La Poste, premier opérateur de colis aux particuliers d'Europe, joue gros pour Noël
La Poste est sur le pied de guerre pour Noël, période-clé pour l'entreprise française, véritable multinationale dont l'activité essentielle est le colis, qui lui permet de réaliser plus de la moitié de son chiffre d'affaires.
"On va distribuer 170 millions de colis" en France entre novembre et décembre et embaucher 3.000 renforts, s'est réjoui devant la presse jeudi le PDG de La Poste, Philippe Wahl, en déplacement au centre Colissimo du Thillay (Val d'Oise).
Le patron de La Poste s'est rendu dans ce très grand centre pour rencontrer les équipes qui s'occupent de ces colis tant attendus et qui cachent peut-être déjà des cadeaux de Noël.
Cette plateforme, qui gère environ 96 millions de colis par an, peut prendre en charge jusqu'à 650.000 colis par jour pendant la période de pic de Noël, a raconté son directeur Mickaël Lopes.
Car la fin d'année est un temps fort pour le groupe La Poste qui, via ses trois marques, Colissimo, Chronopost et DPD France, est le premier opérateur de colis sur le territoire national.
"Plus d'un colis sur deux en France est distribué par La Poste" qui a environ 50% de parts de marché, suivie d'Amazon (15%) et de Mondial Relay (14%), a chiffré M. Wahl.
En Europe, le "groupe La Poste est le numéro 1 du colis pour les particuliers", a encore déclaré M. Wahl.
"Quand vous parlez de La Poste, vous parlez avant tout d'une entreprise dont le principal métier est devenu le colis".
Car avec la baisse continue du courrier, La Poste a dû se diversifier et réalise aujourd'hui 52% de son chiffre d'affaires grâce au colis (contre 28% seulement en 2013).
Par ailleurs, les volumes de colis pris en charge par le groupe dans le monde "sont passés de 1,1 milliard en 2014 à 2,6 milliards en 2023", selon un communiqué de presse.
"Numéro 3 au Brésil", selon M. Wahl, le groupe est également présent dans les pays du Golfe, en Inde et en Asie du Sud-Est notamment. La Poste compte d'ailleurs se renforcer sur certains de ces marchés mais ne prendra pas pied en Chine, au Japon et aux Etats-Unis, a confié le patron jeudi.
- Budget: une situation "volatile" -
"En 2022 et 2023, on a eu des années difficiles, avec un marché qui était juste stable", a analysé le PDG qui s'est dit "pas inquiet" pour autant, la vente en ligne se portant bien.
Et ce, notamment grâce à la croissance en Europe des géants asiatiques de l'e-commerce, Philippe Wahl ayant rappelé que 22% des colis en France pris en charge par La Poste provenaient désormais des ventes des plateformes Shein, Temu et AliExpress.
Interrogé par l'AFP sur le coût environnemental des commandes chez ces acteurs, Philippe Wahl a répondu que La Poste est "une entreprise de services et pas de morale sociale".
"Nos clients, dès lors qu'ils commandent à Shein et que ça atterrit à Liège (des entrepôts qui réceptionnent des marchandises de Chine, NDLR), s'ils veulent (livrer de manière décarbonée), c'est à nous qu'ils doivent le confier", a-t-il détaillé, La Poste insistant sur la décarbonation de sa flotte.
Sur la question du durcissement réglementaire européen et français à l'égard de ces acteurs et donc du potentiel manque à gagner pour La Poste, M. Wahl a répondu à l'AFP que ces pertes pourraient être compensées par "la croissance d'acteurs européens".
Enfin, concernant le retard pris par le budget français dont La Poste dépend en partie au titre des compensations qu'elle reçoit pour ses missions de service public, dont la distribution du courrier, M. Wahl a jugé que la situation "est effectivement volatile" mais qu'il faisait "confiance" au gouvernement français.
G.Morris--TNT