Endométriose, immigration: le RN cherche à marquer des points dans l'opinion
Soutenir les femmes atteintes d'endométriose, baisser la facture d'électricité des Français, sévir sur l'immigration: le RN ouvre jeudi la saison des "niches parlementaires", sans grand espoir de voir ses textes adoptés, mais avec l'objectif de marquer des points dans l'opinion.
"On est très sereins, les derniers sondages montrent que le sectarisme de nos adversaires est sévèrement jugé par les Français", assure à l'AFP Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe des députés d'extrême droite. Malgré des textes aux accents consensuels, reprenant parfois dans l'esprit des propositions d'autres groupes, le RN pourrait comme l'an dernier faire chou blanc.
LR soutient certains textes. Y compris sa proposition phare d'accorder aux femmes atteintes d'endométriose un statut d'affection longue durée (ALD) "exonérante" et d'accorder à celles qui le souhaitent un statut de travailleuse handicapée.
Le texte ouvrira la journée dès 9H00. Il avait été rejeté en commission comme tous les autres du RN, notamment par les trois groupes du camp présidentiel qui le considèrent inopérant ou mal rédigé.
"Notre position reste la même, nous voterons contre", confirme à l'AFP Marie Lebec, vice-présidente du groupe Renaissance en charge des journées de niches, qui a sollicité des "députés puncheurs" pour la séance.
Même son de cloche chez les alliés de Renaissance : "tous les textes sont très mauvais", estime une source au groupe MoDem. "Les textes ne sont pas bons" ou "mal rédigés", y compris celui sur l'endométriose, abonde le président du groupe Horizons Laurent Marcangeli.
Côté Nupes, on accuse d'abord le RN de récupération. La députée LFI Clémentine Autain, qui avait fait voter début 2022 une résolution allant dans ce sens, accuse le RN de "mauvais plagiat" et de vouloir "faire oublier son mépris des droits des femmes". Les députés RN rétorquant que Marine Le Pen avait pris position sur la question pendant la présidentielle.
- "Stratégie de notabilisation" -
Les députés de gauche devraient à nouveau appeler le gouvernement à passer par décret pour couper l'herbe sous le pied de la proposition du RN. Mais selon plusieurs sources au sein de la Nupes, une partie d'entre eux ne devrait pas participer au vote.
Les écologistes eux ont prévu de voter contre tous les textes : "on refuse d'être le marche-pied d'une stratégie de notabilisation qui viserait à faire d'eux un parti normal", insiste la cheffe du groupe Cyrielle Chatelain.
"Il y a 90% de chance qu’il n'y ait aucun texte qui passe à cause du sectarisme des autres groupes", reconnaît le député RN Thomas Ménagé, qui juge tout de même une victoire "possible" sur l'endométriose ou sur l'interdiction de l'écriture inclusive dans des documents scolaires, universitaires et administratifs.
"Si sur certains textes les LR et nous votons ensemble, que la gauche s'abstient et qu'il n'y a pas de mobilisation chez les macronistes, il peut y avoir des surprises", veut croire Jean-Philippe Tanguy.
Comme l'an dernier, des députés de droite devraient soutenir certains textes allant dans leur sens. "On a une seule ligne de conduite, c’est de voter ce qui nous paraît utile pour les Français", a justifié le patron du groupe Olivier Marleix.
Reste à savoir combien se déplaceront : "je n’y serai pas", confie l'un d'entre eux. "La meilleure solution aurait été de fermer notre gueule. Mais il n’y a pas de meilleure solution".
Certains LR pourraient soutenir le texte sur l'endométriose et celui qui propose une suppression ou une suspension d'allocations pour des parents d'enfants délinquants.
Idem pour l'écriture inclusive ou le dernier texte au programme, qui entend instaurer une présomption de majorité pour les mineurs étrangers qui refusent un test osseux.
Egalement au programme, un texte pour "baisser la facture d'électricité" des Français, en supprimant notamment l'Arenh et en rétablissant des tarifs réglementés du gaz. Un autre vise à instaurer un complément de rémunération aux étudiants Français qui travaillent.
Comme à chaque niche, un contre-la-montre va s'opérer. Les débats devant se terminer à minuit, certains textes comme une résolution pour accorder l'asile à Julian Assange, qui embarrasse à gauche, pourraient ne pas être examinés. Le RN a seulement la possibilité de retirer des textes s'il veut accélérer le rythme.
G.Waters--TNT