
Le fabricant suédois de batteries Northvolt en faillite, 5.000 emplois affectés

Le fabricant de batteries électriques Northvolt, incapable de réunir les financements nécessaires à sa survie, s'est déclaré mercredi en faillite en Suède, un échec pour l'industrie européenne des batteries très dépendante de l'Asie.
Northvolt, qui s'était placé en novembre sous la protection de la loi américaine sur les faillites pour tenter de trouver de nouveaux investisseurs, a donc échoué dans son opération survie. Le groupe suédois employait encore quelque 5.000 salariés.
"Tout au long de ces quatre derniers mois, depuis que nous sommes entrés dans la procédure de restructuration sous le chapitre 11 (aux Etats-Unis), nous avons mené des efforts considérables pour restructurer financièrement l'entreprise, notamment en sollicitant un large éventail d'investisseurs potentiels, dans l'objectif de garantir un avenir stable à l'entreprise", a déclaré lors d'un point presse Tom Johnstone, le président par intérim du conseil d'administration de Northvolt.
La faillite de l'entreprise est l'une des plus grosses de l'histoire contemporaine de la Suède.
"Cette décision représente la seule issue réaliste", a-t-il ajouté, disant avoir "le coeur lourd". "Nous sommes désolés" que ce soit la fin, a-t-il encore dit à l'adresse des employés.
Un administrateur judiciaire va désormais superviser le processus, en particulier la vente de ses actifs et le règlement des obligations en cours. Interrogé par la radio publique SR, Mikael Kubu a dit espérer pouvoir "maintenir la production" le temps de trouver un repreneur.
En janvier, les actionnaires avaient donné leur feu vert à la poursuite de l'activité et à la recherche de nouveaux actionnaires. Les deux principaux actionnaires sont le constructeur automobile allemand Volkswagen, lui-même en difficulté financière, et la banque d'affaires américaine Goldman Sachs.
"Comme de nombreuses entreprises du secteur des batteries, Northvolt a été confronté ces derniers mois à une série de défis cumulés qui ont affaibli sa situation financière, notamment la hausse des coûts du capital, l'instabilité géopolitique, des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement et les évolutions de la demande du marché", a expliqué la société.
Le groupe avait entamé une sévère restructuration en septembre, supprimant un quart de ses effectifs et concentrant ses efforts sur son principal site de production dans le nord de la Suède, à Skellefteå.
Il avait gelé ses projets d'implantation d'usines géantes de production au Canada, en Allemagne mais également son projet à Göteborg (sud-ouest de la Suède) en partenariat avec Volvo.
Mais en novembre, au moment de se placer sous le chapitre 11, il ployait encore sous une dette de 5,84 milliards de dollars pour seulement 30 millions de dollars de liquidités disponibles.
- "Marathon" -
L'Etat suédois avait prévenu qu'il ne viendrait pas au secours du groupe. Mercredi, le Premier ministre Ulf Kristersson a assuré que "l'État jouera son rôle, de la meilleure manière possible".
Tout au long de la procédure, l'entreprise a suscité un intérêt significatif de la part de partenaires potentiels et d'investisseurs, insiste Northvolt.
"Au cours de l'année écoulée, nous avons travaillé très dur (...). Nous avons été proches de solutions à plusieurs reprises, mais malheureusement, nous n'avons pas réussi à aller jusqu'au bout", a expliqué le directeur général Peter Carlsson devant les journalistes, admettant que des "larmes ont été versées" face à la prise d'une telle décision.
Fondé en 2016, Northvolt était considéré comme l'un des grands espoirs européens en matière de batteries au moment où l'Europe cherche à rattraper son retard face aux géants asiatiques, chinois (CATL, BYD) et coréens (LG) en particulier.
"Il reste essentiel que l'Europe dispose d'une industrie des batteries, mais la construction d'une telle industrie est un marathon. Elle nécessite de la patience et un engagement à long terme de la part de toutes les parties prenantes", a souligné dans la matinée Tom Johnstone.
Le groupe indique qu'il était récemment parvenu à fournir son premier million de cellules de batteries à un client européen, non précisé.
Cette faillite pourrait avoir un lourd impact social dans le nord de la Suède, où Northvolt avait concentré son activité.
"L'annonce d'aujourd'hui est très triste, et nous savons qu'elle aura un impact négatif sur notre municipalité à court terme", a réagi Kristina Sundin Jonsson, directrice municipale, dans un communiqué.
L'Europe ne représente que 3% de la production mondiale de cellules de batterie, et visait 25% du marché d'ici la fin de la décennie.
L'exemple de Northvolt illustre les défis de concurrencer les producteurs asiatiques, les plus petits fabricants peinant à augmenter leur production et à atteindre des rendements suffisants, avait relevé l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport le 5 mars.
H.Davies--TNT