Barrage filtrant de viticulteurs à la frontière franco-espagnole
Des centaines de viticulteurs ont mis en place un barrage filtrant sur l'autoroute A9 à la frontière franco-espagnole, au péage du Boulou dans les Pyrénées-Orientales, pour bloquer les camions transportant du vin depuis l'Espagne.
Venus de plusieurs départements de la région, dont l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales, ils ont brûlé des pneus sur la voie et "contrôlé" les camions arrivant d'Espagne, à la recherche d'éventuelles importations de vin espagnol, a constaté un photographe de l'AFP.
A la mi-journée, ils n'avaient pas trouvé de vin, mais avaient vidé la cargaison d'un camion de cagettes de tomates sur l'asphalte, avant d'y mettre le feu.
Quelques heures plus tôt, entre 350 manifestants, selon la police, et 400, selon les viticulteurs, venus à bord de 200 véhicules, s'étaient rassemblés à Narbonne, avant de partir en rejoindre d'autres à Perpignan, puis de se diriger vers la frontière.
Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, dénonce depuis des semaines "un cocktail explosif" de facteurs défavorables: faible récolte à cause de mauvaises conditions climatiques, charges qui augmentent avec l'inflation, prix du vin qui ne suivent pas, d'autant que les importations par des négociants les font baisser.
En 2022, la France a importé plus de six millions d'hectolitres de vin, selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), mais certains crus, rouges et rosés en particulier, subissent une chute des ventes.
Les locaux d'une société d'embouteillage et de négoce de l'Aude avaient même été incendiés dans la nuit du 4 au 5 octobre et tagués d'une revendication contre l'importation de vin étranger.
Cet incendie, qui n'a fait aucun blessé, avait été revendiqué par le Comité d'action viticole, émanation locale du Comité régional d'action viticole (CRAV) qui exprime, par la force et depuis plusieurs décennies, "la colère" du monde viticole languedocien.
"Je ne cautionne pas ce genre d'actes, mais ils risquent de devenir quotidiens, vu la situation actuelle", avait déclaré à l'AFP M. Rouanet.
T.Allen--TNT