'âge de départ en retraite, l'achèvement de la réforme de l'assurance chômage, la rationalisation de certaines dépenses (combustibles fossiles ou logement), et celle des effectifs de la fonction publique.
T.Bennett--TNT