The National Times - Panne d'un câble en Baltique : un pétrolier en provenance de Russie soupçonné de "sabotage"

Panne d'un câble en Baltique : un pétrolier en provenance de Russie soupçonné de "sabotage"


Panne d'un câble en Baltique : un pétrolier en provenance de Russie soupçonné de "sabotage"

La Finlande a reçu jeudi le soutien de l'Union européenne et de l'Otan dans son enquête pour "sabotage" sur le rôle d'un pétrolier en provenance d'un port russe soupçonné d'avoir été à l'origine de la panne d'un câble sous-marin électrique la reliant à l'Estonie le jour de Noël.

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L'Eagle S, battant pavillon des îles Cook et suspecté de faire partie d'une "flotte fantôme", selon la police finlandaise, a été arraisonné et escorté par un patrouilleur finlandais au large de Porkkala, à environ 30 km d'Helsinki.

Il transportait "de l'essence sans plomb chargée dans un port russe", a précisé devant la presse Sami Rakshit, le directeur général des douanes finlandaises.

Peu après cette annonce, l'UE, qui a dit travailler avec les autorités finlandaises sur l'enquête, a menacé de prendre de nouvelles sanctions contre les navires russes, tandis que l'Otan a proposé son "assistance" à Helsinki et Tallinn.

- Nombreux incidents -

"Nous condamnons fermement toute destruction délibérée des infrastructures essentielles de l’Europe. Le navire suspect fait partie de la flotte fantôme de la Russie, qui menace la sécurité et l'environnement, tout en finançant le budget de guerre de la Russie. Nous proposerons d'autres mesures, y compris des sanctions, pour cibler cette flotte", ont déclaré la Commission européenne et la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas, dans un communiqué commun.

"Nous suivons les enquêtes menées par l'Estonie et la Finlande et nous sommes prêts à fournir une assistance" dans ce domaine, a quant à lui réagi sur X le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Mark Rutte.

La "flotte fantôme" désigne les navires qui transportent du pétrole brut et des produits pétroliers russes faisant l'objet d'un embargo.

De nombreux incidents similaires ont eu lieu dans la Baltique depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.

Ces actions, ciblant notamment les infrastructures énergétiques et de communication, s'inscrivent, soulignent experts et responsables politiques, dans le contexte de la "guerre hybride" entre la Russie et les pays occidentaux, dans ce vaste espace maritime bordé par plusieurs membres de l'Otan, où Moscou dispose également de points d'entrée.

Deux câbles de télécommunications ont ainsi été coupés les 17 et 18 novembre dans les eaux territoriales suédoises. Un vraquier battant pavillon chinois, le Yi Peng 3 - qui se trouvait au-dessus de la zone au moment où cela s'est produit et qui a depuis quitté la zone - a été dans le viseur de Stockholm.

L'Union européenne avait fait savoir que face à cela elle renforçait les mesures pour "protéger les câbles sous-marins, notamment en améliorant l'échange d'informations, en mettant en oeuvre de nouvelles technologies de détection ainsi que des capacités de réparation sous-marine et en coopérant au niveau international".

Les pays de l'UE ont en outre convenu plus tôt ce mois-ci de faire figurer sur leur liste noire une cinquantaine de pétroliers supplémentaires de la "flotte fantôme" russe, utilisée pour contourner les sanctions occidentales imposées en raison de la guerre en Ukraine.

- Soupçons -

Le mercredi 25 décembre 2024, la liaison à courant continu EstLink 2 entre la Finlande et l'Estonie s'est interrompue. L'approvisionnement en électricité des Finlandais n'a toutefois pas été affecté, a assuré l'opérateur national Fingrid.

Très vite, les soupçons se sont portés sur un pétrolier naviguant en mer Baltique à ce moment-là : l'Eagle S qui, parti du port de Saint-Pétersbourg, était en route vers Port-Saïd en Egypte, selon le site de suivi en ligne des navires Marine Traffic.

Les garde-côtes et des hélicoptères des forces armées finlandaises ont alors été dépêchés sur place.

"Nous avons déjà arraisonné le navire, parlé à l'équipage et recueilli des preuves", a affirmé Robin Lardot, du Bureau national d'enquête.

Une enquête pour "sabotage aggravé" a été ouverte, a-t-il ajouté.

Les autorités finlandaises soupçonnent une ancre de ce navire d'avoir été à l'origine de la déconnexion du réseau du câble EstLink 2.

"Notre patrouilleur s'est rendu dans la zone et a pu constater visuellement que les ancres de ce cargo n'étaient pas présentes. Il y avait donc une raison très claire de soupçonner qu'il se passait quelque chose d'étrange", a expliqué à la presse Markku Hassinen, du corps des gardes-frontières.

Une hypothèse similaire avait été formulée en novembre 2023, après des dommages causés à un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l'Estonie. La police finlandaise avait à l'époque conclu que l'ancre du porte-conteneurs NewNew Polar Bear battant pavillon de Hong Kong avait provoqué ces dégâts.

- "Nous interviendrons" -

La panne sur l'EstLink 2 est "très grave", a commenté jeudi le Premier ministre finlandais Petteri Orpo au cours d'une conférence de presse.

"C'est pourquoi l'action décisive et déterminée" des autorités "dans nos eaux territoriales envoie un message fort aux autres navires : nous interviendrons", a-t-il martelé, sans incriminer spécifiquement la Russie.

En début d'après-midi, les ministres des Affaires étrangères de la Finlande et de l'Estonie ont eu une conversation téléphonique.

"Les dommages causés aux infrastructures sous-marines sensibles sont devenus si fréquents qu'il est difficile de croire qu'il s'agit d'accidents ou simplement de mauvaises manœuvres maritimes", a à cet égard estimé l'Estonien Margus Tsahkna. Traîner une ancre sur le fond marin peut difficilement être considéré comme un accident, a-t-il insisté.

Q.Marshall--TNT