Réunis en sommet, les 27 débattent d'un appel à une "pause humanitaire" à Gaza
Les dirigeants européens vont débattre jeudi d'un appel à une "pause humanitaire" afin d'acheminer de l'aide dans la bande de Gaza lors d'un sommet de deux jours à Bruxelles.
Cette guerre mobilise l'attention des Européens au moment même où le doute grandit sur la capacité de l'Occident à continuer de soutenir l'Ukraine contre la Russie, dans un autre conflit majeur qui fait rage aux portes du bloc.
Les chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus à Bruxelles en début d'après-midi.
Sur la situation au Proche-Orient, l'Europe des 27 est traditionnellement divisée entre les Etats membres les plus pro-palestiniens, comme l'Irlande et l'Espagne, et les plus fervents défenseurs d'Israël, comme l'Allemagne et l'Autriche.
Tous ont fermement condamné l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas, qui a fait selon Israël au moins 1.400 morts et plus de 220 otages, dont quatre ont été relâchés depuis vendredi soir.
Mais le consensus est moins fort sur la question d'un arrêt des bombardements menés en représailles par Israël sur la bande de Gaza, qui ont tué plus de 6.500 personnes, selon le ministère de la santé du Hamas. Par ailleurs, au moins 95 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Après des jours de négociations entre les Vingt-Sept, la dernière version de déclaration du sommet appelle "à un accès humanitaire continu, rapide, sûr et sans entrave et à l'acheminement de l'aide à ceux qui en ont besoin par le biais de toutes les mesures nécessaires, y compris une pause humanitaire".
Cette déclaration, qui peut encore faire l'objet de changements, ne reprend pas la demande des Nations unies d'un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".
L'Allemagne défend la mise en place de "fenêtres humanitaires", au pluriel. "Faire comme s'il fallait faire la paix ou instaurer un cessez-le-feu n'est pas adapté à la situation actuelle", a déclaré mercredi le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit.
"Les lettres, les virgules, la langue importent, c'est ainsi que l'on trouve des accords", souligne un responsable de l'UE.
- Ukraine éclipsée? -
Mais les diplomates de certains Etats membres avertissent que les tergiversations alors que le bilan des morts ne cesse de s'alourdir nuisent à la réputation de l'UE.
Cette guerre au Proche-Orient a aussi suscité la crainte chez certains de voir éclipser celle que mène la Russie contre l'Ukraine depuis 20 mois.
Et ce, au moment où la crise au Congrès américain soulève des questions sur la pérennité de l'aide militaire américaine à Kiev.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a promis mardi que "ce soutien ne sera en aucun cas affecté par le fait que, depuis les horribles heures du matin du 7 octobre, nous sommes tournés vers Israël et le Moyen-Orient avec la plus grande compassion et la plus grande inquiétude".
Les dirigeants européens s'efforceront de faire progresser une série de mesures destinées à rassurer l'Ukraine et à s'assurer qu'elle reste capable de repousser l'agression russe.
Il s'agit principalement d'un projet de fonds, pouvant s'élever jusqu'à 20 milliards d'euros sur quatre ans, destiné à continuer de soutenir l'armée ukrainienne.
Selon des diplomates, les discussions sont freinées par la Hongrie, plus proche allié de Moscou au sein de l'Union, et les dirigeants devraient charger le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, de faire un rapport sur la question en décembre.
Le sommet sera aussi l'occasion d'appels en faveur d'une nouvelle série de sanctions contre Moscou, qui devraient inclure les exportations de diamants russes une fois que le G7 se sera mis d'accord sur un moyen de les tracer.
Les chefs d'Etat et de gouvernement discuteront également des moyens d'utiliser les revenus des actifs russes gelés pour aider l'Ukraine.
La question du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'UE sera pour le prochain sommet: la Commission européenne doit donner son avis le 8 novembre sur l'ouverture de négociations formelles avec Kiev. Il reviendra aux dirigeants de se prononcer en décembre.
T.Hancock--TNT