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Après la colère, la "sérénité retrouvée" au Salon de l'agriculture
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Le Salon international de l'agriculture (SIA) ferme ses portes dimanche, au terme d'une 61e édition apaisée, contrastant nettement avec les tensions de l'an dernier et l'expression d'une colère profonde du monde agricole.
Ils sont venus voir les taureaux de concours, monter dans la moissonneuse-batteuse, découvrir l'ail de la Drôme ou l'huile d'argan du Maroc, invité d'honneur de cette édition... 607.503 visiteurs ont parcouru les allées de la plus grande ferme de France, installée pendant neuf jours au Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.
La fréquentation a connu une petite hausse de 0,64% mais c'est surtout la "sérénité retrouvée" que le président du Salon Jérôme Despey tient à saluer, avec quelque 88 visites protocolaires "sans altercation majeure" entre politiques et agriculteurs.
Après les huées et les violences qui avaient entouré la venue d'Emmanuel Macron en 2024, en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un "revenu décent" et de la "considération", la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon.
Samedi dernier, il a arpenté douze heures durant les allées, avec un passage obligé devant le box d'Oupette, la vache Limousine égérie du salon.
"Tout n'est pas réglé, mais il fallait qu'on puisse faire passer des messages sereinement", a déclaré dimanche à l'AFP Jérôme Despey, aussi viticulteur, après une année 2024 terrible pour les récoltes, les vendanges et pour les élevages, ravagés par des épizooties.
- Souveraineté alimentaire -
Emmanuel Macron s'est posé en défenseur des agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être "la variable d'ajustement" du pouvoir d'achat ou d'accords commerciaux, comme celui récemment passé entre l'Union européenne et des pays du Mercosur.
Face à des syndicats inquiets, le président s'est engagé à tout faire "pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne" dans un monde instable où Pékin, Trump ou Poutine peuvent faire trembler les secteurs des vins, cognacs, fromages ou blés français.
Après le président Macron, c'est aussi une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un "réarmement" qu'a défendue la ministre de l'Agriculture Annie Genevard: "La France doit produire plus pour manger mieux (...), produire plus pour rester une puissance exportatrice".
Cette vision a largement satisfait le premier syndicat agricole FNSEA, comme son rival de la Coordination rurale, qui n'ont de cesse de plaider pour moins de contraintes et de normes, et plus de "moyens de production" - notamment des pesticides et de l'eau.
- Agneau, tête de veau et grands patrons -
Soucieux de tourner la page de la colère agricole, l'exécutif a mis en avant les engagements "honorés" depuis un an, avec notamment "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales", et la toute récente adoption de la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession.
Comme toujours, élus et responsables politiques se sont succédé dans les allées. Le communiste Fabien Roussel a mangé une tête de veau au petit-déjeuner; l'écologiste Marine Tondelier a posé avec un agneau sur les genoux; l'eurodéputé d'extrême droite et président du Rassemblement national Jordan Bardella a multiplié les selfies.
Tous ont globalement respecté la charte qui avait été mise en place pour mieux encadrer les visites politiques, se félicite M. Despey.
Mercredi, plateau inédit: cinq patrons de la grande distribution, mais sans le leader du secteur E.Leclerc, ont présenté des "engagements" destinés à aider les agriculteurs sous l'impulsion de l'animatrice Karine Le Marchand.
Cette initiative a laissé sceptique le secteur agro-industriel, qui a ironisé ou dénoncé un "coup de communication" avant la clôture samedi des négociations commerciales, particulièrement tendue cette année, entre la grande distribution et ses fournisseurs.
Les supermarchés ont affirmé dimanche avoir obtenu en moyenne une "quasi-stabilité" des tarifs auxquels ils achèteront une grande partie de ce qui garnira leurs rayons en 2025.
Les agro-industriels avaient eux demandé des hausses pour compenser l'augmentation des charges industrielles mais aussi de la matière première agricole.
S.Arnold--TNT