
Lip-Bu Tan prend la tête d'Intel, géant américain des puces en difficulté face à l'IA

Intel, le géant américain des semi-conducteurs mis en difficulté par son retard dans l'intelligence artificielle (IA), a annoncé mercredi avoir choisi Lip-Bu Tan, un ancien membre de son conseil d'administration, comme nouveau directeur général.
L'année dernière, la société de Santa Clara, dans la Silicon Valley, a lancé un plan social pour licencier 15% de son personnel, a perdu sa place au sein du célèbre indice Dow Jones (remplacée par sa concurrente Nvidia) et a congédié Pat Gelsinger, le patron qui avait lancé une vaste réorganisation en 2021.
M. Tan dirigeait auparavant Cadence Design Systems, qui produit des logiciels utilisés par tous les grands concepteurs de puces, y compris Intel.
Intel cherchait un remplaçant à Pat Gelsinger depuis son départ en décembre dernier. L'annonce a fait bondir son titre de plus de 10% à Wall Street, lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
"J'admire Intel depuis longtemps", a déclaré M. Tan dans un message aux employés publié sur le site du groupe, notant cependant que "les succès passés ne préjugent pas des succès futurs".
"Le rythme du changement continue de s'accélérer et la concurrence est intense. Vous le comprenez mieux que quiconque, et je sais que ces quelques années ont été difficiles pour vous tous et vos équipes", a-t-il ajouté.
Il devient le quatrième directeur général d'Intel en sept ans.
Brian Krzanich avait démissionné en 2018, à la suite de révélations sur une relation inappropriée avec une employée. Bob Swan a pris le relai en 2019, mais il a quitté ses fonctions deux ans plus tard, après qu'Intel a pris du retard dans la fabrication des puces. Pat Gelsinger lui a succédé en 2021.
Aucun n'a réussi à préparer Intel au tournant de l'IA.
Portés par l'avènement de l'IA générative depuis le succès de ChatGPT, la plupart des grands noms des semi-conducteurs se sont envolés en Bourse, Nvidia en tête.
Mais Intel a vu sa capitalisation amputée de plus de moitié (-57%) en 2024.
- Retards -
Géant historique des puces, le groupe californien accuse un fort retard dans les composants électroniques de pointe nécessaires aux modèles d'IA générative, comme les processeurs graphiques de son concurrent Nvidia.
"Dans les domaines où nous avons le vent en poupe, nous devons redoubler d'efforts et renforcer notre avantage", a souligné M. Tan, qui va aussi revenir au conseil d'administration d'Intel.
"Dans les domaines où nous sommes en retard sur la concurrence, nous devons prendre des risques calculés pour nous démarquer et faire un bond en avant. Et dans les domaines où nos progrès ont été plus lents que prévu, nous devons trouver des moyens d'accélérer le rythme."
Fin février, Intel a annoncé retarder de plusieurs années la construction d'usines de semi-conducteurs dans l'Etat américain de l'Ohio, à cause d'une demande insuffisante des clients, alors que les Etats-Unis essaient de relocaliser la production de ces composants essentiels à de nombreuses industries.
Les deux usines, qui vont coûter 28 milliards de dollars, doivent désormais être terminées en 2030 et 2031, alors que la production aurait dû commencer dès cette année.
L'entreprise a reçu l'année dernière des subventions de l'ancien gouvernement pour construire des usines aux Etats-Unis, dont 20 milliards de dollars en mars et près de 8 milliards en novembre, justifiées par sa capacité à disposer, sur le territoire américain, de l'ensemble de la chaîne de production de puces de dernière génération, de la fonderie à l'emballage.
Intel a fini l'année 2024 avec des résultats meilleurs qu'escomptés, mais des perspectives jugées trop faibles par le marché.
Au quatrième trimestre, son chiffre d'affaires est ressorti à 14,3 milliards de dollars, en baisse de 7% sur un an, mais légèrement au-dessus de ses prévisions et de celles du marché.
Pour le trimestre en cours, il prévoit des revenus compris entre 11,7 et 12,7 milliards de dollars - une fourchette inférieure aux attentes des analystes - et une perte nette de 270 millions.
"Nos perspectives pour le premier trimestre reflètent la tendance faible en cette saison, amplifiée par les incertitudes macroéconomiques, les stocks à résorber et la concurrence accrue", avait expliqué l'ancien co-directeur général par intérim, cité dans le communiqué de résultats trimestriels fin janvier.
F.Harris--TNT