Fabrice Fries reconduit à la tête de l'AFP jusqu'en 2028
Arrivé par surprise à la tête de l'AFP en 2018, son PDG Fabrice Fries a été facilement reconduit dans ses fonctions pour un deuxième mandat de cinq ans, jeudi par le conseil d'administration de l'agence de presse mondiale.
"Le nouveau mandat de Fabrice Fries prendra effet à l'expiration du mandat actuel, soit le 15 avril 2023", a précisé la direction de l'Agence France-Presse dans un communiqué.
Composé de 18 membres (dont trois représentants de l'Etat et trois du personnel) en plus du PDG, le conseil d'administration (CA) a choisi de reconduire M. Fries plutôt que d'ouvrir la compétition à plusieurs candidatures, comme il en avait la possibilité.
Selon les représentants du personnel au CA, cette réélection a été décidée par 14 voix pour et 4 abstentions.
Le conseil s'est prononcé après avoir auditionné M. Fries sur son "projet stratégique", qui "servira de base à la négociation avec l'Etat du futur contrat d'objectifs et de moyens" pour la période 2024-28, selon la direction de l'AFP.
- "Factchecking" et vidéo -
Âgé de 62 ans et auparavant passé par Publicis, Fabrice Fries avait été élu en avril 2018 pour un premier mandat après le retrait surprise du PDG sortant, Emmanuel Hoog. Candidat à sa succession et en poste depuis 2010, M. Hoog avait jeté l'éponge après avoir appris que l'Etat lui retirait son soutien.
Durant son premier mandat, M. Fries a mis l'accent sur la lutte contre la désinformation (ou factchecking) et l'investigation numérique - objet d'un partenariat avec le groupe Meta (Facebook) - ainsi que sur la vidéo.
Autre axe de développement, la diversification des revenus de l'AFP hors journalisme, via les filiales Factstory (contenus pour la communication des marques) et MediaConnect (plateforme de distribution de communiqués).
En outre, le premier mandat de M. Fries a été marqué par un accord précurseur conclu avec Google sur les droits voisins, rémunérant l'utilisation des contenus de l'AFP pour cinq ans. Il a été scellé en novembre 2021, au terme de près de deux ans de bras de fer.
L'AFP a également signé deux contrats commerciaux avec le géant américain, eux aussi pour cinq ans, sur la formation des journalistes et étudiants en journalisme à l'investigation numérique et sur la production de formats visuels verticaux pour smartphones.
Le montant de tous ces accords est confidentiel.
En avril, l'AFP avait annoncé que ses recettes commerciales avaient progressé de 4,1% en 2021 par rapport à 2020.
Selon la direction, le résultat net a atteint un niveau "historique" de 10,6 millions l'an dernier, contre 5,3 millions d'euros en 2020, et 0,4 million en 2019, année où l'AFP renouait avec les bénéfices pour la première fois depuis 2013.
- Diversité -
Le plan d'économies lancé il y a trois ans, qui inclut des départs volontaires, a lui généré 11 millions d'euros en 2021, l'objectif total fixé d'ici à 2023 ayant été atteint à 80%.
Fin 2019, l'AFP avait signé un contrat d'objectifs et de moyens avec l'Etat pour la période 2019-23, ce dernier apportant une dotation globale de 356 millions d'euros.
Le conseil d'administration "a salué le redressement de l'Agence: je dois cette réélection à l'effort de tous", a réagi M. Fries dans un courriel aux salariés après sa reconduction, en se disant "fier et très heureux".
Mi-octobre, dans un premier courriel interne annonçant son intention d'être candidat à sa succession, le PDG prévenait toutefois qu'il restait "beaucoup à faire pour confirmer ce redressement", dans un contexte difficile (guerre en Ukraine, hausse du coût de l'énergie, conjoncture économique tendue pour nombre de médias clients de l'AFP à travers le monde...).
Par ailleurs, durant son premier mandat, M. Fries a insisté sur les questions de diversité, du point de vue des ressources humaines (mise en place d'un comité dédié) comme des contenus rédactionnels (création d'un poste dédié au sein de la rédaction en chef).
T.Cunningham--TNT